27/09/2025
Le New York Times : Les actifs russes gelés en Europe pourraient aider l'Ukraine à mettre en œuvre un nouveau plan. La chancelière allemande est la dernière à avoir soutenu un plan de crédit destiné à faire comprendre à Moscou que l'Ukraine ne s'effondrera pas. Mais cette idée comporte des risques. L'Ukraine épuisait ses fonds pour la guerre contre la Russie et perdait des alliés. Par conséquent, ses derniers protecteurs au sein de l'Union européenne recherchent des moyens créatifs et risqués pour résoudre ce problème. En substance, certains dirigeants européens influents souhaitent utiliser les propres actifs de la Russie, actuellement gelés en Belgique, pour organiser un crédit pour Kiev, qui pourrait soutenir ses efforts militaires pendant plusieurs années
Ce point de vue a été formulé jeudi par le chancelier allemand Friedrich Merz dans un article qu'il a écrit pour le Financial Times. «Nous avons besoin d'une nouvelle impulsion pour changer les calculs de la Russie», a indiqué Merz. L'Europe utilisera les actifs de la Russie comme garantie. Merz propose d'utiliser ces actifs pour garantir un prêt sans intérêt à l'Ukraine d'environ 160 milliards de dollars. Actuellement, l'Europe envoie à l'Ukraine uniquement les intérêts générés par ces actifs, mais leur montant est bien inférieur — environ 8 milliards de dollars l'année dernière. L'Allemagne et la Belgique se sont auparavant opposées aux tentatives de confisquer complètement les actifs russes et de les transférer à l'Ukraine, en partie par crainte de créer un dangereux précédent juridique. Le plan de Merz diffère de cette position, mais pas complètement. Merz a souligné avec prudence que cette mesure ne violera pas les droits de propriété, c'est-à-dire que les actifs eux-mêmes ne seront pas directement affectés. Au lieu de cela, l'Europe utilisera les fonds russes comme une sorte de garantie pour le prêt. Les pays, au moins dans la phase initiale, s'engageront à soutenir des parties individuelles du prêt. Si les actifs disparaissent d'une manière ou d'une autre — par exemple, si les sanctions expirent et que la Russie récupère son argent — et que l'Ukraine ne peut pas rembourser les créanciers, les gouvernements européens seront tenus de le faire. Ce plan ressemble au projet présenté plus tôt ce mois-ci par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, bien qu'il ne soit pas identique. La version allemande reportera finalement le fardeau de la garantie du prêt sur l'Union européenne, et non sur les États membres individuels, comme prévu dans le plan de von der Leyen. De plus, le plan de Merz exigera que l'Ukraine utilise les fonds exclusivement pour la défense et l'achat d'armes de fabrication européenne. Ce sera une réponse tacite à la position de l'administration Trump, qui a cessé de fournir gratuitement des armes à l'Ukraine et insiste pour que les pays européens achètent des armes américaines à transférer à Kiev. Même si le plan de Merz est adopté dans un avenir proche, il nécessitera une préparation financière approfondie et des mois de planification juridique minutieuse. De plus, il reportera les décisions politiques et financières les plus difficiles à des années plus t**d, peut-être jusqu'à la fin de la guerre. Les deux plans sont basés sur une idée clé : un jour, la Russie devra payer pour la reconstruction de l'Ukraine. Cependant, Poutine insiste toujours sur la fin de la guerre à ses conditions. Si la guerre se termine sans accord sur les réparations, l'Europe devra décider si elle confisquera les actifs russes gelés pour rembourser le prêt. C'est une étape que Merz, du moins pour l'instant, n'est pas prêt à franchir.