10/11/2022
COUPE DU MONDE QATAR 2022: LES ENJEUX GÉOPOLITIQUES.
Nous sommes à quelques semaines de la phase finale coupe du monde qui se déroule au Qatar du 20 novembre au 18 décembre 2022. Pendant environ cinq (5) semaines, cette 22ème édition réunira le gratin des footballeurs mondiaux pour une belle fête autour du ballon rond. Toutefois, cette édition qui va s'organiser en terre arabe suscite des remous tant dans certaine presse au niveau de l'international qu'à travers certains organismes internationaux des droits humains.
Depuis l'existence des États arabes, aucun de ces pays n'a encore organisé une coupe du monde au niveau senior. C'est pour la première fois que cette dernière va avoir lieu au Moyen-Orient dotée d'une civilisation arabo-musulmane. Ce n'était que le 2 décembre 2010, l'ancien président de la FIFA M. Seph Blatter a lu le verdict du vote de l'Assemblée générale de ladite organisation où le Qatar a été sélectionné pour organiser la plus importante compétition sportive au niveau des sélections nationales, la coupe du monde.
Grande première pour l'organisation qui se fait généralement les mois de juin et de juillet, tenant compte du climat étant délétère en cette période au Qatar, l'organisation fixe la coupe du monde pour l'hiver. Mise à part toutes considérations sportives, c'est aussi l'occasion de jeter un coup d'œil sur le système politique et la question des droits humains au Qatar.
En ce qui concerne le système politique au Qatar, rare sont les pays monarchiques qui bénéficient l'octroi d'une coupe du monde, n'en déplaise à l'Angleterre en 1966. Car l'Occident à travers ses valeurs triangulaires à savoir; La démocratie, le christianisme et le capitalisme, les pays qui n'appliquent pas ces doctrines ont souvent de difficultés à intégrer le cercle restreint des pays qui ont organisé une coupe du monde.
Toutefois, il convient de signaler que le mondial de la Russie en 2018 a quelque part brisé cette aristocratie. La politique au Qatar repose sur un État qui prend la forme d'une monarchie absolue où l'émir est à la fois le chef d'État et le chef du gouvernement. De plus, les partis politiques sont interdits au Qatar. Alors que, pour l'occident c'est le multipartisme, pluralité des idées et le respect de la démocratie, qui selon la presse française n'est pas respectée. Au Qatar c'est la dictature héréditaire. La FIFA ferme ses yeux.
Le Qatar ne garantit pas la liberté d'expression ou de la presse. Le Rapport mondial 2015 du think tank « Freedom House » classe le Qatar comme un pays où les libertés individuelles ne sont pas garanties. Sur une échelle de 1 à 7 (1 étant le plus «libre»), le rapport attribue au Qatar une note de 6 pour les droits politiques et de 5 pour les droits civiques. Même si ces dernières années, on constate une certaine assouplissement.
Il y a toute une panoplie de règlements imposés pour interdire certaines conduites qui sont contraire à la Charia (l'équivalent du code pénal), qui révolte les membres de LGBTQ.
Cependant, on pense qu'il faut avoir un minimum de respect par rapport à certains nombres de cultures, il faut savoir respecter le rythme des sociétés qui, en dehors de l'occident, peuvent avoir un regard différent sur certain nombre de posture et de sujets, dont l'homosexualité.
Durant la période au cours de laquelle les grands chantiers sont démarrés, les rapports révélés, dont celui du journal de The Guardian, sont très accablants. Ce Rapport fait état de plus de 6000 personnes mortes à cause de mauvaises conditions de travail, l'OIT a dénoncé également les mauvais traitements infligés à l'endroit des travailleurs par les autorités Qataris. Donc, malgré ces faits, pour le président de la FIFA, Gianni INFANTINO, cette prochaine coupe du monde sera une réussite, et ce sera la meilleure, la plus grande. Du football-business.
Donc, plus que jamais le monde du football est menacé par les faits géopolitiques guidés par l'argent au détriment des conditions de vie des spectateurs sur le plan politique et social, or ces actions portent souvent préjudices car lorsqu'on prend la Chine qui est un important client pour la NBA et également un actionnaire majoritaire. La Chine fait partie des pays qui met des restrictions sur la liberté d'expression, alors que la ligue défend la liberté d'expression, ce qui pose souvent des problèmes surtout sur la question Sino-taïwanaise. La couleur de l'arc-en-ciel sur certains équipements en signe de support au mouvement LGBTQ, le support de certains joueurs à des personnalités politiques, l'exclusion de la Russie en phase éliminatoire de la coupe du monde en signe de protestation à la guerre Russo-ukrainienne etc., montre une fois de plus que le football est politisé. Sans oublier de faire référence en 2018 à des menaces de sanction de Trump à certains dirigeants de la FIFA au cas où ils ne voteraient pas pour les USA comme pays hôte pour le mondial 2026. Et finalement, les États-Unis, le Mexique et le Canada sont conjointement les organisateurs du mondial 2026. Ces faits et autres peuvent hypothéquer l'avenir du football et on espère que ces derniers n'auront pas de répercussion sur les 2.5 millions de touristes attendus au Qatar. Une grande première.
Ralph A. Jean Noël
Rédacteur en chef Cosmos-inter
©Cosmos-inter
Novembre 2022