06/07/2025
Sterline Civil, un pantin à la botte de Corvinton Jean, DG de Radio Télé Métronome
Auteur : Hyshney Saint Julien
Un peu plus de 100 jours après sa nomination à la tête du Fonds National de l'Éducation (FNE), Sterline Civil se retrouve au centre d’une vive controverse. Accusée par plusieurs organisations et acteurs de la société civile, dont le ROSPO, de n’être qu’une simple exécutante, elle fait face à des critiques sur sa gestion, son autorité réelle et l’influence de son conjoint, Corvinton Jean, directeur général de Radio Télé Métronome.
Selon les révélations du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Corvinton Jean est le véritable décideur au sein de l’institution. Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH, dénonce une “prise en otage” du FNE par ce couple mafieux, évoquant une série de nominations arbitraires, des révocations sans motif et un climat d’intimidation permanent.
Des cadres expérimentés ont été écartés au profit de proches de Corvinton Jean, ce dernier intervenant directement dans les décisions administratives, selon plusieurs témoignages internes.
À son arrivée, Sterline Civil avait promis de restaurer la crédibilité du FNE et de lancer un audit des finances de l’institution, plombées par une dette de plus de deux milliards de gourdes, selon elle. Plus de trois mois plus t**d, aucun rapport n’a été rendu public. Pire, le Regroupement des Organisations Socio-Politiques de l’Opposition (ROSPO) critique des dépenses jugées opaques et des contrats attribués sans appel d’offres.
Plusieurs organisations citoyennes réclament la publication de l’état financier du FNE, tandis que d’anciens collaborateurs dénoncent une gestion sans ligne directrice ni transparence.
Face aux critiques croissantes, Sterline Civil a publié récemment sur X un message laconique :
"Nou fè chèf gang site non m, menase m, mande m lajan m pa genyen, nou mete ansanm fè yon ekip jounalis ap site yon non yo pa konnen, nou chita ak militan pou sal non mwen, menase m, m kontinye batay, m pa kanpe. Kounye a, deal la se ak Pierre Espérance nou fè l. M ap kontinye batay. Men m konn sa k ap vin aprè aprè nou fin echwe nan tout tantativ sa yo ! M bezwen konnen si Jenn ak fanm yo pa gen dwa batay pou peyi yo mwen menm?! Kontinye mete sistèm nan anfas mwen, menm lonbray mwen ap kontinye batay pou ti bout tè papa Desalin nan. Bandi site non m apre yon branch nan pouvwa fè l, kounya se Pierre Espérance, sa vle di nou tout fon sèl kont yon grenn moun??? Kontinye denigre, sal imaj mwen, mwen di sa deja, mwen pap vòlè lajan pou timoun yo al lekòl la pote pou nou, epi pòm nan pap manje, ann dakò sou sa pou n vanse. Sinon kontinye fè bri."
Une déclaration jugée désinvolte, qui n’a fait qu’alimenter le scepticisme autour de sa capacité à répondre aux inquiétudes légitimes sur la gestion de l’institution. Pour plus d’un, ce type de communication, creuse et provocatrice, traduit une incompétence administrative grave.
Cette relation entre Sterline Civil et Corvinton Jean soulève une question de fond sur l’indépendance des responsables d’institutions publiques en Haïti. Cette confusion des rôles et cette centralisation du pouvoir au sein d’un couple fragilisent davantage la gouvernance dans un contexte déjà marqué par la défiance et l’effondrement institutionnel.
Le FNE, affaibli plus que jamais, avec une crédibilité en péril, censé financer l’accès à l’éducation dans un pays où l’école reste un luxe pour la grande majorité de la population, se retrouve éclaboussé par des accusations graves. Entre népotisme, gestion opaque, pression sur les employés et influence politique, la direction actuelle peine à convaincre.
Hyshney Saint-Julien / journaliste
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