03/22/2025
QUAND S. FAN THOMAS ET PRINCE EYANGO INVENTAIENT LA MODERNITÉ DU MAKOSSA
Pour ce que j'en sais, il y a, au demeurant, trois tendances qui se sont dégagées, quand vint l'heure d'inventer la modernité du makossa, au cours des années 80, temps des apogées pour la musique camerounaise qui régnait alors sans partage sur l'Afrique et les caraibes.
Au fond, le Makossa a été victime de la richesse et de la diversité de ses talents. Dans cette saga des génies des années 80, je distingue trois grands groupes.
1- L'école anglosaxone:
Dans laquelle je classe Ekambi Brilliant, Bill Loko (avec son légendaire Nen Lambo); et biensûr Stéphane Dayas et Esa. Ce qu'ils ont en commun, c'est d'avoir savamment introduit les sonorités "funk" dans le makossa. Ce "funk makossa" d'inspiration anglosaxone a eu ses heures de gloire. Mais, il faut bien admettre qu'elle peine à se donner un nouveau souffle depuis le début des années 2000.
2- L'Ecole Franco-cariibéenne
Elle avait sa base à Paris. Avec ses egeries et ses arrangeurs fétiches: Aladji Toure, Toto Guillaume, Guy Sangue, Vicky Edimo.
En réalité, ce que j'appelle "école Franco-caribéenne", ce sont les "héritiers naturels" de la grande école classique du Makossa. Ils ont rencontré et subi l'influence des musiques du monde, en vogue dans la capitale française. Une frange de cette école allait faire de la résistance. Tandis que l'autre emboitait le pas au zouk naissant et triomphant, pour nous offrir ce qui allait devenir le 《Makossa love》. Une musique qui épousait aussi l'air du temps, fait de crise économique au Cameroun, et d'une certaine morosité qui commençait à gagner le climat social dans nombre de pays africains. Petit Pays (arrangé par le cap-verdien, Manu Lima) et Hoïgen, symbolisent le mieux ce revirement rythmique et mélodique du makossa, mué en 《Makossa love》.
3- L'école Afro-camerounaise
Elle est allée puiser dans les entrailles des musiques camerounaises et africaines pour reinventer le makossa. Je dis 《africaines》, parce que le "Zoblazo" n'est rien d'autre que du makossa, revu à la sauce "Akan", par M. Frédéric Ewy Meiway. Et, à vrai dire, Meiway, comme il l'avoua lui-même devant micro, n'aurait jamais fait le "zoblazo", s'il n'avait pas eu la chance d'écouter un certain Sam Fan Thomas. Sam, l'orfèvre!
Nous devons à la vérité, de reconnaître que Sam Fan Thomas et Prince Eyango sont les deux grands symboles de l'école Afro-camerounaise du "Makossa new look" des années 80. Force est de constater que devant la bourasque qui allait l' ébranler, seuls le Makassi (de Sam) et le Soul Botigo (du Prince de Galmoa) allaient faire preuve d'une extraordinaire résilience.
Ecoutez la chanson Alima de Prince Eyango ou Mandela de Sam Fan Thomas. Puis, écoutez juste après, le meilleur du coupé décalé (Kpangor) de Dj Arafat, vous comprendrez pourquoi je postule qu'au niveau rythmique, Sam Fan Thomas et Prince Eyango étaient déja dans le futur. Ils ont inventé ce qui qui aurait dû être la voie de la modernité du Makossa, si tant est que nous volûmes en faire une musique qui se danse encore; et encore...
J'ose dire (mais je parle sous le contrôle des experts) qu'il y a dans le Makassi (mélange du makossa et du Tchamassi) et le Soul Botigo, des ressouces puissantes pour remettre le makossa au goût du jour, et en faire un instrument de conquête des parts de marché et des "dance floor", sur l'échiquier africain et l'ensemble du monde noir.
C'est ce que je crois.
Luc Perry Wandji