12/03/2025
"Apprendre à marcher seule”
On dit souvent que l’enfance forge l’adulte qu’on devient. Moi, j’ai grandi avec dix frères, une mère qui veillait sur moi comme sur un trésor, et un quotidien où tout semblait se faire naturellement autour de moi. J’étais la petite dernière, la princesse de la maison, bien insolente et capricieuse celle qu’on accompagnait partout, qu’on protégeait de tout. Jamais je n’avais eu à affronter seule la moindre difficulté,même mes exercices les plus simples ma mère forçait mon frère à m’assister😂.
Et puis, un jour, j’ai pris un vol pour le Maroc, direction une nouvelle vie, mes études et… le choc de l’indépendance.
Le bizutage de la vie adulte : la maladie(aka le changement d’air ,hum)
À peine une semaine après mon arrivée, mon corps a décidé de tester ma résilience. Une fièvre qui monte, des frissons, une fatigue écrasante… et personne pour me dire : “Repose-toi, je vais chercher les médicaments.” Non. Cette fois, c’était à moi d’y aller. Moi, seule, avec mon courage bancal et mon Google Maps tremblotant, direction l’hôpital. Premier combat gagné, mais non sans douleur.
Deuxième round : le logement.
J’étais tellement enthousiaste que je n’ai pas pris le temps de bien me renseigner hum!
Comme si tomber malade n’était pas suffisant, il a fallu que je change de logement en pleine convalescence. la paperasse, les valises qui pèsent un poids inhumain (ou alors c’est moi qui manquais de forces ?), tout ça toute seule. Moi qui n’avais jamais eu à soulever autre chose que ma petite cuillère et mon sac à dos, je me suis retrouvée à déplacer des valises plus grandes que moi.
Parcours de la combattante avec les "Khouya" de l’administration marocaine.
Si vous croyez que les épreuves de la vie vous rendent plus forts, essayez de faire un titre de séjour à l’étranger. J’ai compris ce jour-là que la patience n’était pas une vertu, c’était une compétition de survie. Un papier manquant ? Revenez demain. Une signature oubliée ? Recommencez tout. Un agent pas d’humeur ? Revenez encore. Honnêtement, j’ai failli prendre un billet retour à ce moment-là.
Et puis… la solitude.
Nouvelle école, nouvelle culture, nouvelle cuisine (et ne parlons pas des tentatives catastrophiques en cuisine qui auraient pu valoir un appel aux pompiers). Tout ce que je maîtrisais au pays c’était "Fouthi et Kansiyé.Chaque jour, une petite voix me disait : “Rentre chez toi. Tout serait plus simple.”
Mais alors que j’étais au bord de l’abandon, la vie m’a offert un dernier test. La maladie, encore. Cette fois, plus fort, plus violent. Ce n’était plus juste une épreuve, c’était un ultimatum. Je me suis retrouvée face à moi-même : soit je renonçais, soit je décidais que je méritais d’apprendre à marcher seule.
Alors oui, j’ai hésité. Oui, j’ai pleuré. J’ai dit à mon frère aîné que je n’en pouvais plus, je vais rentrer.Mais non, je ne suis pas rentrée. Parce qu’au fond, si je suis venue ici, c’est pour devenir la meilleure version de moi-même. Une version qui tombe, qui souffre, qui doute… mais qui se relève.
Et aujourd’hui, je réalise que chaque épreuve m’a forcée à grandir. Ce n’est pas facile, et ce ne le sera peut-être jamais. Mais si j’ai tenu jusqu’ici, c’est bien que quelque chose en moi refuse de lâcher.
Alors, à tous ceux qui traversent des tempêtes : vous êtes plus forts que vous ne le pensez. Moi, la petite dernière, la protégée, la choyée, je suis en train d’apprendre à voler seule. Et croyez-moi, malgré les turbulences, le ciel vaut le coup.