27/09/2024
Coopération militaire France -Guinée:
La junte démasquée, la sur la sellette.
Le député des Hauts-de- Seine, Aurien Saintoul, a réussi l'exploit de tirer les verres du nez au chef d'état major des armées françaises, Thierry Burkhard, relativement à une éventuelle présence militaire française, en Guinée. Interrogé à propos de la coopération militaire avec la junte au pouvoir en Guinée, l'officier a confirmé tant bien que mal l'information que beaucoup murmuraient déjà d'un déploiement de forces françaises sur le sol Guinéen à ses frontières avec le Mali. Les autorités de transition s'étaient empressées de démentir bruyamment la rumeur de l'implantation d'une base française en Guinée.
C'est l'ex chef d'état major des armées de la junte qui, à l'époque, avait été chargé de rassurer l'opinion qu'il n'était pas dans les intentions ni dans les projets, à court, moyen et long terme des autorités militaires de transition d'accueillir une base militaire française. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le Général Sadiba koulibaly, tombé en disgrâce, a été déporté à l’ambassade de Guinée à Cuba après qu'il a refusé sa nomination dans le gouvernement. Finalement, il fut arrêté, emprisonné, jugé, condamné, et assassiné. Il n'est plus là pour entendre les propos du Général français qui le démentent.
En effet, l'audition du Général Burkhard, chef d'état major des armées de France, le 25 septembre 2024, sans doute, sous serment, met en mal la version officielle guinéenne en ce qui concerne le niveau d'implication et d'intervention en Guinée des forces françaises.
Si le ministre de la Défense de la Guinée, Aboubacar Sidiki Camara, alias idi amin, à la suite du défunt hierarque militaire, avait lui aussi nié l'existence d'un accord de défense avec la France tel que laissaient entrevoir les indiscrétions, le commandement français reconnaît qu'il a pu y avoir des "déploiements opérationnels".
En clair, des soldats français sont effectivement présents en Guinée pour des missions spécifiques et ultra-confidentielles. L'une d'entre elles serait de surveiller à partir des frontières guinèennes le territoire malien. La Guinée serait ainsi la nouvelle arrière-base pour l'armée française, deguerpie des pays Sahel, Mali, Niger, Burkina.
En tout cas, sous la junte dirigée par l'ancien caporal légionnaire français, la Guinée vient de franchir le rubicon dans sa coopération militaire avec les puissances étrangères, en particulier, la France, car c'est la première fois de son histoire que des soldats venus d'ailleurs s'installent dans le pays connu pour son nationalisme sourcilleux. Une évolution historique qui témoigne de l'affinité douteuse entre un pouvoir instauré par les armes et la patrie des Droits de l'homme. Ce qui suscite des réactions indignées en Guinée, en Afrique et ailleurs.
Le député Aurélie qui a permis d'éventer un secret défense, militaire bien gardé jusqu'à maintenant au grand dam de Conakry qui a choisi le déni et les dénégations sur une question aussi sensible que gênante pour son image auprès de l'opinion publique nationale, est le premier, à exprimer son désaccord: "je désapprouve totalement la banalisation du régime de Mr Doumbouya décidée par le gouvernement ".
Beaucoup d'acteurs et citoyens Guinéens et du monde n'ont eu de cesse de dénoncer la reprise rapide et optimale de l'assistance militaire et sécuritaire de la France à la Guinée, interrompue dès après le coup d'Etat intervenu dans le pays. La déclaration du chef d'état major des armées françaises, met de l'eau dans les moulins des détracteurs de la franceafrique et confortent dans leurs convictions tous ceux qui ont soupçonné la France de fermer les yeux sur les dérives autoritaires et les violations graves des droits humains de la junte guinéenne pour préserver des intérêts mesquins et aussi pour des fins militaires expansionnistes.
Cette démarche de cynisme politique et de manœuvres militaires sournoises, n'est pas dans l'intérêt d'une Guinée libre et démocratique ni ne fait l'honneur de la France, berceau des Droits de l'homme, terre de liberté, d'égalité et de fraternité.
Il faut toujours être aux côtés des peuples plutôt que de prendre le parti des tyrans. Attention, au retour de bâton ici comme c'est arrivé ailleurs.
Samir Moussa