L'enquêteur

L'enquêteur Quotidien Nigérien d'Informations

17/10/2025

Affaire CNPC : L'avertissement du Niger au reste du monde
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Vendredi 17 Octobre 2025)
L'ultimatum adressé à Pékin sur le dossier pétrolier n'est pas qu'une simple affaire bilatérale. C'est un avertissement solennel, un message puissant que tous les partenaires économiques du Niger, qu'ils soient à Paris, Washington, Moscou ou Ankara, doivent écouter avec la plus grande attention. Car ce qui se joue aujourd'hui dépasse largement le cadre du pipeline Niger-Bénin : les règles du jeu sont en train de changer, et l'ère des contrats déséquilibrés est terminée.
Il suffit de regarder l'affaire CNPC pour comprendre ce qui n'est plus acceptable. Elle est un cas d'école. Celui d'un partenariat où les coûts de transport sont multipliés par dix sans justification plausible, où la transparence la plus élémentaire est balayée par un refus d'audit, et où le concept de projet "clés en main" devient le synonyme d'une mise en vassalité technologique, sans aucun transfert de savoir-faire. C'est le modèle parfait du contrat léonin que le Niger n'acceptera plus. De la part de personne.
Que les choses soient claires : cette démarche n'est pas une action anti-chinoise, mais une affirmation pro-nigérienne. Elle définit la doctrine sur laquelle reposeront désormais tous les partenariats stratégiques du pays. La transparence ne sera plus une option, mais une exigence, audits à l'appui. Le partage des revenus devra être équitable et cesser de faire du Niger le parent pauvre de ses propres richesses. Enfin, et c'est capital, tout projet majeur devra inclure un plan de développement des compétences nationales. Ces principes ne sont plus négociables.
Ce bras de fer est donc le premier véritable test de crédibilité du projet de Refondation porté par les plus hautes autorités. En posant ces nouvelles bases, le Niger ne se ferme pas au monde ; au contraire, il s'ouvre à des collaborations plus saines, plus durables et mutuellement respectueuses. Des partenariats où la souveraineté n'est plus un vain mot, mais la clé de voûte de tout avenir commun. Le monde est prévenu.

17/10/2025
16/10/2025

Pipeline Niger-Bénin
NIAMEY POSE SES CONDITIONS AUX CHINOIS : "RENÉGOCIEZ OU ON COUPE TOUT !"
(Quotidien L’Enquêteur du Jeudi 16 Octobre 2025)
Le ton monte drastiquement entre le Niger et ses partenaires chinois sur l'exploitation de l'or noir. Jugeant les conditions du contrat de transport du pétrole brut via le pipeline Niger-Bénin léonines et préjudiciables à ses intérêts, le gouvernement nigérien, sous l'impulsion du général d’armée Abdourahamane Tiani, a posé un ultimatum. Face à ce que les autorités qualifient de marché de dupes, la China National Petroleum Corporation (CNPC) a jusqu'au 30 octobre 2025 pour revoir sa copie, faute de quoi le Niger pourrait prendre la décision radicale de suspendre toute production pétrolière.
Des tarifs de transport jugés excessifs
La fermeté de l'Exécutif nigérien s'est d'abord matérialisée par le décret du 29 juillet 2025, créant des comités de négociation chargés de réévaluer les partenariats stratégiques du pays. Le comité dédié aux mines et au pétrole a rapidement mis en lumière plusieurs points de friction dont le coût de transport du pétrole brut.
Selon les révélations du comité, la société WAPCo (West African Oil Pipeline Company), filiale de la CNPC, facture au Niger le transport d'un baril de brut à un tarif variant entre 25 et 51 dollars américains. Un montant largement supérieur aux standards internationaux, où le coût normal pour un oléoduc de cette envergure (1.980 km) oscillerait entre 3 et 7 dollars seulement.
Cette surfacturation a des conséquences dramatiques sur les finances publiques. Avec un prix du baril de Brent s'élevant actuellement à 62,45 dollars US sur le marché international, si l'on applique le tarif maximal de 51 dollars facturé par WAPCo, le Niger ne perçoit en réalité que 11,45 dollars de marge brute par baril. Un déséquilibre qui réduit fortement la rentabilité de la filière et fragilise les capacités de remboursement du prêt de 400 millions de dollars US accordé par la CNPC, assorti d'un taux d'intérêt de 7%, et remboursable en pétrole.
Un audit exigé, mais refusé par la partie chinoise et une souveraineté technologique bafouée
Le second point de tension majeur concerne le manque de transparence et la dépendance technologique totale du pays. Le comité de négociation a exigé la tenue d'un audit indépendant du pipeline Niger-Benin, dont la construction a été facturée par la CNPC à un coût global de 2,3 milliards de dollars US. Cette requête, pourtant standard pour un projet d'une telle ampleur, se heurte à un refus catégorique du partenaire chinois.
Le pipeline, livré "clés en main", place de fait le Niger dans une position de vassalité. L'État ne maîtrise absolument rien du projet : ni sa conception, ni le suivi des opérations, ni la maintenance, et encore moins les coûts réels et la qualité des matériaux utilisés pour sa construction. Cette opacité et l'absence de transfert de compétences empêchent le Niger de développer son propre savoir-faire, le condamnant à rester un spectateur de l'exploitation de ses propres richesses, sans aucun espoir de devenir autonome à moyen terme.
Face à ces multiples blocages, le Niger a décidé de montrer les muscles. L’Exécutif a adressé un ultimatum à la partie chinoise, lui donnant jusqu’au 30 octobre 2025, délai de rigueur, pour trouver un accord à “l’amiable” sur les griefs soulevés. Faute de réponse satisfaisante, le Niger menace d’arrêter sa production pétrolière, ce qui représenterait un coup dur pour les deux partenaires, et un signal très fort dans le bras de fer en cours.
Commentaire
Ce conflit dépasse le simple cadre d'un litige commercial. Il est le symbole d'une quête de souveraineté et d'une volonté de rééquilibrer les rapports de force entre les nations africaines et leurs partenaires économiques internationaux. En défiant un géant comme la Chine, le Niger envoie un signal fort : l'ère des contrats déséquilibrés, où l'opacité et le manque de transfert de technologie profitent à une seule partie, est peut-être révolue. La menace de suspendre la production est une arme à double tranchant qui comporte des risques économiques et diplomatiques. Cependant, elle témoigne d'une prise de conscience que le véritable coût de la dépendance est parfois bien plus lourd que celui d'une crise économique temporaire. C'est un pari risqué, mais qui pourrait redéfinir les règles du jeu pour la défense des intérêts de notre pays. Ce bras de fer avec Pékin sera un test de crédibilité, aussi bien pour le Niger que pour le projet de souveraineté économique voulu par la Refondation. Affaire à suivre…
La Rédaction

16/10/2025

NOTRE PÉTROLE, NOS RÈGLES !
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Jeudi 16 Octobre 2025)
L'ultimatum posé à nos partenaires chinois, qui expire ce 30 octobre 2025, est bien plus qu'une simple manœuvre dans une négociation commerciale. C'est un acte de courage politique, une véritable déclaration d'indépendance économique qui fera date dans notre histoire. Face à un contrat qui nous lie les mains, le Niger a choisi de se tenir debout. L'heure n'est plus à la soumission, mais à la reconquête de notre destin.
Car il ne faut pas s'y tromper. Le scandale de ce partenariat va bien au-delà du coût de transport exorbitant d'un baril de pétrole. Le véritable affront, le cœur du problème, c'est la dépendance totale dans laquelle ce contrat nous enferme. Un pipeline livré "clés en main" sur lequel nous n'avons aucun contrôle, un audit refusé qui bafoue les règles les plus élémentaires de la transparence, une absence totale de transfert de compétences : voilà le vrai visage de cet accord. Il ne s'agit pas d'un partenariat, mais d'une mise en vassalité technologique qui nous condamne à rester les spectateurs impuissants de l'exploitation de nos propres richesses.
Certes, la perspective d'un arrêt de la production est économiquement douloureuse à court terme. Mais il faut voir cette épreuve non comme une perte, mais comme un investissement nécessaire. Le coût de la non-souveraineté, subi sur des décennies, est infiniment plus lourd que celui d'une crise temporaire. Ce bras de fer est le sacrifice indispensable pour briser les chaînes d'un modèle économique où le Niger ne récolte que les miettes de son propre trésor. La liberté a un coût, et il est temps pour nous de l'assumer.
Initié par les plus hautes autorités de l'État, ce combat est un moment fondateur. Il teste notre résolution et notre capacité à faire prévaloir nos intérêts supérieurs. Gagner ce pari, c'est prouver au monde entier, et surtout à nous-mêmes, que la souveraineté n'est pas un vain mot dans nos discours, mais une ambition qui a un coût et une valeur inestimables.

14/10/2025

Grandir sous les armes : L'héritage silencieux de la guerre au Sahel
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Mercredi 15 Octobre 2025)
Pendant que les communiqués militaires égrènent les bilans et que les analyses géopolitiques redessinent les cartes du pouvoir, une tragédie silencieuse se noue au cœur du Sahel. Au-delà des victoires tactiques et des défaites stratégiques, le coût le plus lourd et le plus durable de cette guerre interminable n'est pas matériel. Il est immatériel, gravé dans l'esprit d'une génération sacrifiée pour qui l'insécurité chronique est devenue la seule normalité concevable.
Le véritable front ne se situe pas seulement dans le Liptako-Gourma, mais dans l'aridité des camps de déplacés où l'enfance s'efface. Il se trouve dans les ruines des milliers d'écoles fermées, de Tillabéri à Mopti, qui ont troqué le bruit des leçons et des rires contre le silence pesant de la peur. Où l'alphabet du fusil a remplacé celui des livres. Pour des centaines de milliers de nos enfants, l'horizon s'est dangereusement rétréci aux limites d'un camp de fortune. Le quotidien est rythmé par la précarité alimentaire, et la violence, qu'elle soit directe ou symbolique, n'est plus un événement exceptionnel mais une composante banale et structurante de l'existence.
Face à ce constat alarmant, une question fondamentale doit être posée : quelle société construisons-nous pour demain sur ces fondations de traumatismes ? Quel avenir peut naître lorsque sa jeunesse est systématiquement dépossédée de son droit le plus essentiel, l'éducation, et de son besoin le plus vital, la sécurité ? La plus grande menace stratégique pour l'avenir du Sahel n'est pas la défaite militaire face à un groupe armé, mais bien la perte irréversible de cette génération. Une jeunesse sans repères, sans instruction et hantée par la violence est un terreau fertile pour les instabilités de demain, bien plus durablement dangereux que n'importe quelle offensive.
Dès lors, la "Refondation" tant invoquée ne peut donc être seulement politique ou sécuritaire. Elle doit aussi commencer dans les salles de classe à reconstruire et à rouvrir, dans le soutien psychologique à apporter à ces jeunes esprits meurtris. Il s'agit de désarmer les cœurs avant de pacifier les territoires. Car si nous perdons cette bataille décisive pour notre jeunesse, nous aurons perdu la guerre, quel que soit le vainqueur proclamé sur le terrain militaire. Car si une bataille se gagne avec des soldats, une paix durable et un avenir se construisent, irrévocablement, avec des écoliers.

14/10/2025

Après la guerre des sables, la guerre du droit
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Mardi 14 Octobre 2025)
La souveraineté a longtemps eu le visage d'un soldat et le bruit des armes comme bande-son. Mais au XXIe siècle, une nouvelle guerre, plus silencieuse mais tout aussi décisive, a commencé. Elle ne se déroule pas dans le désert, mais dans les prétoires feutrés des tribunaux d'arbitrage internationaux. La bataille acharnée que mène aujourd'hui le Niger contre le groupe Orano en est la parfaite illustration : après la guerre des sables, voici venue la guerre du droit.
Face à la volonté légitime du Niger de maîtriser son destin et ses ressources, le géant nucléaire français n'a pas déployé des troupes, mais une armée d'avocats. L'arme choisie n'est pas le fusil, mais la procédure d'arbitrage, une méthode redoutable pour geler les actifs d'un État, paralyser ses décisions et tenter d'asphyxier son économie. En obtenant le gel de la vente de l'uranium de Somaïr, Orano ne fait pas que défendre un contrat ; il mène une offensive visant à démontrer qu'un État, aussi souverain soit-il, ne peut échapper à la force d'un ordre juridique mondial souvent taillé sur mesure pour les multinationales.
Dans ce nouveau conflit, la riposte du Niger est hautement stratégique. Le recrutement de cabinets d'avocats de renommée internationale n'est pas une simple formalité administrative, c'est l'ouverture d'un nouveau front. C'est l'aveu que notre arsenal de souveraineté doit désormais compter autant de juristes experts en droit international que de vaillants soldats. L'investissement dans l'intelligence juridique, la maîtrise des contrats et l'art de la plaidoirie est devenu aussi vital que l'acquisition de matériel militaire.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : une guerre pour notre indépendance. Une victoire dans cette arène juridique, prouvant que le droit d'un peuple à disposer de ses ressources peut triompher, serait un acte de souveraineté bien plus retentissant qu'un défilé militaire. Elle affirmerait la maturité d'un État qui a compris que, désormais, la force se mesure aussi à la puissance de ses arguments.

13/10/2025

FSSP : La béquille de l'État ne doit pas devenir son fauteuil roulant
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Lundi 13 Octobre 2025)
Il faut le reconnaître avec lucidité : la création du Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) fut, dans le contexte de crise et de sanctions, un acte d'une grande intelligence stratégique. Face à l'urgence, il fallait un outil agile, capable de contourner les lourdeurs bureaucratiques pour apporter une réponse rapide. Le FSSP a été cette béquille providentielle, permettant à un État entravé de rester debout et de marcher. Le succès de la mobilisation et la rapidité de ses premières actions en témoignent.
Mais deux ans plus t**d, une question fondamentale doit être posée : la béquille, conçue pour un usage temporaire, n'est-elle pas en train de se transformer en un confortable fauteuil roulant ? Le risque est là, insidieux. À force de financer directement des secteurs régaliens comme la défense ou l'agriculture, le FSSP risque d'installer durablement le "syndrome de l'État bis". Une administration à deux vitesses se dessine, avec d'un côté un fonds dynamique, bien financé et médiatisé, et de l'autre, les ministères traditionnels, potentiellement marginalisés, dont les circuits seraient perçus comme lents et moins efficaces.
Cette situation, née des meilleures intentions, peut avoir des effets pervers à long terme. Elle peut atrophier les muscles de notre administration classique, démotiver ses agents et créer une dépendance structurelle à une solution qui devait rester exceptionnelle. Car si l'État s'habitue à déléguer ses fonctions essentielles à un organe parallèle, même performant, il perd sa propre capacité à agir. Il ne se renforce pas, il s'affaiblit en devenant dépendant de son propre remède.
L'heure est donc à la clarification. Pour que la béquille aide véritablement l'État à remarcher et non à s'installer dans une infirmité assistée, le mandat du FSSP doit être précisé. Est-il un fonds d'urgence ou un budget parallèle permanent ? Sa vocation est d'appuyer l'État, non de le remplacer. Il est donc impératif qu'il soit soumis aux mêmes règles de contrôle et de transparence que les institutions qu'il soutient. La béquille a bien servi. Il est maintenant temps de s'assurer qu'elle n'empêche pas l'État de retrouver l'usage de ses propres jambes.

10/10/2025

Fusions politiques : Vieux démons, nouveaux costumes ?
(Editorial de Soumana I. Maïga, Quotidien L’Enquêteur du Vendredi 10 Octobre 2025)
Ne soyons pas dupes. Sous le vernis respectable d’une « rationalisation » de notre scène politique, un spectacle bien plus ancien se joue. L’ordonnance dissolvant les partis a forcé d’anciens leaders à un ballet de fusions et de regroupements. Officiellement, il s’agit de créer de grandes formations stables pour l’avenir. Officieusement, nous assistons à une vaste manœuvre de survie politique où de vieux démons enfilent à la hâte de nouveaux costumes.
Car quelle idéologie commune, quel projet de société partagé unit réellement ces adversaires d’hier, si ce n’est la peur panique de disparaître de l’échiquier ? Nés de la contrainte plutôt que de la conviction, ces futurs « super-partis » ressemblent dangereusement à des monstres politiques fragiles. Des coquilles vides où les ambitions personnelles n’ont pas été dissoutes par décret et où les vieilles rancœurs couvent sous les poignées de main de circonstance.
Ces nouvelles entités ne sont rien de plus que des ‘’cartels électoraux’’, des alliances techniques conçues non pas pour gouverner mieux, mais pour confisquer le pouvoir plus efficacement. Leur objectif n’est pas de porter une vision pour le Niger, mais de se répartir les postes dans le Niger de demain. En promettant la stabilité, ils sèment les graines de l’instabilité future. Car une fois les élections passées, ces géants aux pieds d’argile risquent fort d’imploser sous le poids de leurs contradictions, nous ramenant à notre point de départ : les querelles intestines et la paralysie politique.
Dans cette grande réorganisation, le citoyen risque d’être le grand perdant, invité à choisir entre des blocs sans âme, interchangeables et incapables de formuler une offre politique claire. La véritable Refondation ne peut être celle des acronymes. Elle doit être celle des idées et des pratiques. Méfions-nous des costumes neufs. Ils cachent trop souvent des démons que nous ne connaissons que trop bien.

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