10/04/2025
Il m’est arrivé d’entrer dans un jardin près d’un lycée aux environs d’Agadir. Le jardin était visiblement sec, vu la rareté de l’eau dans le pays et surtout dans cette région. L’endroit était équipé de quelques bancs servant à s’asseoir. J’étais obligé de me comporter comme un menuisier pour réparer les planches des bancs tombées ici et là. Une fois la tâche terminée, je me suis assis, un roman à la main, j’ai posé une bouteille d’eau à côté de moi et j’ai commencé à lire quelques pages de mon ouvrage pour renouveler mes idées et rafraîchir ma mémoire, car la lecture le permet.
Cela ne m’empêchait pas de jeter un coup d’œil, de temps à autre, à droite et à gauche pour avoir une idée de tout ce qui m’entourait.
Une foule d’écoliers, âgés d’environ 12 à 18 ans, passa près de moi. Garçons et filles mélangés, tenant en main des smartphones de différentes marques. Ils se dirigeaient vers le lycée, jouant et riant d’une vidéo qu’ils venaient peut-être de visionner. Parmi cette foule, une fille, qui tenait un iPhone, portait une robe blanche et un petit chapeau bien décoré. Elle semblait venir d’une famille aisée. La fille regardait dans tous les sens pour s’assurer que ses camarades et les passants avaient bien vu son iPhone. Elle me rappela le jour où mon père m’avait acheté une montre en plastique. Je me promenais dans le village, les manches de ma chemise retroussées, pour la montrer aux gens, surtout aux enfants de mon âge. C’était l’adolescence. C’est le désir de briller, de se faire remarquer, de partir.
Autour de moi, presque dans tous les coins de ce jardin désert, il y avait des amoureux qui partageaient des paroles d’amour et discutaient sans arrêt. Je me demandais ce qu’ils pouvaient bien dire tout ce temps.
Ces amoureux cherchaient des endroits plus sombres, plus éloignés, plus cachés pour fuir les regards des passants — non pas pour trouver le calme, mais pour échanger quelques baisers et câlins. Leurs gestes me rappelaient l’accouplement des singes au cœur d’une forêt pleine d’arbres.
Au milieu de ces scènes d’amour, une fille assise seule attira mon attention. Elle me regardait de loin, les larmes aux yeux, comme si elle voulait me dire quelque chose. Curieux, je fermai mon livre et me dirigeai vers elle pour comprendre la raison de ses larmes, qui tombaient sur son duvet sans relâche.
Arrivé près d’elle, ne trouvant pas de place pour m’asseoir à ses côtés, je fus obligé de lui parler debout, tel un soldat en pleine enquête.
— Bonjour, dis-je en souriant, d’une voix douce pour lui montrer mes bonnes intentions.
— Bonjour, me répondit-elle d’une voix entrecoupée et pleine de sanglots.
Je restai un moment silencieux, n’ayant pas l’habitude de confronter ce genre de situation, puis je repris :
— Comment pourrais-je vous aider ? J’ai remarqué que vous pleurez depuis un certain temps…
A suivre...