10/10/2025
📰 Éditorial :
La jeunesse nordésienne, entre promesse et précarité.
Le Nord-Est d’Haïti, territoire de contrastes et de possibles, abrite une jeunesse vibrante, fière, mais profondément désenchantée. Entre Ouanaminthe, Fort-Liberté et Terrier-Rouge, une génération entière tente de concilier ses rêves avec une réalité souvent cruelle : chômage endémique, éducation vacillante, manque d’opportunités, et une absence criante de politiques publiques adaptées à ses besoins.
Pourtant, c’est dans cette même région que s’élève une force vive, silencieuse et tenace : celle d’une jeunesse qui refuse de disparaître sous le poids du découragement. Les jeunes nordésiens innovent, entreprennent, étudient, se mobilisent. Ils créent des projets communautaires, lancent de petites entreprises, s’investissent dans la culture, l’artisanat et la technologie, malgré un environnement souvent hostile à leurs ambitions.
Mais l’État, lui, semble avoir déserté ce territoire de l’espoir. Les programmes de formation sont rares, les infrastructures éducatives vieillissent, et les jeunes sont trop souvent livrés à eux-mêmes. On leur demande de « rester » pour bâtir le pays, mais sans leur offrir les conditions pour vivre dignement. Résultat : le rêve migratoire devient une obsession, un exutoire. Chaque départ est une blessure collective, une promesse de développement qui s’envole.
Il est temps de cesser de considérer la jeunesse nordésienne comme une simple catégorie sociale en attente d’aides. Elle doit être reconnue comme un véritable acteur du changement, un partenaire essentiel dans la relance économique et sociale du pays. Les communes du Nord-Est regorgent de talents qui ne demandent qu’à être accompagnés, écoutés, orientés.
Ce n’est pas seulement une question de développement régional, c’est une question de dignité nationale. Soutenir la jeunesse du Nord-Est, c’est investir dans le futur d’Haïti tout entier.
Car si le pays doit renaître, ce sera d’abord à travers le regard et la force de ceux qui, malgré tout, continuent de croire que demain est possible.
LP