12/10/2021
ORQUESTA ARAGON DE CUBA
( 30 septembre 1939 - 30 septembre 2021)
ORQUESTA ARAGON c'est le cha cha cha, le danzon disons la musique Cubaine et non la salsa
La salsa (certes de sources cubaines entres autres) se joue avec des cuivres et la batterie.
La Salsa a été vulgarisée à New York avec le mélange des musiques Cubaines, Puerto Ricaines, Colombiennes, Vénézuéliennes, Mexicaines, Africianes et des influences de jazz.
Bon à savoir
Depuis 82 ans la Orquesta Aragon n'a pas fini de nous faire aimer Cuba et sa musique.
Cette formation cubaine, créée le 30 septembre1939 à Cienfuego, répandit le Cha cha cha et le Danzon à travers les 5 continents.
Depuis plus de 80 ans, les Cubains ont rendez-vous tous les lundis à midi avec la Orquesta Aragon sur les ondes de Radio Progreso.Le premier jour de la semaine quoi qu’il arrive, ce sont les violons de la Aragon qui résonnent du Cap San Antonio à Punta Maisi.
Pour les cubains la Aragon fait partie de ces choses immuables, présentes tout au long de leur vie.
La célèbre formation a fait danser les grands parents avec le Danzon, les parents avec le Cha cha cha et les enfants avec le Chaonda.
L’Orquesta Aragon : une singulière aventure.
C’est le 30 septembre 1939, que le contrebassiste Orestes Aragon Cantero fait jouer pour la première fois la petite Charanga qu’il a formée : un orchestre avec des violons, un piano, une flûte, des percussions et un chanteur.
La Charangua joue surtout du Danzon, un style vieux de plus d’un demi-siècle ; qui grâce à sa variante chantée, le Danzonete est plutôt à la mode à l’époque.
Le groupe qui s’appelle Ritmica del 39, puis Ritmica Aragon avant d’adopter son nom définitif de Orquesta aragon en 1940, joue aussi des valses et des airs espagnols à la mode.
Orestes Aragon est un homme aux idées sociales avancées (il milite au parti socialiste populaire, d’obédience communiste), il a déclaré la guerre au vedettariat et répartit donc équitablement les cachets entre tous les musiciens : « Je veux créer une famille musicale ; je ne cherche pas de virtuoses, mais des musiciens qui aient une qualité humaine. »
Orestes Aragon Cantero dirigea pendant neuf ans l’orchestre qui porte son nom.
En 1948, victime d’une grave infection pulmonaire, Orestes Aragon désigne le violoniste Rafael Lay pour le remplacer ; il n’a que 20 ans, et déjà sept années de présence dans la formation.
Sous l’impulsion de Lay, la Orquesta Aragon donne ses premiers concerts à La Havane, ville qui, aux yeux des musiciens de province, passe pour une forteresse imprenable. En 1954, quand la mode du Cha cha cha balaie celle du Mambo, la Aragon ne laisse pas passer sa chance et signe un contrat avec le label Américain RCA Victor, très actif à Cuba.
En 1954, le flûtiste Richard Egües apporte au groupe sa virtuosité et son sens de l’improvisation.
Les tubes comme "El Bodeguero" ou L’épicier, écrit par Richard Egües et repris plus t**d par Nat King Cole ou "Pare Cochero", imposent le groupe bien au-delà de l’île. L’Orquesta Aragon est devenue synonyme de Cha cha cha, et toute la planète danse au rythme du groupe de Cienfuegos.
De la Révolution de 1959 à l’Olympia en 1965..
Après le triomphe de la Révolution, la Orquesta Aragon héritière des idéaux de gauche de son fondateur, se met au service du nouveau régime.
Les musiciens de Cuba deviennent salariés de l’Etat et touchent le même salaire, ce qui étend à toute la profession le principe de coopérative institué jadis par Orestes aragon. La Aragon est au service du peuple, pour le faire danser mais aussi pour l’instruire, en lui faisant découvrir son patrimoine musical. La révolution connaît le parti qu’elle peut tirer de la musique comme vecteur de son message. L’habitude est vite prise d’envoyer à l’étranger des musiciens comme ambassadeurs de la culture et des nouvelles valeurs de Cuba.
En 1965, la grande tournée « Music Hall de Cuba » amène la Aragon pour la première fois en France, où ils sont acclamés pendant trois semaines à l’Olympia.
En 1971, la Aragon découvre l’Afrique
Les pays du continent Africain ont vécu la fin du colonialisme et leur accession à l’indépendance au rythme du Cha cha cha, et les modèles cubains ont largement influencé les musiques modernes d’Afrique, à commencer par la Rumba Congolaise.
Pour les Africains, la Aragon est « la » référence cubaine, et le groupe reçoit un accueil chaleureux de chefs d’Etats.
L’Afrique laissera en retour son empreinte sur leur musique, avec des titres tels que « Muanga » du Congolais Franklin Boukaka, et plus récemment « Yaye Boy », tube du groupe Sénégalais Africando. La Cha-onda, un rythme et une danse créée au début des années 70 par le violoncelliste Tomas Valdes, doit beaucoup à un séjour en Guinée et à la fréquentation du meilleur groupe du pays, le Bembaya Jazz National.
Des années 80 difficiles, qui décident la Aragon à retrouver ses racines dans les années 90.
Rafael Lay périt dans un accident de voiture en 1982, Richard Egües quitte le groupe en 1984, et les musiciens qui ont connu la fondation ou l’âge d’or du groupe, prennent leur retraite les uns après les autres.
Dirigée par Rafael Lay Junior, la Aragon rajeunie, un temps déstabilisée par l’évolution vertigineuse de la musique et de la danse cubaine dans les années 90, la formation décide de revenir à ses racines. Pour sa tournée européenne de 1997 et son album « Quien sabe sabe », le groupe replonge avec bonheur dans le répertoire de l’âge d’or et des arrangements de l’époque.
Un équilibre retrouvé pour son soixantième anniversaire
Le disque de leur soixantième anniversaire « La Charanga Eterna » est un exemple d’équilibre entre la relecture du patrimoine Aragon, les classiques cubains et la musique actuelle. Quelques invités viennent souffler les bougies de cette éternelle formation : la grande chanteuse Omara Portuondo, l’ami de Porto Rico légende de la salsa Cheo Feliciano, le Congolais Papa Wemba qui rend hommage au groupe qui a tant inspiré l’Afrique, ou encore Felo Bacallao ancien membre de la Aragon de 1959 à 1990, voix intacte qui fait partie de l’histoire de la Aragon.
Plus qu’à un style musical, la Aragon est restée fidèle à l’esprit de son fondateur, cet amateur qui rêvait d’une famille régie par l’amour de la musique, et non par le désir de s’enrichir. Le rêve d’Orestes Aragon est une réalité depuis 82 ans, et il n’a pas fini de nous faire aimer Cuba et sa musique.
Bon à savoir la Orquesta Aragon de Cuba a visité par 11 fois notre beau pays, la République de Guinée.
Extrait de notes: Jeannot Williams