23/01/2025
Ah, le Mali… Ce beau pays qui, depuis quelques années, semble naviguer entre le désir d’émancipation et l’imbroglio des intérêts géopolitiques. Et voici qu’une nouvelle péripétie se présente, à la hauteur de la situation : Coly Energy Mali, qui, apparemment, n’est autre que Total Energies, un nom sous lequel le groupe pétrolier français cache habilement ses intérêts, dans un jeu de cache-cache qui pourrait faire sourire un enfant de trois ans, mais qui semble pourtant passer au nez et à la barbe des autorités maliennes.
Que les choses soient claires : Total Energies, c’est la France. Oui, la France, cette ancienne puissance coloniale qui, entre deux discours sur la souveraineté malienne, continue de maintenir son emprise sur les ressources stratégiques du pays.
Mais bien sûr, pour rendre cette transition douce et indolore, on a décidé de changer le nom (parce qu’un changement de nom, tout le monde sait, ça règle tous les problèmes, n’est-ce pas ?).
Et hop ! Un petit Coly Energy Mali ici, un partenariat avec Benin Petro SA là, et le tour est joué. Magique, non ?
Le Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga, a accueilli chaleureusement la délégation de ce nouveau groupe. Bien sûr, c’est une transition qui cadre parfaitement avec la vision du Président de la Transition, le Général Assimi Goïta. Parce qu’évidemment, quand on parle de vision stratégique, rien n’illustre mieux la souveraineté malienne que de maintenir des intérêts français sous des noms un peu plus « exotiques » comme « Coly Energy ». Qui dit mieux ?
Imaginez la scène : René HOUNSINOU, le président du Conseil d'Administration de ce « nouveau » groupe, entre dans le bureau du Premier ministre, avec des représentants de l’armée et de la société civile.
Ces derniers annoncent fièrement qu’ils vont garder 1 109 agents de Total, un chiffre qui, étrangement, n’a jamais posé de questions existentielles à personne. Après tout, on parle bien d’un groupe qui va continuer à pomper les ressources maliennes, mais cette fois sous une nouvelle étiquette. Quelle originalité, quelle audace !
On pourrait presque en rire, si ce n’était pas tragiquement symbolique. Après tout, le Mali n’a-t-il pas suffisamment prouvé son indépendance en se rapprochant de la Russie ? N’est-ce pas là la légitime quête de souveraineté et de libération des griffes de l’ancienne métropole coloniale ? Et pourtant, voilà que la primature accueille à bras ouverts ce groupe, qui n’est, ni plus ni moins, qu’un relooking d’un géant pétrolier aux mains de la France.
Mais ne soyons pas trop critiques, peut-être que ce changement de nom, ce changement de façade, nous apportera des bénédictions ! Après tout, on peut toujours espérer que les nouvelles têtes n’auront pas que de nouveaux visages, mais aussi une nouvelle approche des affaires maliennes… ou pas.
Pourtant, le vrai enjeu, c’est l’indépendance énergétique, c’est le contrôle des ressources, c’est la dignité de notre peuple. Mais apparemment, tout ce qui compte pour certaines autorités, c’est que les business continuent à rouler, peu importe si les acteurs restent les mêmes sous une autre forme.
Alors, chers dirigeants maliens, la question qui se pose est la suivante : avez-vous réellement conscience de ce jeu de dupes ? Ou vous contenterez-vous de saluer chaleureusement chaque nouveau nom qui arrive, tout en laissant la France continuer à régner en coulisse ?
Le pire dans cette histoire ? Si ce n’est pas l’acceptation aveugle de cette nouvelle entreprise au nom « frais » et « local », c’est le fait que l’on ne semble même pas se demander si l’intérêt national est réellement en jeu ici.
Quand vous ouvrez les portes à Total Energies sous un autre nom, vous ne faites rien de plus qu’encourager la continuité de la domination sur les ressources du pays. Le "changement de façade" n’a jamais été une révolution, mais plutôt un paravent bien astucieux pour masquer la réalité.
En attendant, Coly Energy Mali, vous avez désormais un nouveau nom et une nouvelle légitimité.
Le Mali, lui, continue de rêver d’indépendance… mais il semble que certains préfèrent dormir avec la France sous un tout nouveau plaid.
Par : Irbaba
Crédit photo : Primature du Mali