16/10/2025                                                                            
                                    
                                                                            
                                            𝐇𝐚𝐢̈𝐭𝐢 : 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐥𝐞 𝐬𝐞𝐱𝐞 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐮𝐧 𝐬𝐮𝐣𝐞𝐭 𝐪𝐮’𝐨𝐧 𝐧’𝐨𝐬𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝𝐞𝐫 ?
En Haïti, parler du sexe reste presque un interdit. Dans les foyers, les écoles et même les médias, le sujet se heurte encore à la gêne et au jugement. Pourtant, le silence entretient des drames : violences, désinformation et absence d’éducation adaptée. Et si briser ce tabou devenait une urgence nationale ?
𝙇𝙚 𝙨𝙚𝙭𝙚, 𝙪𝙣 𝙢𝙤𝙩 𝙚𝙣𝙘𝙤𝙧𝙚 𝙙𝙞𝙛𝙛𝙞𝙘𝙞𝙡𝙚 𝙖̀ 𝙥𝙧𝙤𝙣𝙤𝙣𝙘𝙚𝙧
Le mot « sexe » choque encore dans une grande partie de la société haïtienne. L’éducation sexuelle, souvent perçue comme une menace pour la morale, est absente des programmes scolaires publics.
Selon la militante féministe 𝙔𝙤𝙡𝙚𝙩𝙩𝙚 𝘼𝙣𝙙𝙧𝙚́𝙚 𝙅𝙚𝙖𝙣𝙩𝙮, directrice de l’organisation Kay Fanm, ce silence a un coût humain : des centaines de jeunes subissent chaque année des violences ou des grossesses précoces faute d’informations fiables.
𝘿𝙚𝙨 𝙫𝙞𝙤𝙡𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨 𝙨𝙚𝙭𝙪𝙚𝙡𝙡𝙚𝙨 𝙚𝙣 𝙝𝙖𝙪𝙨𝙨𝙚 𝙘𝙤𝙣𝙨𝙩𝙖𝙣𝙩𝙚
Les statistiques des organisations de santé confirment l’ampleur du problème.
En 2024, 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙙𝙚 4 400 𝙘𝙖𝙨 𝙙𝙚 𝙫𝙞𝙤𝙡𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨 𝙨𝙚𝙭𝙪𝙚𝙡𝙡𝙚𝙨 ont été pris en charge par Médecins Sans Frontières (MSF) à Port-au-Prince — Une augmentation sensible comparée à l’année précédente.
Ces chiffres ne sont qu’une partie d’une réalité plus sombre, souvent cachée par la peur et la honte.
𝙇’𝙚́𝙙𝙪𝙘𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙨𝙚𝙭𝙪𝙚𝙡𝙡𝙚, 𝙪𝙣 𝙤𝙪𝙩𝙞𝙡 𝙙𝙚 𝙥𝙧𝙤𝙩𝙚𝙘𝙩𝙞𝙤𝙣
Pour la sociologue 𝘿𝙖𝙣𝙞𝙚𝙡𝙚 𝙈𝙖𝙜𝙡𝙤𝙞𝙧𝙚, également membre de Kay Fanm, « il faut enseigner la sexualité comme une science humaine, pas comme un sujet honteux. L’éducation, c’est ce qui protège les jeunes du mensonge et de la violence ».
Malgré les plaidoyers répétés des ONG, l’État haïtien n’a toujours pas intégré un programme officiel d’éducation sexuelle dans les écoles publiques.
𝙀𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙢𝙤𝙙𝙚𝙧𝙣𝙞𝙩𝙚́ 𝙣𝙪𝙢𝙚́𝙧𝙞𝙦𝙪𝙚 𝙚𝙩 𝙩𝙧𝙖𝙙𝙞𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙧𝙚𝙡𝙞𝙜𝙞𝙚𝙪𝙨𝙚𝙨
Les jeunes générations, hyperconnectées, découvrent la sexualité à travers Internet et les réseaux sociaux, souvent sans accompagnement.
Pendant ce temps, les traditions et les valeurs religieuses continuent d’imposer la discrétion. Ce fossé culturel crée un choc : d’un côté, la tentation et la curiosité ; de l’autre, la culpabilité et la peur.
𝙋𝙖𝙧𝙡𝙚𝙧 𝙙𝙪 𝙨𝙚𝙭𝙚, 𝙘’𝙚𝙨𝙩 𝙖𝙪𝙨𝙨𝙞 𝙥𝙖𝙧𝙡𝙚𝙧 𝙙𝙚 𝙨𝙖𝙣𝙩𝙚́ 𝙚𝙩 𝙙𝙚 𝙧𝙚𝙨𝙥𝙚𝙘𝙩
Les psychologues et éducateurs s’accordent : ouvrir le dialogue ne détruit pas la morale, il sauve des vies.
Aborder le sexe dans un cadre éducatif permet aux jeunes de comprendre leur corps, de prévenir les abus et de développer des relations plus saines et respectueuses.
Tant que la sexualité restera un tabou, les problèmes liés à la désinformation, aux violences et aux grossesses précoces persisteront.
Parler du sexe en Haïti, ce n’est pas une provocation : c’est un pas vers une société plus consciente, plus responsable et plus humaine.
𝙍𝙚́𝙛𝙚́𝙧𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨 𝙘𝙤𝙣𝙨𝙪𝙡𝙩𝙚́𝙚𝙨 :
Kay Fanm – Rapport 2025
UNFPA Haïti – Données sur la santé reproductive (2025)
Médecins Sans Frontières (MSF) – Rapport 2024 sur les violences sexuelles à Port-au-Prince
Déclarations de Daniele Magloire, sociologue féministe (Kay Fanm)
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