25/07/2025
🇹🇩 | Opinion libre TchadOne par Eric Ngarlem Tolde : « République des passe-droits : les dessous mafieux des dernières affectations judiciaires au Tchad »
Les récentes affectations dans le système judiciaire tchadien ont été habillées d’un vernis de réforme, de moralisation et de dynamisation. En réalité, elles ne sont qu’un écran de fumée destiné à masquer un système mafieux bien rôdé, gangréné par les réseaux d’intérêts, les coups de fil politiques et les combines de salon. Ce qui devait être un acte de justice n’est qu’un énième épisode de partage de gâteaux entre clans bien placés.
Un système judiciaire privatisé par les réseaux mafieux
À Moundou, les nominations illustrent parfaitement cette dérive. Le président du tribunal, Brahim Ali Kola, est un ancien procureur tristement célèbre pour avoir escroqué de nombreux justiciables à l’époque où il sévissait dans les parquets. L’actuel procureur de la République près la cour de Moundou, Ahmat Adam Alhour, traîne une réputation de raquetteur notoire. Son passage à Laï en est encore une preuve vivante : corruption à ciel ouvert, chantages judiciaires, libertés vendues au plus offrant.
Et ce n’est pas tout : l’ancien procureur général de Sarh, impliqué dans plusieurs affaires de libérations monnayées de détenus, n’a pas été sanctionné. Au contraire, il a été récompensé par un poste de conseiller à N’Djamena, nous y reviendrons sur ce cas amplement. Dans cette justice-là , plus vous êtes compromis, plus vous grimpez.
Un décret confisqué, trituré, détourné
Le décret censé réorganiser les postes dans la magistrature a mis des mois à voir le jour. Non pas pour des raisons techniques ou administratives, mais parce qu’il a été bloqué, tripatouillé et instrumentalisé par ceux qui tiennent les leviers du système. À leur tête : Samir Adam Annour, président de la Cour suprême, qui a méthodiquement utilisé son poste pour placer ses proches, ses obligés, et tous ceux qui le servent.