04/11/2025
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Ainsi donc, le Général a quitté le camp de la vertu pour s’installer dans la tente dorée des ambitions.
Le voilà, drapé non plus dans l’uniforme de la probité, mais dans la toge, bien froissée, de la tentation politique.
Ça y est, le sort en est jeté, le serment en miettes, la parole en lambeaux.
Celui qui, hier tonnait contre les dérives du pouvoir, s’enivre aujourd’hui à la même coupe.
Comme Ulysse ligoté à son mât, il jurait résister aux sirènes révisionnistes; le voici pourtant qui se jette à la mer, séduit par le doux chant du pouvoir perpétuel.
Le glaive de la transition devient alors sceptre de prétention, et la promesse s’évapore comme un serment gravé sur du sable mouillé
Je ris de peur d'avoir à pleurer
Il promettait de n’être qu’un gardien du crépuscule, un passeur entre deux aubes démocratiques.
À présent, il veut rallumer pour lui seul le flambeau de la souveraineté, comme si la Guinée n’était qu’un miroir destiné à refléter son propre visage.
Ça y est, il a franchi le Rubicon, non pas celui de César, mais celui de la crédibilité.
Le pont des principes a brûlé derrière lui, et les eaux de la désillusion montent déjà jusqu’à la conscience nationale
Je ris d'un sourire amer, d’un rire sans joie, d’un rire qui sonne comme une gifle au vent.
Je ris de peur d’avoir à pleurer, car le serment, jadis sacré, s’effrite comme une feuille morte sous la botte du pouvoir.
Le libérateur se fait prince, le soldat du peuple s’habille en politicien.
Voici que la parole donnée devient promesse trahie, et que la loyauté au peuple se dissout dans les eaux troubles de l’ambition.
Que vaut un serment si le vent du pouvoir suffit à l’emporter?
Que vaut la parole d’un homme quand elle se courbe devant la couronne?
Je ris de peur d'avoir à pleurer
Et pourtant, nous y avions cru naïvement, follement, désespérément.
Nous avions cru que cette fois, le pouvoir ne serait pas un piège, mais un service.
Mais voici que l’histoire, moqueuse et lassée, recommence sa farce cruelle : les mêmes serments, les mêmes trahisons, les mêmes larmes.
Je ris, de peur d’avoir à pleurer car au pays des serments oubliés, le rire est la dernière armure contre le désespoir.
On dirait que chaque révolution en Guinée a pour devise : {{Chasse le tyran, et le tyran renaîtra en toi}}