18/08/2025
MPL GABON
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : « Le Panafricanisme intelligent, c’est le respect du droit et de la souveraineté.»
LIBREVILLE, Gabon
Le débat sur la xénophobie et l'immigration a pris de l'ampleur au Gabon, exacerbé par une vidéo virale et une directive gouvernementale visant à réguler le secteur informel. Notre média, Info Extra, s'est entretenu avec Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA, président de la section gabonaise du Mouvement Panafricain des Leaders (MPL), pour apporter un éclairage sur la position de son organisation.
Info Extra : Monsieur le Président, un récent communiqué du Conseil des ministres a suscité de vives réactions au sein de certaines communautés de migrants. Comment le Mouvement Panafricain des Leaders perçoit-il cette mesure ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Il est crucial de faire la distinction entre la régulation de l'économie informelle et l’expulsion de populations. Le Gabon n'a chassé personne. L'État a le devoir de mettre de l'ordre dans son secteur économique, de s'assurer que les activités exercées sur son sol sont légales, et c’est précisément ce qui est en train de se passer.
Info Extra : Des voix se sont pourtant élevées pour dénoncer une « chasse aux étrangers ». Comment répondez-vous à ces accusations ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : C'est une interprétation erronée et malveillante. L'État gabonais s'est engagé dans un processus de modernisation et de sécurisation. Cette initiative vise à réguler un secteur qui a longtemps échappé à tout contrôle, au bénéfice de la sécurité nationale, de la fiscalité et de la protection de tous les acteurs économiques, qu'ils soient gabonais ou étrangers.
Info Extra : Donc, selon vous, il ne s'agit pas de xénophobie ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Absolument pas. L’État ne s’attaque pas à une ethnie ou une nationalité, il s’attaque à l’informel. La xénophobie est une haine de l’étranger, et le Gabon, par son histoire et son hospitalité légendaire, ne peut être qualifié de xénophobe. C'est un pays qui a accueilli et qui continue d'accueillir un nombre considérable de frères et sœurs africains.
Info Extra : On dit souvent que le Gabon a l'une des plus fortes proportions de migrants africains. Est-ce un argument suffisant pour réfuter les accusations de xénophobie ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Un peuple xénophobe ne peut pas accueillir plus de 18 % de migrants africains. Un peuple hostile n'aurait pas l'historique de tolérance et de fraternité que possède le Gabon. Il est temps de remettre les faits au centre du débat et de cesser les généralisations hâtives.
Info Extra : Une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a également contribué à alimenter les tensions. Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Il faut faire attention aux amalgames. Le comportement d'une seule personne ne représente en rien le sentiment d'un peuple entier. Nous devons être vigilants face à l'instrumentalisation des réseaux sociaux, qui peuvent amplifier les malentendus et semer la discorde.
Info Extra : Le panafricanisme est au cœur de votre mouvement. Comment conciliez-vous cet idéal avec la souveraineté des nations ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Notre panafricanisme est un panafricanisme de droit, pas de sentimentalisme. Il est essentiel que nos frères et sœurs africains comprennent que le respect de la loi du pays d'accueil est un devoir. L’analogie est simple : quand un enfant rend visite à sa mère, il se conforme aux règles de la maison. Il ne peut imposer les siennes.
Info Extra : C'est une métaphore forte. Vous considérez donc que les migrants ne peuvent pas imposer leurs règles ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Précisément. Le respect des lois et des directives de l'État est non négociable. L’unité africaine ne peut se construire dans l’anarchie. Elle doit s’appuyer sur un cadre légal solide, qui garantit la sécurité de tous, aussi bien des nationaux que des résidents étrangers.
Info Extra : Quelle est la place de la sécurité nationale dans ce débat ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : C'est une dimension primordiale, qui surpasse toutes les autres. Dans un monde de plus en plus complexe, un État a le droit et le devoir de savoir qui se trouve sur son territoire. La régulation est un acte de souveraineté et de responsabilité, face aux nouvelles formes d’insécurité.
Info Extra : Quel est le rôle du Mouvement Panafricain des Leaders du Gabon dans ce contexte tendu ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Notre mission est d'être un pont, un médiateur objectif. Nous ne sommes ni pro-gouvernement, ni pro-communauté étrangère, nous sommes pro-légalité. Notre rôle est d'éduquer, de sensibiliser et d'appeler toutes les parties à la raison, loin des passions et des émotions.
Info Extra : Vous avez également un message pour la communauté gabonaise ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Le peuple gabonais ne doit pas se laisser manipuler par des accusations infondées. Notre histoire est celle d'un accueil permanent et d'une cohabitation réussie. Nous devons rester fidèles à nos valeurs de "Concorde".
Info Extra : Quel message adressez-vous à la communauté africaine qui pourrait se sentir visée ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Nous les exhortons à faire preuve de discernement et à ne pas céder à la panique. Le Gabon n'a pas fermé ses portes. La régulation est un processus normal et nécessaire. Nous leur demandons de respecter la loi et de contribuer positivement au développement du pays d'accueil.
Info Extra : Le MPL a été fondé en 2017. Quelle est l'étendue de son influence aujourd'hui ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Le mouvement est né à Dakar et est aujourd'hui représenté dans plus de 46 pays africains et au sein de la diaspora. Nous sommes une force unificatrice qui cherche à construire une Afrique unie, prospère et respectueuse des lois.
Info Extra : Comment voyez-vous l'évolution de la relation entre le Gabon et ses résidents africains dans les mois à venir ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Je suis optimiste. Une fois que la régulation sera effective et que les incompréhensions seront levées, je suis certain que la cohabitation se renforcera. Le Gabon restera une terre d’accueil et d’opportunités, dans un cadre de respect et de sécurité mutuelle.
Info Extra : La situation actuelle au Gabon offre-t-elle une opportunité pour ce type de régulation ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Le gouvernement actuel a montré sa volonté d’établir un État de droit, et la régulation de l’informel en fait partie. Il s'agit d'une étape nécessaire vers une meilleure gouvernance.
Info Extra : Votre action se limite-t-elle au secteur informel, ou couvrez-vous d'autres aspects de la vie des migrants ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Nous couvrons un large éventail de sujets, de la sensibilisation aux droits civils des migrants à l'aide administrative. Notre but est de créer une intégration réussie et de bâtir une relation saine et constructive entre les autorités et les communautés.
Info Extra : Les jeunes panafricanistes gabonais, comment doivent-ils se positionner face à ce débat ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Les jeunes panafricanistes doivent être des acteurs de la raison et de la modération. Ils doivent s'informer, comprendre la complexité de la situation et promouvoir une vision du panafricanisme qui est à la fois patriotique et continentale.
Info Extra : Les accusations de xénophobie peuvent-elles causer des dommages à l'image internationale du Gabon ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : Oui, si elles ne sont pas corrigées. C'est pourquoi nous devons être proactifs dans la communication et expliquer que le Gabon n'est pas un pays xénophobe, mais un pays qui se modernise et qui assure sa sécurité. Il faut être des ambassadeurs de la vérité.
Info Extra : Un dernier mot, Monsieur le Président, sur la situation actuelle ?
Ted Bodoin INOUNOU BOUNGAMA : L'heure est à la responsabilité et à la maturité. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les émotions prendre le dessus. Le panafricanisme est un idéal noble, mais il doit être basé sur la réalité et le respect des lois. C’est la seule voie possible pour une Afrique prospère et unie.
Info extra241
Brice Clotaire Oligui Nguema
Présidence de la République Gabonaise
Zita Oligui Nguema
Ministère de la Jeunesse et des Sports
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