14/10/2022
EDG à Lélouma, matcher offre et besoin : comment ?
Nous avions eu l’occasion de mettre en évidence le problème auquel fait face EDG à Lélouma, nous allons à présent tenter de proposer une solution car un problème sans solution ne mérite pas d’être posé. Dans ce post, je n’emploierai pas le terme « offre-demande » mais plutôt « offre-besoin » car le premier terme a une autre signification plus complexe en électricité.
Nous avions dit que l’offre d’EDG ne correspondait pas au besoin de la population. C’est quoi alors ce besoin ?
Premièrement, il faut comprendre qu’on ne peut pas résoudre un problème moderne avec une approche historique. Il fut un temps, typiquement avant les années 2010, où le besoin de la population se limitait fondamentalement à 2 choses : avoir de la lumière et allumer sa télé. Ceci reste encore vrai aujourd’hui mais ce besoin « primaire », si je puis dire, est satisfait car « tout le monde » dispose d’un petit panneau solaire chez lui qui lui sert à faire ça. Aujourd’hui, en plus de la lumière et la télé, il y a le téléphone, la tablette, l’ordi, le frigo, la clim qui eux n’ont pas besoin d’attendre la nuit pour être branchés. Donc si on vient s’intéresser qu’à un besoin déjà comblé (lumière et télé), il ne faut pas s’étonner que le marché ne suive pas.
Cela dit, l’approche qui consiste à baser son modèle économique en premier lieu sur le nombre de clients raccordés n’est sûrement pas la bonne. Ça prendrait beaucoup trop de temps pour atteindre la masse critique et être rentable. Certes, la fourniture de l’énergie est un service public auquel tout citoyen a droit mais il faut le faire de façon à ne pas se pénaliser.
L’approche qu’il faudra donc avoir se divise en 2 parties : viser les marchés de niche qui existent et, en plus, créer un nouveau besoin qui correspond à l’offre qu’on propose.
1 - Les marchés de niche à Lélouma c’est quoi ?
Nous avons de nombreux artisans (soudeurs, vitriers, menuisiers, entrepreneurs, …) et même la radio locale qui utilisent quotidiennement de l’énergie et qui seraient prêts à payer pour avoir une énergie de bonne qualité. Une solution est donc de se rapprocher de ces structures pour trouver un accord de fourniture d’énergie en fonction de leurs horaires de travail (10H-18H par exemple) à un prix qui arrange tout le monde. Je suis persuadé que si l’ensemble de ces artisans se réunissent nous allons atteindre un taux de charge du groupe de plus de 30-40%. Donc cela permettra à EDG de gagner 6-8 fois plus et aux artisans de payer moins que s’ils allument leur propre groupe. En parallèle de cela, EDG peut continuer à raccorder les particuliers au compte-goutte jusqu’à atteindre sa masse critique pour ensuite élargir la plage horaire jusqu’à minuit. Tout le monde sera content.
2 - Créer un nouveau besoin, le quel ?
On peut déjà soulever un problème majeur lié au fait que tout le monde dispose d’un panneau solaire. Ce dernier ne contribue pas au développement socio-économique d’une ville car la puissance est insuffisante pour répondre au besoin des artisans consommateurs d’énergie. Chacun dispose de l’électricité à titre individuel mais les vendeuses de poisson par exemple ne disposent d’aucune chambre froide pour conserver leur marchandise, tout comme celles et ceux qui vendent des produits frais qui nécessitent d’être conservés pour ne pas périr. Ce que EDG pourrait donc faire, c’est :
- de se rapprocher des acteurs du marché local ou même du ministère de l’agriculture et de l’élevage pour installer à Lélouma une chambre froide qui servira à conserver tous les produits locaux et ceux importés de Conakry, ça contribuera à faire baisser les prix d’autre part.
- se rapprocher du ministère de la santé pour ouvrir une grande pharmacie qui nécessite de l’énergie
- raccorder le stade pour que des matchs puissent avoir lieu la nuit et que le prix de l’énergie soit soutiré des recettes de chaque match
- raccorder tous les bureaux des départements préfectoraux et qu’ils paient leurs factures
- raccorder les équipements de la SEG au réseau électrique et facturer la SEG
- raccorder au moins les salles d’examen de chacune des écoles des zones couvertes par le réseau électrique et faire payer les factures par la DPE
- etc … il y a tellement de choses qu’on peut faire !
Une fois que ces deux solutions seront mises en œuvre, la centrale sera pérenne car charges et bénéfices se compenseront. Dans la durée, ça va entraîner la création d’autres activités et attirer plus de monde avant que l’extension du réseau ne soit actée car cela peut prendre du temps.
Une 3ème solution alternative serait de convaincre les foyers qui disposent d’un panneau solaire de le mettre à la disposition du réseau publique pour percevoir une indemnité, mais ça, c’est une autre histoire !
Mouctar Benzy