10/12/2024
Alassane Ag Abba SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti CODEM: ââ ils vous disent «dâaccord» parce quâils ont peur de vousââ
Par Bamada.net 09/12/2024
Les partis politiques sont créés pour conquérir et exercer le pouvoir ; et non pour applaudir et accompagner les régimes comme des clubs de supporters sportifs.
Fustigeant les centaines de partis créés en 5 ans uniquement pour le ââtagniniââ, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Convergence pour le dĂ©veloppement du Mali (CODEM) lâhonorable Alassane Ag ABBA, ancien dĂ©putĂ© de Goundam rappelle fort utilement Ă lâassistance conquise que les partis politiques ââne se valent pas, comme les gĂ©nĂ©raux ne se valent pas, comme les soldats ne se valent pas, les mĂ©decins ne se valent, les cadres ne se valent, comme les juges ne se valent pas⊠Câest un fait naturel. Il y a eu des Ă©lections, nous nous connaissions, il y a des grands partis et des petits. Je rĂ©pĂšte quâil y a des petits partis qui nâont que des rĂ©cĂ©pissĂ©s. Ils nâont que des rĂ©cĂ©pissĂ©sââ.
Comme lors de la derniĂšre rencontre, le 2 avril dernier, des partis politiques avec le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA, au cours de laquelle il a dit ouvertement ses 4 vĂ©ritĂ©s, avec son habituel franc-parler, lâhonorable Alassane a estimĂ© que sur la question du processus Ă©lectoral le temps est venu de fixer des limites Ă la transition et de donner une date de la tenue des Ă©lections.
Le processus électoral étant le baromÚtre dans une démocratie, le secrétaire général de la CODEM estime que le pays ne peut pas aller avec des élections dans le pipeline qui ne se tiendront jamais.
AprĂšs prĂšs de 5 ans de transition, selon Abba, il y a beaucoup de questions quant Ă la crĂ©ation des conditions pour des Ă©lections apaisĂ©es et crĂ©dibles. Combien de temps cela va prendre, 10-15 ans ou plus ? Sâinterroge lâex-Ă©lu de Goundam.
Les yeux dans les yeux, Alassane Ag ABBA dit au gĂ©nĂ©ral de division Abdoulaye MAIGA, ministre de lâAdministration et de la dĂ©centralisation, Premier ministre, ââde ne pas Ă©couter les gens qui ne les ont connus quâhier lorsquâils sont devenus officier, ministre, lorsquâils ont Ă©tĂ© au pouvoirââ. Ceux-ci, dit-il, ââne vous connaissent pas, ils ne vous aiment pas. Donc, Ă©coutez seulement votre conscience, votre conscience dâofficierââ.
Dans une constance dĂ©routante pour lâĂšre du temps, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Codem avertit quâils (les vrais hommes politiques) nâadmettons plus jamais que des politiciens de circonstance et dâopportunitĂ©, soient lĂ , cachĂ©s derriĂšre les militaires, sâaccrochant Ă eux pour escalader faiblement, de façon trĂšs courte, dâĂ©chelle, et se faire passer pour des autoritĂ©s. O te se ka ke wo.
A ceux qui rouspĂštent contre sa libertĂ© de ton, Alassane Ag ABBA les conjure dâaccepter quâil puisse dire son point de vue, car il est venu pour ça : pour trouver des solutions pour notre pays. Avant de leur rappeler quâils nâaiment pas les militaires plus que ceux qui parlent librement et loyalement.
Voici les propos transcrits de lâhonorable Alassane Ag Abba SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti CODEM (Convergence pour le dĂ©veloppement du Mali) lors de la rĂ©union du cadre de concertation du ministĂšre de lâAdministration et de la dĂ©centralisation avec les pratiques politiques tenue le jeudi 5 dĂ©cembre 2024 au Centre des CollectivitĂ©s.
Je ne vais pas dire mieux que ceux qui mâont prĂ©cĂ©dĂ©. Parce que je lâai dĂ©jĂ dit, donner la parole Ă ceux qui sâexpriment est dĂ©jĂ trĂšs important. Le problĂšme, câest que vous faites quelque chose et vous dites «voilĂ ce que jâai fait».
Câest vrai, nous avons peur des militaires, mais il faut nous laisser parler. Laissez-nous parler, cela aidera Ă rĂ©gler dĂ©finitivement le problĂšme. En tout cas, nous, quand nous parlons, il nây a rien que nous puissions cacher, rien que nous puissions faire contre un Malien. Nous ne pouvons pas le faire, nous ne pouvons pas trahir ce pays, nous ne pouvons pas aller contre ce pays. Nous ne sommes que des Maliens, et traitez-nous comme tels.
Le pouvoir actuel nâa pas dâopposants, en tout cas, je nâai pas entendu un parti politique sâen rĂ©clamer. Vous le savez, depuis notre rencontre avec la junte qui a fait le coup dâĂtat (ndlr : le 18 aoĂ»t 2020), nous leur avons dit : ââvous avez lâentiĂšre confiance de lâensemble de la classe politiqueââ. Mais quâest-ce qui reste encore ? Ce que nous avons demandĂ©, câest de nous mettre dans le bain. Car il sâagit de notre pays, nous avons quelque chose Ă dire. Mais chaque fois que je dis non je ne pense pas que comme ça, les gens vont sortir pour vous dire que ce sont des mauvais Maliens. NâĂ©coutez pas ces gens, hein. Ces gens vous ont connu hier, quand vous ĂȘtes devenu Premier ministre, quand vous ĂȘtes devenu ministre. Ils ne vous connaissent pas, ils ne vous aiment pas. Donc Ă©coutez seulement votre conscience, votre conscience dâofficier.
Quelquâun a dit ici que vous avez deux casquettes, vous en avez trois, et câest la troisiĂšme qui est derriĂšre est la plus forte pour nous, car vous ĂȘtes un militaire. Pour nous, un militaire, quand il dit, il fait. Câest ce qui fait que nous avons peur, nous avons peur des militaires. Câest ça la vĂ©ritĂ©. Beaucoup de gens vous disent «nous sommes dâaccord « parce quâils ont peur. Câest ça la vĂ©ritĂ©. Sinon, pour beaucoup, ce nâest pas vrai ce quâils vous disent. Sâils vous disent les Ă©lections Ă vue, lĂ , câest faux.
Il faut limiter, vous donnez un jour oĂč les Ă©lections vont se tenir. Nous ne pouvons pas continuer avec des Ă©lections qui ne se tiendront jamais. Nous avons fait prĂšs de cinq ans. Cette fois-ci, on dit quâil faut crĂ©er les conditions pour des Ă©lections apaisĂ©es et crĂ©dibles. Cela va prendre combien de temps ? 10 ans ? 15 ans ?
Vraiment, soyez trĂšs clairs avec nous. Nous sommes dâaccord, quel que soit ce que jâavais dit une fois aux militaires quand je les ai rencontrĂ©s. Donnez-nous un dĂ©lai, quel que soit le dĂ©lai au cours duquel vous pouvez faire le travail. Respectez le dĂ©lai. Mais quand vous voyez que votre dĂ©lai ne tient pas, nâayez pas peur de revenir pour nous dire que ça ne tient pas parce quâil y a ceci, il y a cela. Nous sommes des Maliens, nous sommes conscients. Nous savons ce qui est tenable et ce qui nâest pas tenable.
Mais nous nâadmettons pas que des hommes politiques soient lĂ , cachĂ©s, qui nâont jamais pu ĂȘtre de vrais politiques, ils sâaccrochent Ă vous aujourdâhui pour escalader faiblement, de façon trĂšs courte, dâĂ©chelle, et se faire passer pour des autoritĂ©s.
Je ne suis pas dâaccord avec ceux qui ont dit ici que les partis se valent. Les partis ne se valent pas, comme les gĂ©nĂ©raux ne se valent pas, comme les soldats ne se valent pas, les mĂ©decins ne se valent, les cadres ne se valent, comme les juges ne se valent pas⊠Câest un fait naturel. Il y a eu des Ă©lections, nous nous connaissions, il y a des grands partis et des petits. Je rĂ©pĂšte quâil y a des petits partis qui nâont que des rĂ©cĂ©pissĂ©s. Ils ont des rĂ©cĂ©pissĂ©s.
Jâai lu tout Ă lâheure, je suis trĂšs convaincu, Jâai lu que dans les perspectives, il y aura la relecture de la Charte des partis politiques. Pourquoi cette relecture attend ? Voyez le nombre de gens qui sont lĂ dans cette salle. Alors que quatre, cinq partis politiques, six partis politiques auxquels nous avons fait confiance pouvaient faciliter ce travail (âŠ) En cinq ans 300 partis politiques, câest Ă©tonnant. Il faut le revoir Ă la baisse. Et ça, câest dit, ça fait partie des recommandations des assises. Pourquoi cette recommandation est seulement dans les perspectives alors quâil y a certaines recommandations, on commence Ă les appliquer. Câest une prioritĂ©, car ce sont les partis politiques qui vont concourir. Cela veut dire quâil faut que nous soyons dans les capacitĂ©s de concourir et que nous soyons trĂšs forts.
Mettons-nous ensemble si nous voulons conquĂ©rir, sinon nous ne conquerrons rien, nous nâaurons rien. Câest ce que jâai dit aux gens qui disent que les partis ne vont jamais se valoir. Quelquâun qui a fait quatre conseillers municipaux et des gens qui ont plus de 1000 conseillers municipaux, nous nâallons pas les mettre dans la mĂȘme balance. Ce nâest pas juste, M. le Ministre, ce nâest pas juste.
Pour rebondir sur lâaffaire de lâAIGE, car câest cette histoire qui nous a amenĂ©s Ă aller Ă un tirage au sort, car chacun dit que je suis parti, je peux ĂȘtre. Ce nâest pas juste. Toutes les lois qui ont existĂ© depuis la premiĂšre loi Ă©lectorale, nous avons tenu compte du fait majoritaire. Le fait majoritaire, ce nâest pas pour rien que le lĂ©gislateur lâa insĂ©rĂ©. Câest pour Ă©viter que 300 partis politiques ne se retrouvent dans une telle situation.
Imaginez-vous aujourdâhui si on dit «bon, voilĂ , il y a un poste pour tous les militaires» et quâon ne fixe pas des critĂšres. Quâest-ce que ça va donner ? On va faire un tirage au sort entre vous. Cela ne tient pas. Vraiment, je prĂ©fĂšre vous le dire, car je suis sincĂšre avec vous. Câest ça la vĂ©ritĂ©. Je sais que ça fait mal Ă certains. Alors, ils ne sont pas ici, ils ont dit ce quâils voulaient faire. Personne ne leur a dit quoi que ce soit.
Acceptez que nous disions notre point de vue, car nous sommes lĂ pour ça. Câest pour trouver des solutions pour notre pays. Vous nâaimez pas ces gens plus que nous, ce nâest pas possible. Alors que ces gens-lĂ ont fait ce que nous nâavons pas eu Ă faire. Donc, Monsieur le Premier Ministre, fĂ©licitations. En tout cas, moi, je nâai jamais doutĂ© du fait que vous ĂȘtes un homme compĂ©tent, car le simple fait de me donner la parole, de mâĂ©couter dire ce que je pense, me rassure.
Merci.
Transcription libre
Source : Info Matin