25/03/2025
25/03/2025
Haïti Politique
*Le 38 ème anniversaire de la Constitution Haïtienne de 1987 : entre amendement raté et référendum inconstitutionnel*
************************************************
Par VALCIN Délinord ,journaliste senior ; politologue
Cap-Haitien, 23 mars 2025
Le peuple haïtien aura beau amender ou changer de Constitutions tant qu'il refuse de changer de paradigme.
Jusqu'à aujourd'hui, faute d'éducation de qualité à la citoyenneté ou à cause d'absence de vision,nos piètres dirigeants politiques venant de tous les partis ou regroupements politiques, au lieu de décider d'appliquer les prescrits constitutionnels et de divorcer d'avec notre vieille mentalité collective considérant la Constitution comme du papier et les baïonnettes comme du fer , cherchent davantage à s'enliser dans la politicaillerie,en vue de défendre leurs intérêts mesquins ou claniques.
Qui p*s est ,l'actuel Conseil Présidentiel de Transition ( CPT) illégitime et corrompu prévoit d'organiser un référendum inconstitutionnel sous la dictée des étrangers le 11 mai prochain. Ce qui est contraire à l'article 284-3 de la version originelle de la Constitution de 1987, amendée le 9 mai 2011,banalisée et piétinée au jour le jour.
Rappelons que lors du 29 ème anniversaire* de la dite Constitution ,l'influente constitutionnaliste Mme Myrlande MANIGAT ,également Secrétaire Générale du parti politique RDNP ,en participant à une journée de réflexion, le mardi 29 mars 2016 à Port-au-Prrince , avait préconisé au pouvoir exécutif d'alors de lancer une procédure pour l'élaboration d'une nouvelle Constitution.
L'un des arguments qu'elle avait évoqués était le taux d'analphabétisme élevé en Haïti qui empêche le peuple de mieux prendre connaissance du contenu de la loi mère. *Foutaise !* *Foutaise* ! ...
Mon démenti s'articule autour des questions suivantes :
Pourquoi nos soit disant dirigeants politiques qui savent lire et écrire et connaissent bien le contenu de la Constitution refusent-ils de l'appliquer intégralement ?
Pourquoi remettre en question l'utilité d'une Constitution qui n'a jamais été convenablement appliquée dans l'unique but de contrôler tous les espaces du pouvor à travers sa petite chapelle politique ?
La vraie solution serait-elle réellement d'amender ou de changer la dite Constitution considérée plutôt comme un programme politique après 30 années de dictature duvaliériste par l'historien Pierre BUTEAU ?
En matière d'organisation d'élections par exemple, pourquoi nos énergumènes dirigeants politiques n'ont jamais mis sur pied le Conseil Électoral Permanent ( CEP ) ,tel que stipulé aux articles 191 à 199 des deux versions ?
Une simple explication suffit : nous refusons encore de changer de paradigme, en persistant malencontreusement à prioriser la force sur le droit.
Résultat : Haïti est devenu un pays gangstérisé sous toutes formes. Les bandits en sapates et en cravates se sont arrangés pour kidnapper l'esprit et la lettre de la Constitution au détriment de la patrie et de la masse défavorisée vivant constamment dans l'extrême pauvreté.
Ce 38 ème anniversaire de la Constitution haïtienne de 1987 exige un bilan sincère. Toutes les forces vives de la Nation doivent s'entendre pour faire une sorte de *Mea-Culpa* collectif.
Nous aurons beau amender et changer de Constitutions tant que nous nous entêtons davantage à ne pas rétablir un État fort et stable s'accrochant à l'autodétermination.
Il n'existe et n'existera jamais de démocratie là où la force prime le droit .La démocratie c'est la dictature des lois .
Le droit constitutionnel** nous apprend que toute constitution dans son préambule contient des valeurs philosophiques et juridiques. Nous réfléchissons tellement par le ventre qu'il nous est difficile de penser dignité, patrie,droits humains, développement durable et application des lois . C'est hélas le sauve-qui-peut généralisé qui prévaut en lieu et place du respect de notre loi mère.
----------------------------
*Lire sur le site web d'Alter Presse l'article titré " La Constitution de 1987 d'Haïti à la loupe des experts ", paru le 30 mars 2016 et écrit par Betty Désir
**Myrlande MANIGAT,
" Manuel du droit constitutionnel à l'intention des journalistes ",publication de la Fondation Internationale des Systèmes Électoraux, slnd.,p.15