11/11/2025
: L'AMOUR SOUS LES CENDRES
: PLUME LUMINEUSE
: ROMANTIQUE ET DRAMATIQUE
34:
Liana
L’écran s’était éteint. Mais son visage, à lui, restait imprimé dans ma mémoire.
Adam. Ses yeux trop doux, trop lucides.
Il avait vu. Il savait. Même sans que je dise tout.
Je posai le téléphone sur la table. Lentement. Comme si un faux mouvement allait le faire exploser.
Mes mains étaient encore moites. Mon souffle irrégulier. Mais j’avais tenu. Pour les enfants. Pour lui.
Je me levai, traversai le salon dans un silence épais. Les murs semblaient écouter.
Je tirai légèrement les rideaux. La rue était vide. Trop vide.
Et pourtant… j’avais cette sensation persistante d’être observée. Suivie.
Je refermai les volets d’un geste sec. Et le cliquetis du loquet résonna plus fort que je ne l’aurais voulu.
Je voulais reprendre pied.
Alors j’allai dans la cuisine. Je rinçai une tasse. Je mis de l’eau à chauffer. Des gestes simples. Mécaniques.
Infuser. Respirer. Répéter.
Mais l’odeur du thé, ce soir-là, n’avait rien de réconfortant.
Je restai là, adossée au comptoir.
Mes pensées dérivaient. Vers Makial, ce garçon que j’avais vu grandir.
Vers Cyril, cet homme que j’avais trop longtemps laissé agir dans l’ombre, parce que c’était « la famille ».
Et maintenant ? Il semait la peur. Comme d’autres sèment le blé. Avec méthode. Avec patience.
Et moi… j’étais devenue une cible.
Je revoyais le carnet. La photo. Le message laissé sur le banc.
"Rien n’est jamais gratuit. Ni la vérité. Ni la survie."
Des mots froids. Méticuleusement choisis pour glacer.
Et pourtant… je ne regrettais rien.
Je pris une gorgée de thé. Il était amer. Trop infusé. Comme moi.
— « Tu vas tenir, Liana. Jusqu’au bout. Pour lui. Pour eux. Pour la vérité. »
Ma propre voix m’étonna. C’était plus un souffle qu’un mot.
Mais il fallait que je l’entende.
Je me dirigeai vers le couloir. Une pièce m’attendait. Une vieille armoire. Des dossiers.
Peut-être, ce soir, j’irais fouiller encore. Gratter là où ça fait mal.
Parce que je le savais maintenant.
Ce n’était pas la peur qu’il fallait craindre.
C’était le silence.
Et moi, je n’avais plus envie de me taire.
Makial
Je n’arrivais pas à rester immobile.
Depuis l’appel interrompu, une tension glacée ne me quittait plus.
Le visage de ma tante, ses derniers mots… et puis ce clic, ce souffle… ce silence.
Tout sonnait faux. Tout sonnait dangereux.
Je marchais de long en large dans le salon. Le sol grinçait sous mes pas, mais je n’y prêtais aucune attention.
Dans la cuisine, Aht tentait encore de ramasser les morceaux de la tasse qu’elle avait laissée tomber quand j’avais crié son prénom.
Elle ne disait rien. Mais je voyais à ses gestes, à sa nuque tendue, qu’elle avait tout compris.
Je m’approchai d’elle. Ma main toucha doucement sa hanche.
— « Je suis désolé… Je t’ai fait peur. »
Elle leva les yeux vers moi. Ce regard sombre, profond, qui me tenait encore debout.
— « Je vais bien. Mais c’est ta tante qui m’inquiète. »
Je hochai la tête. J’étais incapable de mentir à cet instant.
Joseph apparut dans l’embrasure de la porte. Il tenait encore sa veste dans une main, l’autre accrochée à sa ceinture.
— « Qu’est-ce qu’il se passe, Makial ? »
— « C’était Liana. On parlait à l’instant. Elle était dans un parc. Tout allait bien. Et puis… quelqu’un s’est approché. Et la ligne a coupé. Net. »
Joseph grogna. Il comprenait. Lui aussi avait connu ce genre de silence, celui qui précède les drames.
— « Tu veux qu’on y aille ? »
Je fis non de la tête.
— « Pas encore. Je veux pas foncer dans un piège. Et on doit rester ici pour surveiller Rami. S’il parle encore, je veux pas rater ça. »
Je sortis mon téléphone, les doigts tremblants malgré moi.
— « Je vais appeler Donald. Il est discret. Rapide. Il peut y aller sans se faire repérer. »
Aht s’approcha lentement, posa sa main sur mon bras.
— « Tu es sûr ? »
— « Non. Mais je peux pas rester là sans rien faire. »
Je composai le numéro de Donald. Il décrocha presque aussitôt.
— « Bro ? T’as une sale voix. »
— « Écoute-moi bien. C’est grave. J’étais en ligne avec ma tante. Quelqu’un l’a approchée. La communication s’est coupée. Elle était au parc derrière le Palais de Justice. »
Un silence. Puis la voix plus basse de Donald :
— « Tu veux que j’y aille ? »
— « Oui. Va voir si elle est encore là. Ou si quelqu’un a vu quelque chose. Mais sois prudent. Cyril est peut-être derrière tout ça. »
— « T’inquiète. J’y vais tout de suite. Je t’envoie un message dès que j’ai du neuf. »
Je raccrochai.
Aht était toujours là, près de moi. Sa main n’avait pas quitté mon bras.
Joseph reprit, grave :
— « Si Cyril s’en prend à elle, il passe un cap. »
— « Il l’a déjà franchi. »
Je serrai les poings. Je sentais cette chose revenir, ce feu dans mes veines, cette colère froide.
Mais je sentais aussi la main d’Aht. Sa présence.
Elle me regarda droit dans les yeux.
— « On va le faire tomber. Mais pas en brûlant tout. En tenant bon. Ensemble. »
Je n’avais plus rien à dire. Seulement ça :
— « Merci… d’être là. »
Elle sourit. Un sourire mince, fatigué, mais réel.
Dans le silence revenu, nous attendions.
L’appel de Donald.
Ou celui de la peur.
Donald
Je raccrochai.
Une vague sourde me traversa, froide et brûlante à la fois.
Le genre de pressentiment qui serre la poitrine avant même que le danger soit confirmé.
Liana. Le parc. Ce silence étrange. Ce souffle dans le combiné. Et puis… plus rien.
Un vertige. Un gouffre sous mes pieds.
Sans réfléchir, je sortis mon téléphone et appelai Hilaire.
— « Ouais frérot ? »
— « Hil. C’est l’heure. Mission confirmée. Liana est en danger. »
— « Tu parles du parc ? »
— « Ouais. Palais de Justice. J’y vais maintenant. Si elle y est plus, on enchaîne direct chez elle. »
Un silence bref. Puis sa voix, ferme :
— « Compris. Je prends l’arrière. Sois prudent, Don. »
— « T’as ton oreillette ? »
— « Branchée. Et toi ? »
— « Micro, caméra, carte sécurisée. »
Je raccrochai. Ma moto était déjà prête devant l’immeuble. Je l’enfourchai comme on s’apprête à entrer en guerre.
Chaque battement de cœur devenait une seconde de trop.
Quelques rues plus loin, le parc apparut.
Silencieux. Anormalement calme.
Je ralentis. Observai. Descendis. Marchai jusqu’au banc qu’elle m’avait décrit un jour, ce vieux banc au bois usé, qu’elle appréciait pour son ombre et sa discrétion.
Vide.
Je fis deux fois le tour, en scrutant les alentours. Pas une silhouette. Pas un cri d’enfant. Pas même un joggeur.
Et là… sous le banc… une enveloppe froissée. Blanche. Muette. Mais son parfum flottait encore dans l’air. Ce parfum qu’elle portait rarement, que pour les moments importants.
Je me penchai. La ramassai. Vide. Mais récente.
Je glissai deux mots dans mon micro :
— « Hil… elle était là. Récemment. Et elle est partie vite. Peut-être pas seule. »
— « Je suis à deux rues. On fonce chez elle ? »
— « Oui. Elle est peut-être rentrée. Ou pire… suivie. »
— « Don… reste en vie. »
Un souffle.
— « Je t’ai dit que je partirai pas sans elle. »
Liana
Chez moi. Mais plus dans le confort d’un chez-soi.
Les volets étaient fermés. Le verrou enclenché. La caméra de surveillance activée.
Et sur la grande table du salon, un chaos maîtrisé : dossiers anciens, copies de lettres, photos jaunies, post-its raturés.
Au centre, le testament original d’Altos, daté trois mois avant sa mort.
En bas, sa signature — reconnaissable entre mille.
Et à côté, un relevé bancaire. Un virement discret. D’un compte appartenant à Cyril, vers un certain “M.B.”.
Un nom de code. Un complice. Une faille.
Je travaillais depuis des heures. Cafetière vide. Mains noircies par l’encre. Lunettes sur le nez.
Mais mon esprit, lui, n’était jamais aussi clair.
Parce qu’on ne lâche rien quand on aime.
Quand on a vu un frère mourir à petit feu, rongé par la trahison.
Quand on voit un neveu menacé à cause d’un héritage volé.
Je voulais en finir. Mais proprement. Définitivement.
Et puis… la sonnerie.
Douce. Aiguë. Mais presque rassurante.
Je consultai l’écran.
Donald. Hilaire.
Je n’eus pas besoin de réfléchir. J’ouvris. Ils entrèrent comme des ombres fidèles.
— « Vite. Fermez. »
Donald repéra immédiatement la table, s’approcha, fronça les sourcils.
— « C’est quoi tout ça… ? »
Je lui tendis le testament. Il le prit comme on saisit une preuve dans une enquête classée.
Je désignai le document du doigt :
— « C’est l’original. Je viens de comparer avec celui lu devant le notaire. Les clauses sont différentes. Et surtout… cette signature… Cyril a trafiqué la deuxième version. »
Hilaire s’accroupit devant les papiers, fasciné. Il lut rapidement, releva la tête.
— « Et ce virement ? »
— « Cyril a payé quelqu’un pour modifier les archives. 'M.B.', probablement un informaticien. Mais j’ai pas encore remonté toute la piste. »
Donald me regarda, les yeux brillants d’admiration.
— « Liana… t’es pas juste une femme. T’es une tempête. Une armée à toi seule. »
Je souris doucement. Pour la première fois depuis des jours.
— « Je suis juste… une femme qui a trop aimé le silence. Et qui aujourd’hui, choisit de faire du bruit. »
Makial
Le temps s’étirait comme un fil tendu prêt à rompre.
Depuis l’appel interrompu, mon cœur battait à contre-rythme.
Je faisais les cent pas. Aht, elle, ramassait encore les morceaux de la tasse qu’elle avait laissée tomber à mon cri.
Elle ne disait rien. Mais je voyais tout : son dos droit, ses gestes mesurés, ses lèvres pincées.
Je m’approchai. Lentement.
Ma main effleura sa hanche. Une chaleur douce me parcourut.
— « Je suis désolé. Je t’ai effrayée. »
Elle se tourna. Lentement. Ses yeux noirs accrochèrent les miens.
— « Je vais bien. Mais… ta tante. »
Un silence.
— « Je sais. Moi aussi, j’ai peur. »
Puis, Rami apparut dans Liana (seule après l’appel)
L’écran s’était éteint. Mais son visage, à lui, restait imprimé dans ma mémoire.
Adam. Ses yeux trop doux, trop lucides.
Il avait vu. Il savait. Même sans que je dise tout.
Je posai le téléphone sur la table. Lentement. Comme si un faux mouvement allait le faire exploser.
Mes mains étaient encore moites. Mon souffle irrégulier. Mais j’avais tenu. Pour les enfants. Pour lui.
Je me levai, traversai le salon dans un silence épais. Les murs semblaient écouter.
Je tirai légèrement les rideaux. La rue était vide. Trop vide.
Et pourtant… j’avais cette sensation persistante d’être observée. Suivie.
Je refermai les volets d’un geste sec. Et le cliquetis du loquet résonna plus fort que je ne l’aurais voulu.
Je voulais reprendre pied.
Alors j’allai dans la cuisine. Je rinçai une tasse. Je mis de l’eau à chauffer. Des gestes simples. Mécaniques.
Infuser. Respirer. Répéter.
Mais l’odeur du thé, ce soir-là, n’avait rien de réconfortant.
Je restai là, adossée au comptoir.
Mes pensées dérivaient. Vers Makial, ce garçon que j’avais vu grandir.
Vers Cyril, cet homme que j’avais trop longtemps laissé agir dans l’ombre, parce que c’était « la famille ».
Et maintenant ? Il semait la peur. Comme d’autres sèment le blé. Avec méthode. Avec patience.
Et moi… j’étais devenue une cible.
Je revoyais le carnet. La photo. Le message laissé sur le banc.
"Rien n’est jamais gratuit. Ni la vérité. Ni la survie."
Des mots froids. Méticuleusement choisis pour glacer.
Et pourtant… je ne regrettais rien.
Je pris une gorgée de thé. Il était amer. Trop infusé. Comme moi.
— « Tu vas tenir, Liana. Jusqu’au bout. Pour lui. Pour eux. Pour la vérité. »
Ma propre voix m’étonna. C’était plus un souffle qu’un mot.
Mais il fallait que je l’entende.
Je me dirigeai vers le couloir. Une pièce m’attendait. Une vieille armoire. Des dossiers.
Peut-être, ce soir, j’irais fouiller encore. Gratter là où ça fait mal.
Parce que je le savais maintenant.
Ce n’était pas la peur qu’il fallait craindre.
C’était le silence.
Et moi, je n’avais plus envie de me taire.
Makial
Je n’arrivais pas à rester immobile.
Depuis l’appel interrompu, une tension glacée ne me quittait plus.
Le visage de ma tante, ses derniers mots… et puis ce clic, ce souffle… ce silence.
Tout sonnait faux. Tout sonnait dangereux.
Je marchais de long en large dans le salon. Le sol grinçait sous mes pas, mais je n’y prêtais aucune attention.
Dans la cuisine, Aht tentait encore de ramasser les morceaux de la tasse qu’elle avait laissée tomber quand j’avais crié son prénom.
Elle ne disait rien. Mais je voyais à ses gestes, à sa nuque tendue, qu’elle avait tout compris.
Je m’approchai d’elle. Ma main toucha doucement sa hanche.
— « Je suis désolé… Je t’ai fait peur. »
Elle leva les yeux vers moi. Ce regard sombre, profond, qui me tenait encore debout.
— « Je vais bien. Mais c’est ta tante qui m’inquiète. »
Je hochai la tête. J’étais incapable de mentir à cet instant.
Joseph apparut dans l’embrasure de la porte. Il tenait encore sa veste dans une main, l’autre accrochée à sa ceinture.
— « Qu’est-ce qu’il se passe, Makial ? »
— « C’était Liana. On parlait à l’instant. Elle était dans un parc. Tout allait bien. Et puis… quelqu’un s’est approché. Et la ligne a coupé. Net. »
Joseph grogna. Il comprenait. Lui aussi avait connu ce genre de silence, celui qui précède les drames.
— « Tu veux qu’on y aille ? »
Je fis non de la tête.
— « Pas encore. Je veux pas foncer dans un piège. Et on doit rester ici pour surveiller Rami. S’il parle encore, je veux pas rater ça. »
Je sortis mon téléphone, les doigts tremblants malgré moi.
— « Je vais appeler Donald. Il est discret. Rapide. Il peut y aller sans se faire repérer. »
Aht s’approcha lentement, posa sa main sur mon bras.
— « Tu es sûr ? »
— « Non. Mais je peux pas rester là sans rien faire. »
Je composai le numéro de Donald. Il décrocha presque aussitôt.
— « Bro ? T’as une sale voix. »
— « Écoute-moi bien. C’est grave. J’étais en ligne avec ma tante. Quelqu’un l’a approchée. La communication s’est coupée. Elle était au parc derrière le Palais de Justice. »
Un silence. Puis la voix plus basse de Donald :
— « Tu veux que j’y aille ? »
— « Oui. Va voir si elle est encore là. Ou si quelqu’un a vu quelque chose. Mais sois prudent. Cyril est peut-être derrière tout ça. »
— « T’inquiète. J’y vais tout de suite. Je t’envoie un message dès que j’ai du neuf. »
Je raccrochai.
Aht était toujours là, près de moi. Sa main n’avait pas quitté mon bras.
Joseph reprit, grave :
— « Si Cyril s’en prend à elle, il passe un cap. »
— « Il l’a déjà franchi. »
Je serrai les poings. Je sentais cette chose revenir, ce feu dans mes veines, cette colère froide.
Mais je sentais aussi la main d’Aht. Sa présence.
Elle me regarda droit dans les yeux.
— « On va le faire tomber. Mais pas en brûlant tout. En tenant bon. Ensemble. »
Je n’avais plus rien à dire. Seulement ça :
— « Merci… d’être là. »
Elle sourit. Un sourire mince, fatigué, mais réel.
Dans le silence revenu, nous attendions.
L’appel de Donald.
Ou celui de la peur.
Joseph gronda derrière moi :
— « Alors tu vas y retourner. Tu vas dire que tu t’es échappé de justesse. Tu vas redevenir invisible, et tu vas écouter. »
Rami releva les yeux. Un doute. Un éclair de compréhension.
Et puis, Aht s’approcha. Elle s’agenouilla à sa hauteur. Son regard devint plus tendre. Presque… fraternel.
— « On va te protéger. Tu porteras une puce. Un micro. Et tu auras toujours un plan pour t’en sortir. On te laissera pas tomber. »
Il la fixa. Hésita.
Puis hocha la tête.
— « Je veux aider. »
Je tendis ma main. Il la saisit. Ferme. Comme on accepte un pacte.
— « Alors va. Infiltre leur nuit. Et sois notre lumière. »
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