
22/03/2025
« La bêtise insiste toujours » Camus.
Omar Diagne persiste dans sa bêtise mensongère sur la tragédie de Nder avec aisance et grandiloquence.
En bon manipulateur, conscient de son art oratoire et de la crédulité de la plus part de son auditoire, il cite des sources crédibles pour défendre une thèse fantaisiste avec laquelle, les mêmes sources, qu’il évoque, sont en total désaccord.
Sans y prendre garde, sa sortie d’hier, que je viens de regarder, encore plus révélatrice de son « inscience » quant à l’histoire, gagnerait malheureusement droit de cité dans l’opinion populaire qui, à bien des égards, prend verbiage pour science—connaissance , et grandiloquence pour éloquence. Le fossé est abyssal.
Oumar Diagne semble ignorer qu’un récit historique n’est pas une simple juxtaposition de témoignages sur un passé. Il requiert, selon Théophile Obenga, trois étapes fondamentales : d’abord, une recherche et un classement des témoignages, recherche que Diagne semble avoir fait superficiellement et dans la précipitation ; ensuite, contrôle et vérification des témoignages, ce que Diagne n’a pas du tout fait, et que nous démonterons plus t**d; Enfin, compréhension et interprétation des témoignages, opération pour laquelle Oumar Diagne, profane, est peu ou pas qualifié.
Oumar Diagne dit que la vraie date de la tragédie de Nder est le dimanche 5 mars 1840. Je dois rappeler qu’il y’a plusieurs dates avancées, même celle d’un 13 mai 1820 et un mardi du mois de novembre 1819.
Effectivement, il y’a quelques récits issus de la tradition orale qui ont évoqué la date du 5 mars, mais ils rejoignent le témoignage le plus populaire défendant le jour du mardi, Talaata, en wolof. Il dit s’appuyer sur la thèse de Barry, j’en doute. Le Professeur Boubacar Barry, encore vivant, a fait de sa thèse, que je n’ai pas lue, un livre que j’ai beaucoup exploré . Il y évoque très peu Talaatay Nder et dit, dans une émission télévisée sur la 2S Tv, devoir une fière chandelle à la Professeure Fatou Sow Sarr « de m’’avoir fait comprendre l’importance de Talaatay Nder dans l’histoire du Sénégal, l’histoire des femmes et le rôle qu’elles ont joué… Parce que, j’avoue que dans Mon royaume du Waalo, j’avais consacré seulement quelques lignes à Talaatay Nder…. » Or la Professeure a défendu devant le Prof Barry la date du mardi 7 mars 1820, à laquelle il consent. Si Diagne avait pris le soin de vérifier ses informations, il aurait trouvé que la seule date qui a résisté à la contradiction est le 7 mars car le 13 mai est un samedi, le 5 mars un dimanche, un mardi du mois de novembre 1819 apparaît peu plausible pour ne pas dire que c’est erroné. Seul le 7 mars 1820 qui est un mardi (Talaata) correspond à la bonne version, la vraie.
L’autre bourde de Oumar Diagne, témoignant ou de sa légèreté scientifique ou de sa mauvaise foi, c’est d’avoir réfuté deux thèses, en s’appuyant sur le Baron Roger, qu’il n’a certainement pas lu: la thèse selon laquelle les assaillants de Nder sont les maures du Trarza et celle de l’immolation des femmes pour échapper à l’esclavage.
Lisons ensemble ce que dit le Baron Roger, dans son livre Kelédor, histoire africaine, dont je dispose, pour découvrir les caaxaneries de Oumar:
« L’infamie dont les menaçait l’ennemi.-Cette action terrible ou magnanime comme l’auraient appelée les anciens, n’est pas très rare dans cette partie de l’Afrique. Il y’a peu d’années que l’exemple s’en est encore une fois renouvelé à Nder, ancienne résidence du roi de Walo, où plusieurs femmes s’enflammèrent et se brûlèrent dans des cases de paille, pour ne pas tomber entre les mains des Mores qui s’étaient emparés du village. Il n’est pas mal que l’on sache quels gens on faisait esclaves, et ce qu’ils estimaient leur liberté. » Notes du livre III, page 231, Paris, 1828.
Que Oumar Diagne dise le contraire, n’est pas étonnant, mais le prouver de sources sûres, est impossible. Oumeurt Diagne waxal deug ak lo xam.
Amadou Niang, (professeur histoire et géographie )