14/06/2023
Decroix et la bannière (Chronique Mame Less Camara)
Par
Actusen
-
mars 12, 2018

Mamadou Diop Decroix avait été exclu de l’Université de Dakar et enrôlé de force dans l’armée en mars 1971. Pr Abdoulaye Bathily, autre victime de cette mesure, en rappelle les circonstances dans son ouvrage «Mai 68 à Dakar» (Editions Chaka, 1992). Macky Sall avait dix ans et ses fonctions actuelles de président de la République étaient occupées par Léopold Sédar Senghor. Quarante-sept ans après, les Gouvernements sénégalais continuent d’arrêter Decroix et certains autres acteurs de l’époque comme Me Madické Niang ou Dialo Diop qui, à l’occasion, battent encore le macadam, porteurs des mêmes revendications démocratiques.
Ce piétinement est le signe que quelque chose refuse d’avancer, dans une démocratie, dont on est prompts à s’enthousiasmer des progrès, sans prendre le soin de les mesurer pour en guérir les stagnations et répriment. Les mêmes raisons qui avaient fait arrêter le futur député d’And-jëf en 1968, alors qu’il n’était qu’un élève, sont les mêmes qui l’envoient au poste de police durant toute une journée. Personne ne doit plus être arrêté au Sénégal, au motif qu’il organise une marche, pour manifester un quelconque sentiment. S’il le fit dans le respect de la loi, il faut alors le laisser marcher à la grande gloire des droits acquis par les citoyens au prix de souffrances, au risque parfois de leur vie. C’est ce que Martin Luther King disait à peu près aux autorités de son pays, à propos des Africains Américaines auxquels peu de libertés étaient reconnues.
Quelqu’un comme Mamadou Diop Decroix a payé le prix, bien plus souvent qu’à son tour, pour qu’un tel droit soit respecté. Il ne l’a pas fait tout seul mais il n’a pas cessé de le faire. Cela lui a valu de nombreuses arrestations : en 1968, 1969, 1971, 1975,1980, 1985. Il a été victime d’un traumatisme crânien en 1989, résultat d’une intervention policière musclée à la suite d’un sit-in d’un syndicat de