29/06/2025
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
N’Djamena, 29 juin 2025
COLLECTIF DES ASSOCIATIONS ET GROUPEMENTS DES DÉPARTEMENTS DE MAYO-BINDER, LAC-LÉRÉ, EL-OUYA ET MAYO-DALLAH POUR LA DÉFENSE DES DROITS DES VICTIMES DE L’EXTENSION ET DE LA MAUVAISE GESTION DU PARC NATIONAL ZAH-SOO.
Nous, ressortissants des départements de Mayo-Binder, Lac-Léré, El-Ouya et Mayo-Dallah, réunis au sein du Collectif des Associations et Groupements pour la Défense des Droits des Victimes de l’Extension et de la Mauvaise Gestion du Parc National Zah-Soo, portons à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale les graves conséquences liées à l’extension de ce parc, réalisée sans mesures d’accompagnement ni indemnisation, ainsi que les effets néfastes de sa mauvaise gestion par l’ONG NOÉ et les autorités locales.
Ces dernieres, agissant au nom d’une convention locale manifestement illégale, soumettent les populations concernées à des exactions, les séquestrent dans des camps créés à cet effet, et leur infligent des amendes arbitraires.
Rappels importants :
Le Parc National Zah-Soo a été créé le 15 mars 2022, au sein de la réserve de faune dite Binder-Léré, par la Loi N°003/PCMT/2022, portant sa superficie à 81 000 hectares, sans accord explicite des populations, ni indemnisation ou dédommagement.
Pour mémoire, la réserve de faune dite Binder-Léré, créée par le Décret N°169/PR/EFPC/PHR du 24 mai 1974, ne couvrait que 13 000 hectares. À l’époque, ses limites se situaient à plus de 15 km des villages ; aujourd’hui, ces derniers se retrouvent pratiquement engloutis dans le parc.
La mauvaise gestion du parc par le Complexe d’Aires Protégées de Binder-Léré (CAPBL) et l’ONG NOÉ n’a entraîné que désolation et souffrances pour les populations locales.
Le rapport de mission du Collectif, ainsi que les procès-verbaux établis par un huissier de justice en octobre 2023 et mai 2025, attestent de la spoliation des terres agricoles et zones de pâturage, ainsi que des nombreuses exactions subies. Des villes comme Binder, ainsi que plusieurs villages, se trouvent à moins de 200 mètres du parc, voire intégralement inclus dans ses limites, avec des menaces de déguerpissement.
En seulement deux ans, des milliers de champs ont été détruits par les éléphants, qui pénètrent jour et nuit dans les zones habitées, causant dégâts et attaques sur les populations.
Cette situation a engendré :
- L’absence de terres cultivables,
- La disparition des zones de pâturage,
- La destruction continue des moyens de subsistance,
- Une montée alarmante de la pauvreté, de l’insécurité et des conflits agriculteurs-éleveurs.
Pire encore, l’ONG NOÉ, le CAPBL et les autorités locales ont signé une convention locale illégale, dont le seul objectif est la spoliation des populations et l’enrichissement illicite de certains individus, par le biais d’amendes arbitraires réparties ainsi :
- Sous-préfets : 20 %
- Chefs de canton concernés : 15 %
- Sarkissanou concerné : 5 %
- CAPBL : 15 %
- Magistrats, OPJ et autres agents : 5 %
- Trésor public : 40 %
Sur cette base, les populations, notamment les éleveurs et agriculteurs, subissent exactions, arrestations et séquestrations avec leur bétail, dans des camps transformés en pseudo-tribunaux. Des millions de F CFA sont extorqués chaque année. Or s’il y avait lieu de signer une convention locale quelconque, elle devrait porter sur les limites concertées avec l’ensemble des populations, les accords d’indemnisation et l’affectation d’une partie de revenus legaux du parc au profit des populations affectées.
Depuis 2023, le collectif a entrepris plusieurs démarches auprès des autorités, sans solution appropriée à ce jour.
Nous, ressortissants des départements concernés, exigeons :
1. L’annulation immédiate de cette convention illégale, outil de spoliation et d’extorsion des populations locales ;
2. La réduction de la superficie actuelle du parc (81 000 ha) à moins que celle de la réserve de 1974 (13 000 ha), ou le retour au statut initial de réserve de faune
3. La délimitation et fixer une zone tampon du parc pour éviter toute confusion et limiter la divagation des animaux sauvages ;
4. L’indemnisation et le dédommagement des victimes dont les terres ont été arrachées ou détruites ;
5. La mise en œuvre de projets de développement local dans les zones affectées.
En cas de non-satisfaction, les populations des départements de Mayo-Binder, Lac-Léré, El-Ouya et Mayo-Dallah se réservent le droit de mener des actions d’envergure.
Pour le Collectif,
Le Secrétaire Exécutif,
Me TIZI Joël