02/08/2025
"Ce nâest pas la pluie qui nous tueâŠâ
Cette saison encore, la pluie est tombée sur Conakry. Et comme souvent, elle a laissé derriÚre elle de la boue, des cris, des murs écroulés⊠et des corps.
Ă kissoso et dans ces quartiers oĂč lâon vit collĂ© aux canaux, aux berges, Ă ce quâil reste des anciens lits de riviĂšres, lâeau est entrĂ©e sans frapper. Elle a tout pris. Des maisons. Des souvenirs. Parfois, des vies.
Mais soyons honnĂȘtes : ce nâest pas la pluie qui nous tue. Câest ce quâon en a fait. Ou plutĂŽt, ce quâon nâa pas fait.
On a construit sur les lits des cours dâeau. Juste lĂ oĂč lâeau doit passer, respirer, sâĂ©chapper. On a dressĂ© des murs, posĂ© du ciment, montĂ© des baraques, sans rien prĂ©voir autour. Pas de canal, pas de protection. Juste de la chance. Et elle finit toujours par manquer.
Et puis il y a ces ponts, quâon nous prĂ©sente comme des progrĂšs. Mais ils sont trop bas, trop serrĂ©s, mal pensĂ©s. Ils bloquent plus quâils ne relient. Et lâeau, elle, nâattend pas lâinauguration officielle pour frapper.
On savait. Mais on a laissé faire.
Les gens sâinstallent parce quâils nâont pas le choix.
Les autorités ferment les yeux, ou viennent aprÚs les drames.
Les ingénieurs dessinent des projets sans marcher sur le terrain.
Et nous, on compte les morts une saison aprĂšs lâautre.
Alors oui, il est encore temps. Mais Ă condition dâarrĂȘter les discours.
Il faut dĂ©gager les berges. Ouvrir des couloirs Ă lâeau. Repenser les ponts. Curer les canaux.
Il faut dire aux gens la vĂ©ritĂ©, mĂȘme si elle fait peur : âIci, tu risques de mourir quand il pleut.â
Et il faut le faire maintenant. Pas aprĂšs les prochaines pluies.
Parce que lĂ , ce nâest plus une catastrophe naturelle.
Câest une faute collective.