02/11/2025
Les images, les nouvelles, les témoignages en provenance d'Al-Fasher, capitale du Nord-Darfour, au Soudan, sont absolument effroyables. Depuis la chute de la ville aux mains des rebelles des Forces de soutien rapide (FSR), ces derniers se livrent à des massacres et des pillages qui ont fait au moins plusieurs centaines de victimes. Des dizaines de milliers de personnes auraient fui vers le camp de Tawilah, qui abrite déjà quelque 700 000 personnes. Deux cent mille personnes seraient encore pris au piège.
Le plus terrible, c'est que tout cela aurait pu être évité. La ville est assiégée depuis des mois. De surcroît, le Soudan est le théâtre d'une guerre civile sanglante depuis des années. Depuis le renversement du dictateur Béchir par un soulèvement populaire en 2019, le pays est déchiré par les conflits. Les troupes gouvernementales comme les rebelles des FSR sont toutes deux instrumentalisées par des puissances étrangères qui poursuivent leurs propres intérêts. Environ 13 millions de personnes ont dû fuire.
Les Émirats arabes unis, l'Égypte, les États-Unis et l'Arabie saoudite convoitent notamment les richesses du sous-sol soudanais (or, minéraux, pétrole et gaz) et arment les belligérants. Israël s'ingère aussi. En 2020, sous la première administration Trump, le Soudan a signé les accords dits d'Abraham, qui ont ouvert à Israël la voie d'une normalisation des relations avec ses voisins arabes. Aujourd'hui, Israël envisage même sérieusement de déporter les Palestiniens vers le Soudan. Ainsi, la population locale devient victime de la brutale realpolitik internationale.
Avec le large mouvement populaire soudanais, dans lequel médecins et avocats jouent un rôle crucial, nous devons exiger l'arrêt immédiat des combats. Les Nations unies doivent pouvoir jouer leur rôle afin que l'aide humanitaire accède à la population et que des corridors humanitaires soient mis en place. L'ingérence étrangère doit cesser, tout comme le soutien aux belligérants coupables de violations des droits humains. Cela inclut évidemment la fin du soutien européen et des livraisons d'armes aux Émirats arabes unis, armes qui risquent ensuite d'arriver au Soudan par voie indirecte. De cette manière, l'unité et la souveraineté du pays pourront être restaurées et le pouvoir pourra revenir à un gouvernement civil.