
02/08/2025
Conte : Le Tambour du Courage
Auteur : Emmanuel M.AHOLOUKPE
Il y avait, dans un petit village entouré de montagnes, un jeune garçon nommé Koudjo. Il était frêle, discret, et souvent la cible des moqueries des autres enfants parce qu’il avait peur… de tout : du tonnerre, des lézards, des chiens, même de sa propre ombre quand la nuit tombait.
Mais Koudjo avait un secret : malgré ses peurs, il rêvait de devenir un héros comme dans les contes qu’il écoutait chaque soir au coin du feu. Un jour, une nouvelle terrible secoua le village : le Tambour Sacré de l’Unité avait été volé par le monstre N’Gouma, qui vivait au sommet de la Montagne Noire. Sans ce tambour, le village tomberait dans le chaos, car c’est lui qui rythmait les semailles, les récoltes, les cérémonies et les danses.
Le chef du village rassembla les plus braves. Personne ne voulut affronter N’Gouma. Il était énorme, couvert d’écailles de pierre, et son souffle brûlait les arbres. Tous reculèrent. Tous… sauf Koudjo.
— Moi, j’irai chercher le tambour, dit-il d’une voix tremblante mais décidée.
Le village éclata de rires.
— Toi ? Tu as peur d’un lézard, et tu veux affronter N’Gouma ?
Mais Koudjo, cette fois, n’écouta pas. Il prit une gourde d’eau, un morceau d’igname et le bâton de son défunt père, ancien chasseur, et s’aventura seul vers la montagne.
Le voyage fut terrible. Il dut traverser la forêt des serpents sifflants, franchir la rivière des illusions et grimper des falaises coupantes. À chaque étape, la peur le paralysait, mais il avançait malgré tout. Il se répétait les paroles de sa grand-mère :
« Le courage, ce n’est pas l’absence de peur, c’est avancer même quand tu trembles. »
Arrivé à la caverne de N’Gouma, Koudjo fut accueilli par le rugissement du monstre. Mais au lieu de fuir, il s’approcha, les mains levées, et dit :
— Je ne viens pas te combattre, N’Gouma. Je viens te comprendre.
Étonné, le monstre baissa la tête. Aucun humain n’avait jamais parlé ainsi. N’Gouma raconta alors son histoire : autrefois gardien du tambour, il avait été chassé injustement par les anciens du village. Il ne l’avait pas volé par haine, mais pour se faire entendre.
Touché, Koudjo promit de transmettre la vérité au village. En échange, N’Gouma lui remit le tambour.
Quand Koudjo revint, le village fut stupéfait. Il avait non seulement ramené le tambour, mais aussi une vérité oubliée. Grâce à lui, une réconciliation eut lieu entre le peuple et le monstre gardien.
Koudjo, autrefois moqué, devint le symbole vivant du courage. On grava son histoire sur les murs du temple, et chaque année, un enfant du village frappe le Tambour du Courage pour se souvenir que :
> “Le vrai courage ne crie pas, il agit.”