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Sénégal : S&P dégrade la note souveraine à B- en raison de tensions budgétaires croissantesS&P Global Ratings a abaissé ...
15/07/2025

Sénégal : S&P dégrade la note souveraine à B- en raison de tensions budgétaires croissantes

S&P Global Ratings a abaissé la note souveraine du Sénégal de ‘B’ à ‘B-’, avec une perspective négative, citant une détérioration marquée de la position budgétaire. Un audit des comptes publics a révélé que la dette publique atteindrait 118 % du PIB en 2024, contre 104 % estimés plus tôt dans l’année, un niveau record parmi les pays africains classés dans la catégorie ‘B’.

Ces révisions traduisent une accumulation de 8 300 milliards de francs CFA de dette supplémentaire (environ 13 milliards USD), soit 41 % du PIB. À moyen terme, S&P prévoit une dette toujours élevée, à 110 % du PIB d’ici 2028.

Le budget révisé 2025 fait apparaître des besoins de financement de 5 700 milliards FCFA (≈10,2 Mds USD, soit 26 % du PIB), incluant une hausse du service de la dette (+15,8 %) et le règlement d’arriérés envers le secteur privé (≈2 % du PIB). Le déficit budgétaire est projeté à 9 % du PIB pour 2025, alors que l’objectif gouvernemental est fixé à 7,8 %.

Malgré ces déséquilibres, les perspectives de croissance demeurent solides, avec un taux attendu de 8 % en 2025, soutenu par les projets pétroliers (Sangomar), gaziers (GTA) et la montée en puissance de l’or. Le déficit courant devrait reculer de 20 % du PIB (2022) à 11,6 % en 2025, avec une cible gouvernementale de 9,5 %.

L’objectif de réduction du déficit à moins de 3 % du PIB d’ici 2027 reste inchangé, bien que peu de mesures nouvelles figurent dans la loi de finances rectificative 2025. La consolidation budgétaire repose donc largement sur une croissance nominale soutenue.

Enfin, S&P souligne que l’appartenance à l’UEMOA constitue un facteur de stabilisation, plusieurs banques régionales étant de grands créanciers de l’État sénégalais.

Dakar, le 15 juillet 2025

Trump impose des tarifs douaniers sur ses principaux partenaires asiatiquesLe président Donald Trump a annoncé l’instaur...
08/07/2025

Trump impose des tarifs douaniers sur ses principaux partenaires asiatiques

Le président Donald Trump a annoncé l’instauration de nouveaux droits de douane de 25 % sur les exportations en provenance du Japon et de la Corée du Sud, à compter du 1er août. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie commerciale plus large visant à exercer une pression accrue sur certains des principaux partenaires économiques des États-Unis. Parallèlement, le président a décidé de prolonger la suspension de l’application de hausses tarifaires plus sévères qui devaient toucher plusieurs dizaines d’autres pays dès le lendemain. Cette décision a immédiatement provoqué un recul des marchés financiers, les investisseurs percevant ces nouvelles mesures comme particulièrement pénalisantes pour deux économies parmi les plus étroitement intégrées aux chaînes d’approvisionnement américaines.

Dans un second temps, Trump a diffusé sur les réseaux sociaux plusieurs lettres officialisant des hausses tarifaires supplémentaires concernant d’autres pays. Il a notamment été annoncé que les exportations du Myanmar et du Laos seraient désormais soumises à des droits de douane de 40 %, celles de l’Afrique du Sud à un taux de 30 %, et celles du Kazakhstan et de la Malaisie à 25 %. Cette série de mesures tarifaires confirme une intensification des tensions commerciales et illustre une volonté affirmée de redéfinir les relations économiques internationales des États-Unis par le levier protectionniste.

Modou N’DIAYE,

Dakar, le 08 juillet 2025

Dépréciation du dollar et repositionnement géoéconomique des États-UnisAu cours des six derniers mois, le dollar américa...
01/07/2025

Dépréciation du dollar et repositionnement géoéconomique des États-Unis

Au cours des six derniers mois, le dollar américain a enregistré une dépréciation supérieure à 10 % par rapport aux principales devises de ses partenaires commerciaux, constituant ainsi son pire début d’année depuis 1973. Ce recul spectaculaire de la monnaie de réserve mondiale témoigne d’un changement profond dans la perception internationale de la stabilité économique et politique des États-Unis. Alors que le dollar est traditionnellement considéré comme une valeur refuge, les dynamiques récentes indiquent une érosion de cette confiance, marquée par une série de facteurs internes et externes convergents.

Parmi les causes les plus notables de cette perte de valeur figurent les politiques commerciales et diplomatiques adoptées sous l’administration Trump. Le virage vers une forme de nationalisme économique, illustré par une politique tarifaire offensive, a provoqué des incertitudes sur la scène internationale. L’annonce de tarifs douaniers à grande échelle, devant entrer en vigueur dès le 9 juillet, a déclenché une course précipitée parmi les pays partenaires pour conclure des accords bilatéraux, bien que ces efforts aient été entravés par la menace persistante de mesures additionnelles. Ce climat d’instabilité commerciale, nourri par des déclarations contradictoires et des revirements stratégiques fréquents, a contribué à détériorer le climat d’affaires mondial et à fragiliser la position du dollar comme instrument central des échanges internationaux.

Dans le même temps, le retrait relatif des États-Unis de certains engagements diplomatiques multilatéraux a renforcé l’impression d’un isolement stratégique croissant. Cette posture plus unilatérale, bien que justifiée par une volonté affichée de défendre les intérêts nationaux, a paradoxalement affaibli le pouvoir d’influence des États-Unis sur la gouvernance économique mondiale, accentuant les doutes sur la viabilité à long terme de leur leadership financier. L’inflation intérieure croissante, conjuguée à une dette publique en expansion rapide, a en outre alimenté les inquiétudes sur la soutenabilité budgétaire du pays, remettant en question la crédibilité de ses engagements monétaires et fiscaux.

Cette combinaison de tensions commerciales, d’orientation géopolitique incertaine et de déséquilibres macroéconomiques internes a conduit à un repositionnement des investisseurs internationaux vis-à-vis du dollar. Même si la rhétorique présidentielle s’est temporairement atténuée et que les marchés boursiers et obligataires américains ont connu un rebond après les pertes initiales du début d’année, la tendance à la dépréciation de la devise ne s’est pas inversée. Le dollar continue de s’affaiblir, ce qui illustre, au-delà de la simple fluctuation des taux de change, une dynamique plus structurelle de remise en cause de l’hégémonie monétaire américaine.

Comme l’a souligné Steve Englander, responsable mondial de la recherche sur les changes du G10, la question ne réside pas dans la valeur absolue du dollar, qu’elle soit forte ou faible, mais dans ce que cette valeur reflète sur la manière dont les politiques américaines sont perçues par le reste du monde. Le taux de change devient alors un baromètre de la confiance globale dans la stabilité institutionnelle, la prévisibilité réglementaire et la cohérence stratégique d’un pays. Dans ce contexte, la dépréciation du dollar ne saurait être interprétée comme un simple ajustement technique du marché, mais bien comme le symptôme d’une fragilisation plus profonde du rôle central des États-Unis dans le système financier international.

Par ailleurs, si certains partenaires commerciaux tentent de pallier les pertes liées à la contraction du commerce avec les États-Unis, ces efforts restent limités dans leur portée. Le Canada, par exemple, a annoncé la suppression des barrières commerciales internes, une mesure qui, bien qu’encourageante sur le plan régional, ne peut compenser à elle seule le recul des échanges transfrontaliers avec l’économie américaine. De même, les négociations entre les États-Unis et l’Union européenne, menées dans l’urgence afin de parvenir à un accord avant l’échéance de juillet, peinent à dépasser le stade de l’élaboration d’un cadre approximatif, tant les divergences structurelles et les incertitudes politiques demeurent fortes.

Dans un tel environnement, la trajectoire du dollar apparaît comme le reflet d’un rééquilibrage global des relations économiques et monétaires internationales. L’instabilité des politiques américaines, combinée à des facteurs économiques internes préoccupants, remet en question la durabilité de la position centrale qu’occupent les États-Unis dans l’ordre financier mondial. Cette situation appelle, à moyen terme, à une réévaluation du rôle des autres monnaies de réserve potentielles, ainsi qu’à une réflexion plus large sur les mécanismes de coordination monétaire internationale à l’heure d’un possible recul de l’unilatéralisme américain.

Modou NDIAYE

Dakar, le 01 juillet 2025

Le Sénégal devra rembourser 11 639,38 milliards FCFA de dette publique entre 2026 et 2028L’analyse du service prévisionn...
30/06/2025

Le Sénégal devra rembourser 11 639,38 milliards FCFA de dette publique entre 2026 et 2028

L’analyse du service prévisionnel de la dette publique de l’administration centrale du Sénégal pour la période 2026-2028, exprimée en milliards de francs CFA, met en lumière une dynamique budgétaire marquée par un alourdissement significatif de la charge de la dette, tant au titre du remboursement du principal que des intérêts, avec des implications directes sur la soutenabilité budgétaire à moyen terme. Le tableau fourni par la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor (DGCTP) ainsi que la Direction de la Dette Publique (DDP) révèle une structure duale de l’endettement, articulée entre dette extérieure et dette intérieure, chacune contribuant de manière différenciée à la pression sur les finances publiques.

En 2026, le total du service de la dette s’élève à 4 922,21 milliards FCFA, dont 3 911,30 milliards pour le remboursement du principal et 1 010,91 milliards pour les intérêts. Cette année-là, la dette intérieure représente un poids presque équivalent à celui de la dette extérieure, avec un service total de 2 370,04 milliards FCFA pour la première contre 2 552,17 milliards FCFA pour la seconde. Ce partage équilibré entre dette domestique et dette extérieure traduit une stratégie d’endettement diversifiée, mais soulève également des interrogations sur la capacité de l’État à gérer simultanément les pressions de refinancement internes et les obligations contractées auprès des créanciers extérieurs, notamment dans un contexte de vulnérabilité aux fluctuations des taux de change et aux conditions des marchés internationaux.

L’année 2027 marque une baisse apparente du service de la dette, avec un total prévisionnel de 3 367,19 milliards FCFA, dont 2 627,45 milliards pour le principal et 739,74 milliards pour les intérêts. Cette diminution, bien qu’en apparence rassurante, dissimule des tendances préoccupantes. La baisse significative de la composante extérieure (1 998,61 milliards) pourrait être interprétée comme un étalement ou un rééchelonnement des remboursements, mais elle coïncide avec une réduction de la dette intérieure à 1 368,58 milliards. Ce repli, qui pourrait résulter d’une stratégie de consolidation budgétaire, doit être confronté aux effets de court terme sur l’investissement public et la dynamique de croissance.

En 2028, une nouvelle stabilisation du service de la dette est attendue, à hauteur de 3 349,98 milliards FCFA. Toutefois, la composante intérieure connaît une légère hausse à 1 454,72 milliards FCFA, tandis que le service de la dette extérieure s’établit à 1 895,26 milliards. Cette évolution témoigne d’un maintien d’une pression structurelle sur les finances publiques, notamment à travers le poids croissant des intérêts, qui s’élèvent à 613,9 milliards cette année-là. Le ratio intérêts/principal reste particulièrement élevé, signalant une détérioration du coût de l’endettement et une exposition accrue à des conditions de financement potentiellement défavorables.

Ces trajectoires font apparaître plusieurs risques majeurs. D’une part, la soutenabilité de la dette publique pourrait être menacée en l’absence d’une croissance économique robuste et inclusive. D’autre part, la hausse des paiements d’intérêts réduit l’espace budgétaire disponible pour les dépenses sociales et les investissements structurants, compromettant les objectifs de développement à moyen terme. En outre, la part importante de la dette extérieure expose le Sénégal à des aléas exogènes, tels que les hausses des taux directeurs des banques centrales des pays créanciers ou la dépréciation du franc CFA face aux devises de libellé de la dette.

Il en résulte une nécessité urgente de reconsidérer la stratégie d’endettement public. Celle-ci devra conjuguer discipline budgétaire, efficacité de la dépense publique et diversification des sources de financement. La mobilisation accrue des ressources fiscales intérieures, à travers un élargissement de l’assiette et une meilleure administration de l’impôt, représente également un levier fondamental pour réduire la dépendance à l’endettement. Par ailleurs, la soutenabilité de la dette ne saurait être appréciée uniquement en termes de ratios quantitatifs : elle doit également intégrer les finalités de l’endettement, sa contribution au développement durable et son articulation avec les priorités stratégiques du pays.

En conclusion, le profil du service de la dette publique sénégalaise pour la période 2026-2028 suggère une situation de fragilité croissante, nécessitant des mesures correctives immédiates et une gouvernance rigoureuse des finances publiques. La maîtrise de l’endettement, loin d’être une fin en soi, doit s’inscrire dans une stratégie de croissance inclusive, équitable et résiliente, capable de préserver la stabilité macroéconomique tout en répondant aux aspirations sociales du pays.

Modou N’DIAYE

Dakar, le 30 juin 2025

La trajectoire alarmante de la dette publique sénégalaise : une menace pour la stabilité macroéconomiqueLa trajectoire d...
30/06/2025

La trajectoire alarmante de la dette publique sénégalaise : une menace pour la stabilité macroéconomique

La trajectoire de la dette publique sénégalaise a récemment connu une inflexion préoccupante, à la lumière des données budgétaires actualisées pour l’année 2023. Selon un rapport publié par Barclays Plc, l’encours de la dette s’élèverait désormais à 119 % du produit intérieur brut (PIB), un niveau sensiblement supérieur aux 99,7 % précédemment établis par un audit officiel des finances publiques. Ce décalage révèle une sous-estimation significative de la réalité budgétaire et soulève des interrogations quant à la fiabilité des données économiques antérieurement communiquées.

Cette réévaluation à la hausse de l’endettement expose le pays à de nouveaux risques macroéconomiques, en particulier en ce qui concerne la viabilité de sa trajectoire budgétaire à moyen terme. Comme l’indique Michael Kafe, économiste chez Barclays, cette situation est susceptible de compromettre les négociations en cours avec le Fonds monétaire international (FMI), dans un contexte où la confiance des partenaires internationaux repose fortement sur la transparence et la crédibilité des indicateurs fiscaux. Selon cette même source, le Sénégal apparaît désormais comme l’État le plus endetté d’Afrique, rejoignant le cercle restreint des pays du continent dont la dette publique excède le seuil critique des 100 % du PIB en 2024.

Les répercussions sur les marchés financiers ont été immédiates. Les obligations souveraines sénégalaises libellées en dollars, notamment celles arrivant à échéance en 2033, ont connu une dépréciation notable, perdant jusqu’à 3,81 cents par dollar de valeur nominale, pour atteindre un plancher historique de 64,69 cents à la clôture. Sur l’ensemble de l’année, ces titres ont accusé une perte de 9,1 %, ce qui en fait les obligations les moins performantes de l’univers des marchés émergents, devançant même celles de l’Ukraine, qui ont enregistré une baisse de 8,6 %, selon les données compilées par Bloomberg.

Face à cette dégradation des indicateurs financiers, les autorités sénégalaises se sont abstenues de tout commentaire, malgré les sollicitations médiatiques. Ce silence institutionnel contraste avec l’urgence de la situation économique actuelle, marquée par une dynamique d’endettement préoccupante, une hausse soutenue du service de la dette et un creusement du déficit budgétaire. Cette détérioration des équilibres macroéconomiques s’inscrit dans un contexte hérité, caractérisé par une sous-déclaration des indicateurs fondamentaux sous l’administration antérieure.

Les projections révisées par Barclays laissent entendre qu’un retour à un niveau d’endettement inférieur à 100 % du PIB pourrait nécessiter près d’une décennie, repoussant ainsi l’échéance antérieurement estimée à 2028.

Par ailleurs, la vulnérabilité de la dette sénégalaise face aux fluctuations des devises étrangères s’intensifie. La part de l’endettement public libellé en monnaies étrangères est passée de 63 % en 2023 à 71 %, accentuant l’exposition du pays aux chocs exogènes sur les marchés de change. Cette évolution accroît les risques pesant sur la soutenabilité de la dette et appelle à une reconfiguration urgente des politiques économiques, tant en matière de gestion budgétaire que de stratégie d’endettement.

Modou N’DIAYE

Dakar, le 30 juin 2025

Souveraineté monétaire et intégration régionale : la position du Premier ministre Ousmane Sonko sur le franc CFA La ques...
19/05/2025

Souveraineté monétaire et intégration régionale : la position du Premier ministre Ousmane Sonko sur le franc CFA

La question de la monnaie en Afrique francophone continue de cristalliser les débats sur la souveraineté, la dépendance postcoloniale et la capacité des États à se doter d’instruments de développement autonome. Le 19 mai 2025, à partir de 19h00, lors d’un entretien de plus de quarante minutes diffusé sur la télévision publique burkinabè (RTB) depuis Ouagadougou, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a réaffirmé avec clarté et constance sa position sur la monnaie CFA, tout en soulignant la nécessité impérieuse d’une réforme à la fois symbolique et structurelle. Cette intervention s’inscrit dans une tradition intellectuelle et politique que Sonko revendique explicitement comme étant continue, documentée et guidée par une vision panafricaniste assumée. À ses yeux, l’objectif ultime reste l’intégration régionale africaine, mais celle-ci ne peut s’accomplir que si les outils fondamentaux de souveraineté, au premier rang desquels figure la monnaie, sont pleinement maîtrisés par les Africains eux-mêmes.

Le Premier ministre a d’abord réitéré l’importance stratégique d’un espace sous-régional intégré, reposant sur un marché commun, une politique tarifaire unifiée et une monnaie partagée. Il voit dans cette intégration un processus sain et souhaitable dans un monde où les grandes puissances ne cessent de se regrouper pour renforcer leur poids économique et géopolitique. Toutefois, il introduit une distinction fondamentale entre l’idée d’une monnaie commune africaine et la réalité actuelle du franc CFA. Ce dernier, bien qu’utilisé par plusieurs pays africains depuis l’époque coloniale, conserve selon lui des caractéristiques qui l’inscrivent dans une continuité historique problématique avec l’ordre colonial. Même si les sigles ont changé de signification au fil du temps, l’appellation CFA continue de porter une charge symbolique qui, à ses yeux, constitue un frein à la pleine émancipation économique des pays concernés.

Au-delà des symboles, Ousmane Sonko insiste sur la nature fonctionnelle de la monnaie en tant qu’instrument fondamental de la politique publique. Si la politique budgétaire reste entre les mains des États africains, leur dépendance à une monnaie dont ils ne contrôlent ni l’émission, ni la parité, ni les mécanismes d’ajustement monétaire, limite drastiquement leur marge de manœuvre. Selon lui, la principale interrogation qui se pose aujourd’hui est de savoir si le franc CFA, dans son ancrage actuel à l’euro et à la zone euro, correspond aux impératifs de développement des pays utilisateurs. Or, la réponse est négative : il s’agirait d’une monnaie trop forte pour des économies encore peu industrialisées, largement tournées vers l’importation, et peu compétitives à l’exportation. Dans une logique de substitution des importations, que prône son gouvernement, une telle rigidité monétaire devient un obstacle majeur.

En effet, le CFA ne permet pas aux États de conduire des politiques monétaires contra-cycliques ou d’utiliser la dévaluation comme outil d’ajustement. Cela expose les pays à une série de vulnérabilités : déficit chronique de la balance commerciale, dépendance aux capitaux extérieurs, et tensions budgétaires accrues. C’est dans cette optique que Sonko appelle à un changement de paradigme, appuyé par des travaux techniques déjà entamés au sein de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Il souligne que le travail technique a déjà été accompli et que la b***e est désormais dans le camp des chefs d’État, qui doivent trancher politiquement en faveur d’une réforme structurelle, voire d’un changement de système monétaire.

Il n’en demeure pas moins que cette posture réformiste reste fondamentalement panafricaniste. Sonko ne plaide pas pour une sortie unilatérale ou un isolement économique, mais bien pour une transformation collective et souveraine. Il souhaite que cette réforme soit menée de manière concertée avec les partenaires régionaux, dans un esprit de cohésion, tout en affirmant que le Sénégal assumera pleinement ses responsabilités si les conditions de cette réforme ne sont pas réunies. Cette position de fermeté responsable vise à préserver l’unité tout en refusant l’immobilisme. La souveraineté monétaire ne saurait être sacrifiée au nom d’un panafricanisme de façade, qui ignorerait les intérêts fondamentaux des peuples et des économies africaines. Pour Sonko, la cohésion continentale ne peut se construire que sur la base de principes justes et d’intérêts bien compris.

L’intervention du Premier ministre sénégalais participe ainsi d’un moment politique crucial pour l’Afrique de l’Ouest. Elle marque une volonté de rompre avec les inerties héritées de la colonisation, sans pour autant céder aux tentations de l’isolement ou de la rupture brutale. Elle témoigne aussi de la maturité d’un discours politique qui reconnaît la complexité des rapports monétaires internationaux tout en affirmant la nécessité d’une émancipation maîtrisée. La monnaie, dans cette perspective, n’est pas un simple outil technique, mais le cœur battant de la souveraineté économique. Il ne s’agit pas seulement de changer de nom, ni même de rompre des liens techniques, mais de restaurer la capacité des États africains à décider par eux-mêmes des conditions de leur développement. Ce combat, selon Sonko, doit être mené avec détermination, avec méthode, et avec un sens aigu des responsabilités envers les peuples africains.

Modou N’DIAYE

Lundi, le 19 mai 2025

Émission de Titres Publics de la Guinée-Bissau via UMOA-Titres : Mobilisation de Bons et Obligations du Trésor sur le Ma...
16/05/2025

Émission de Titres Publics de la Guinée-Bissau via UMOA-Titres : Mobilisation de Bons et Obligations du Trésor sur le Marché Régional

L’État de Guinée-Bissau, à travers une coopération institutionnelle avec UMOA-Titres et avec l’appui de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, a organisé une émission simultanée de titres publics dont l’adjudication est prévue pour le 19 mai 2025. Cette opération vise à mobiliser des ressources à court et moyen terme par la cession de bons et d’obligations du Trésor. L’appel d’offres est régi par le Règlement n°06/2013/CM/UEMOA relatif aux émissions de bons et obligations du Trésor par voie d’adjudication. Ce cadre réglementaire encadre les mécanismes de recours au marché financier régional par les États membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine, et garantit la transparence et la compétitivité des opérations.

L’émission concerne trois instruments distincts : deux Bons Assimilables du Trésor (BAT) d’une maturité respective de 80 jours et de 364 jours, et une Obligation Assimilable du Trésor (OAT) d’une maturité de 3 ans. Le montant global mis en adjudication s’élève à 10 000 millions de francs CFA. La date de valeur retenue est fixée au 20 mai 2025. Les titres seront émis à des prix multiples, reflétant la compétitivité des offres reçues. Pour les BAT, les intérêts sont payés d’avance et précomptés sur la valeur nominale, tandis que pour l’OAT, les intérêts seront payés annuellement à un taux fixe de 6,25 %, à partir de la fin de la première année. Le remboursement du capital interviendra à l’échéance respective de chaque instrument, soit le 7 août 2025 pour les BAT à 80 jours, le 18 mai 2026 pour ceux à 364 jours, et le 25 mars 2028 pour l’OAT à trois ans.

Les offres seront transmises à travers l’application SAGETIL-UMOA, plateforme numérique dédiée aux opérations de soumission et de traitement des émissions de titres publics dans l’espace UEMOA. Une part de 25 % du montant total mis en adjudication est réservée sous forme d’offres non compétitives aux Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) habilités par l’émetteur. Cette disposition favorise la stabilité de la demande en assurant un accès privilégié aux SVT tout en renforçant leur rôle d’animation du marché secondaire. Elle témoigne de la volonté des autorités financières de consolider un écosystème de marché plus prévisible et plus attractif, notamment en ce qui concerne la liquidité des titres émis.

L’opération constitue une initiative structurante dans le cadre de la politique de gestion active de la dette publique. En diversifiant les maturités et en sollicitant des ressources à la fois à court et moyen terme, l’État de Guinée-Bissau poursuit une stratégie de financement adaptée à ses besoins de trésorerie immédiats tout en maîtrisant son profil d’endettement. Ce recours au marché régional s’inscrit dans un contexte où la discipline budgétaire, la transparence des financements et l’intégration financière régionale sont devenues des exigences partagées par l’ensemble des pays membres de l’UEMOA. L’émission du 19 mai 2025 illustre ainsi la capacité croissante des États de l’Union à utiliser les mécanismes de marché pour répondre à leurs besoins de financement, tout en respectant les principes de soutenabilité et d’efficience.

La participation à cette adjudication est ouverte aux acteurs habilités, dans le respect du calendrier officiel communiqué par les autorités. Le dépôt des soumissions est prévu pour le lundi 19 mai 2025 à 10h30 TU, heure limite fixée pour la réception des offres. Pour tout renseignement complémentaire, les acteurs du marché peuvent contacter UMOA-Titres, dont les coordonnées sont mises à disposition à cet effet. Par cette opération, la Guinée-Bissau réaffirme son engagement à renforcer son ancrage dans le marché régional des titres publics, à optimiser ses conditions de financement et à promouvoir une gestion rigoureuse, transparente et proactive de ses ressources financières.

Modou N’DIAYE
Vendredi, le 16 mai 2025

La mobilisation des ressources intérieures par les émissions de titres publics : Analyse de l’opération d’adjudication d...
16/05/2025

La mobilisation des ressources intérieures par les émissions de titres publics : Analyse de l’opération d’adjudication du 20 mai 2025 initiée par l’État de Côte d’Ivoire

Dans le cadre de la consolidation des mécanismes de financement endogène et de la dynamisation des marchés financiers régionaux, l’État de Côte d’Ivoire a lancé, avec le concours d’UMOA-Titres et sous l’égide de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), une émission simultanée de titres publics sur le marché régional de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), prévue pour le 20 mai 2025. Cette opération constitue une illustration significative des efforts déployés par les États membres de l’UEMOA pour renforcer la mobilisation des ressources intérieures à travers les marchés de capitaux locaux, tout en diversifiant leurs instruments de dette publique.

L’émission porte sur un montant total de soixante-dix milliards (70 000 000 000) de francs CFA, ventilé entre plusieurs lignes de maturité distinctes : des Bons Assimilables du Trésor (BAT) d’une échéance de 364 jours, et des Obligations Assimilables du Trésor (OAT) d’échéances respectives de 3 ans, 5 ans et 7 ans. Cette structuration répond à un double objectif : satisfaire les besoins de trésorerie immédiats à travers des instruments de court terme (BAT), et assurer un lissage du profil de remboursement de la dette publique sur le moyen et long terme grâce aux OAT.

Les BAT, émis pour un montant de 25 milliards FCFA, sont caractérisés par une maturité d’un an, avec un remboursement in fine le 19 mai 2026. La particularité de ce type d’instrument réside dans le paiement anticipé des intérêts, ceux-ci étant précomptés sur la valeur nominale. Autrement dit, les investisseurs acquièrent le titre à un prix inférieur à sa valeur faciale et perçoivent, à l’échéance, le montant intégral du principal. Ce mécanisme de précompte constitue une modalité classique pour les titres de court terme et permet une simplification des flux financiers.

Les OAT, quant à elles, sont réparties en trois tranches de 15 milliards FCFA chacune, avec des maturités de 3, 5 et 7 ans. Elles offrent des taux d’intérêt annuels fixes de 5,70 %, 5,90 % et 6,00 % respectivement. Le paiement des intérêts est prévu sur une base annuelle, à compter de la fin de la première année, tandis que le remboursement du principal interviendra en totalité à la date d’échéance. Ce type de structure vise à attirer un spectre plus large d’investisseurs institutionnels recherchant une prévisibilité des flux financiers et une rémunération régulière.

L’émission est réalisée par voie d’adjudication compétitive, via la plateforme SAGETIL-UMOA, développée pour la gestion électronique et sécurisée des titres publics au sein de l’Union. À ce titre, les investisseurs sont invités à soumettre des offres contenant le montant désiré et le taux d’intérêt proposé. L’État retient les offres les plus avantageuses, c’est-à-dire celles qui offrent les taux les plus bas, jusqu’à atteindre le volume désiré. Ce mécanisme permet à l’émetteur de bénéficier de conditions de marché potentiellement favorables, tout en assurant une transparence et une équité dans le processus de sélection des soumissionnaires.

Il convient de noter que 25 % du montant mis en adjudication est réservé aux Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) sous la forme d’offres non compétitives. Ce dispositif vise à renforcer la liquidité du marché, à garantir un socle minimal de demande, et à promouvoir la stabilité des émissions souveraines. Les SVT jouent ainsi un rôle crucial dans l’animation du marché primaire comme secondaire, en tant qu’intermédiaires privilégiés entre l’État et les investisseurs.

Au-delà de sa dimension technique, cette opération d’émission de titres s’inscrit dans une stratégie plus large de développement du marché financier régional et de réduction de la dépendance aux financements extérieurs. Elle illustre la montée en puissance du recours aux marchés domestiques et régionaux comme vecteurs de financement du développement. En permettant aux États de mobiliser l’épargne locale et régionale, ces marchés favorisent une meilleure appropriation des politiques budgétaires et une plus grande souveraineté financière.

Toutefois, la multiplication des émissions, dans un contexte marqué par une augmentation des besoins de financement post-crise (sanitaire, sécuritaire, climatique), soulève des préoccupations quant à la soutenabilité de la dette publique. La gestion active de la dette, l’optimisation des coûts d’emprunt et l’utilisation efficiente des fonds levés sont dès lors des impératifs stratégiques. Par ailleurs, la coordination entre les politiques de dette et les politiques monétaires et fiscales devient indispensable pour éviter les effets d’éviction, maintenir la stabilité macroéconomique, et préserver la confiance des investisseurs.

En somme, l’opération d’adjudication du 20 mai 2025 par l’État de Côte d’Ivoire, encadrée par UMOA-Titres, constitue une étape importante dans la consolidation des marchés régionaux de dette publique en Afrique de l’Ouest. Elle matérialise les avancées institutionnelles en matière de gestion financière publique, tout en rappelant les défis persistants liés à l’endettement et à la soutenabilité budgétaire dans les économies africaines en transition.

Modou N’DIAYE

Vendredi, le 16 mai 2025

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