11/20/2025
Le Sacrifice des Aînés : Une Vérité Douloureuse de certaines Familles Haïtiennes
Dans l’ombre de nombreuses familles haïtiennes, il existe un cri qui ne se fait jamais entendre, mais qui résonne pourtant dans chaque geste, chaque regard, chaque silence :
le cri des aînés qui se sacrifient jusqu’à l’os pour que les plus jeunes puissent respirer un avenir qu’eux-mêmes n’ont jamais connu.
L’aîné, c’est souvent celui qui ne choisit rien.
On lui demande de comprendre, avant même d’avoir compris la vie.
On lui demande de porter, avant même d’avoir trouvé sa propre force.
Il devient pilier avant d’avoir été enfant.
Pendant que les autres jouent, il compte l’argent qui manque.
Pendant que les autres rêvent, il éteint les siens pour payer les dettes, acheter les cahiers, remplir les sacs d’école.
Il marche dans la vie avec des pas trop lourds, trop grands, trop rapides pour un cœur qui, souvent, n’a même pas eu le temps de guérir de ses propres blessures.
Chaque matin, sa fatigue se cache derrière un sourire.
Un sourire qui dit « tout va bien », alors que tout brûle à l’intérieur.
Il sait qu’il ne peut pas tomber, parce que si lui tombe… tout s’écroule derrière lui.
Et pourtant, il continue.
Il travaille sous la pluie, sous le soleil, parfois sous l’injustice.
Il accepte les humiliations, les longues journées, les nuits écourtées… parce que dans son esprit, l’avenir des plus jeunes vaut plus cher que sa propre liberté.
Mais la vérité la plus dramatique est celle-ci :
souvent, l’aîné se perd en chemin.
Ses rêves fanent, ses ambitions se dispersent, son cœur devient lourd de regrets qu’il n’avouera jamais.
Personne ne lui demande ce qu’il ressent.
Personne ne voit ses larmes discrètes.
On lui dit seulement :
— “Ou se gran frè a.”
— “Ou se gran sè a.”
Comme si cela suffisait à effacer la douleur.
Pourtant, derrière chaque petit qui réussit, il y a un aîné qui a donné plus que son temps :
il a donné sa jeunesse, sa force, et souvent une partie de son âme.
Et même si son nom est rarement prononcé lorsqu’on célèbre une réussite, la vérité est simple :
sans lui, beaucoup de rêves n’auraient jamais pris vie.
CHAPEAU À TOUS LES «PIGRANS»
KAY ANO 20/11/2025