26/09/2025
"Quand Mamadou Ibra Kane confond analyse et amertume."
La récente sortie de Mamoudou Ibra Kane sur le voyage du président Diomaye Faye à l’Assemblée générale des Nations unies appelle une mise au point. Ce texte, aux allures d’analyse diplomatique, ressemble davantage à une chronique d’opposant en quête de crédibilité politique. Et c’est bien là le paradoxe : l’ancien journaliste chevronné, que beaucoup respectaient pour sa rigueur, semble avoir du mal à se départir de son nouveau rôle de politicien, au point de brouiller les deux registres.
Vous insistez, Monsieur Kane, sur le protocole et la diplomatie. Mais présenter les choses comme si le chef de l’État avait ignoré les compétences de tout un corps diplomatique relève de l’exagération. La diplomatie n’est pas une mécanique figée : elle évolue avec le style de chaque président. En choisissant la simplicité et la proximité, Diomaye Faye ne brise pas les codes, il les adapte. Faut-il vous rappeler que cette rupture avec les pesanteurs du passé est précisément ce que les Sénégalais ont voulu en mars 2024 ?
Vous vous arrêtez longuement sur la fameuse photo du Scrabble, que vous élevez au rang de scandale national. Mais peut-être confondez-vous symbole et polémique. Cette image n’est rien d’autre que celle d’un président qui assume son humanité et sa simplicité. Vous la réduisez à un « buzz pour le buzz », alors qu’elle traduit surtout une volonté de transparence. Dans un pays où l’on a longtemps vu des dirigeants se cacher derrière le protocole, montrer un chef d’État à hauteur d’homme n’est pas une faute, mais une différence assumée.
Sur les urgences nationales, vous avez raison de rappeler les défis : pouvoir d’achat, santé, inondations, éducation, chômage. Mais vous savez aussi que ces problèmes ne datent pas d’hier. Exiger qu’ils soient résolus en quelques mois, c’est confondre critique constructive et procès d’intention. L’opinion publique, elle, jugera sur les réformes entreprises et leurs résultats, pas sur les impatiences de l’opposition.
Au fond, ce qui frappe dans votre texte, c’est moins la critique elle-même que le ton employé. L’analyste sérieux a cédé la place au rival politique. Et c’est là que réside la vraie perte : en cherchant à politiser vos analyses, vous diluez la rigueur journalistique qui faisait votre force, sans pour autant convaincre comme opposant.
Le président Diomaye Faye, lui, construit son style. Il ne sera pas prisonnier d’un protocole rigide ni d’une communication glaciale. Il a choisi une présidence de proximité et de transparence. On peut en discuter les formes, mais au moins cette orientation est claire et assumée.
Alors oui, « redescendre sur terre » est nécessaire. Mais encore faut-il ne pas se laisser emporter par une nostalgie journalistique et une amertume politique. Car ce n’est ni une photo dans un avion, ni une pique sur le protocole qui feront vaciller la confiance des Sénégalais, mais bien la capacité du gouvernement à répondre, dans la durée, aux attentes de son peuple.
Ibrahima DIOP
Professeur certifié de classe normale (Economie- Gestion : option comptabilité et finance) au Lycée Général et Technologique Mélinée et Missak Manouchian à Nice
Coordinateur de la Section de Pastef Nice Côte d’azur
Vice-président du Commissariat Bonne Gouvernance Patriotisme et Citoyenneté (MONCAP DIASPORA)
Membre de l’Assemblée Générale de Pastef France..
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