08/04/2025
CHAPITRE 4 : LA RENCONTRE
Le Lundi suivant, j’étais très enthousiaste d’aller aux cours. Cette rencontre m'avait assez marquée. Retrouver cette personne qui a bien voulu faire le pas vers moi en dépit de tout, je la trouvais bien courageuse.
Une fois dans la cour du collège, je la cherchais du regard, je ne pus l'apercevoir qu'après la montée des couleurs en me rendant en classe. Je fus si contente de la revoir comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Nous n’avons pas pu échanger plus qu’un bonjour car Madame Bawea de vénérée mémoire nous attendait déjà en classe.
Très vite Eva devint ma meilleure amie et su me faciliter l'intégration non seulement au collège, mais également dans cette ville où elle était arrivée il y a un an. Elle avait fait la classe de troisième (3e) au collège Adèle, institution sœur du collège Chaminade, avant d'être admise au lycée cette année-là . Elle habitait d'ailleurs l'internat du dit collège. Ma nouvelle amie un peu plus dégourdie que moi était de celles qui étaient assez sûres d’elles. Très vite, nos quotidiens s’encastrèrent et nous devînmes inséparables. Il m'arrivait presque tous les soirs de l'accompagner après les cours jusqu’à la devanture de son internat avant de rentrer à pied à la maison.
Un vendredi soir à la sortie des cours, Ken mon grand frère qui avait l’habitude de venir jouer au basket-ball dans mon collège me fit faire le tour du collège à la recherche d'un supposé ami avec qui il devait discuter d’un tournoi. Quand il se décida enfin à me libérer, grincheuse, je retrouvai Eva qui m'attendait devant le collège ; profitant de mon absence pour bavarder avec quelques élèves.
-Désolé Eva. C'était Ken qui voulait à tout prix se servir de moi pour faire du repérage.
Ce n'est pas grave. On y va ?
-Oui Torr. Répondis-je d’un ton grincheux.
Nous avons passé une bonne partie de la route à parler des grands frères et de leurs manies à provoquer leurs petites sœurs en tout temps. J’etais tellement frustrée par le comportement de Ken que je n’ai même pas remarqué que nous faisions le chemin à quatre. Ce n'est qu’au moment où j'avais dit à Eva que ces grands frères étaient en fait de parfait bébés derrière leurs carapaces de “boss”, qu’un rire derrière moi me fit réaliser que nous n'étions pas seules.
Il était grand pour son âge, sa denture d’une telle blancheur, un nez parfaitement fin et l’abondance de ses sourcils rendaient son regard à la fois charmant et imposant. J’avoue qu'à ce moment je réalisai que j’allais expérimenter ce dont parlaient mes cousines.
Jusqu'ici je n’ai jamais compris comment un garçon pouvait déstabiliser autant une fille. Je plaignais surtout les filles du quartier qui perdaient leurs langues en face de ce bon Ken. Était-il différent de celui-là ? allait-il se moquer ? avait-il remarqué mon malaise ? une chose est sûre, j’ai perdu sens et raison devant la beauté de cet inconnu.
- Kendra je te présente Nathanael mon cousin. Dit Eva pour briser le malaise.
- Bonsoir Kendra. dit-il sans rien ajouter.
La douceur de cette voix était venue m’achever. Mon cœur battait si fort que je dû presser mon pas comme pour éviter qu’il l'entende battre. Tout d’un coup je devins silencieuse le reste du chemin. Une fois devant le collège Adèle, je m'apprêtais à prendre congé d’eux lorsque, Eva me devança.
- David est ce que tu peux venir avec moi et m’attendre sous l'appâtâmes ? je vais te remettre le CD que tu m’as prêté.
- Bien sûr mademoiselle. J'aime cet appâtâmes, tu le sais, dit-il en donnant un coup de main énergique à son ami.
Eva et Dave prirent congés de nous et je me souviens être restée à l’entrée ne sachant quoi faire exactement. Mon cœur voulait s'éterniser, mais ma raison me dicta de m’en aller rapidement.
-Bien je te souhaite une bonne soirée dis- je en m’éloignant.
- Merci Kendra, à demain ; dit-il toujours avec ce sourire qui commençait à m'énerver.
On dirait un vrai coureur celui-là . Il aurait pu proposer de me raccompagner, ce qui ne fut pas le cas. De plus, cet ami, David ne m’inspire pas confiance. Ils doivent être pareils. Je me trouvais si bête d'être si déstabilisée comme une idiote.
Le lendemain après le devoir je l'aperçu dans la cour. C’est assez surprenant que ce garçon jusqu’ici inconnu que je n'avais jamais croisé, je le rencontrais désormais ; à chaque fois que je m'aventurerais dans la cour, ou peut être que je le cherchais inconsciemment ; finalement.
Ce jour-là je n’ai pas attendu Eva. Je suis rentrée directement après le devoir et n’eut été l’insistance de maman, je ne serai même pas allée à la messe du samedi soir.
Je me suis faite toute belle cette soirée là et j’espérais le rencontrer à la messe. Grande fut ma déception lorsque je ne l’ai pas aperçu à cette célébration.
Ah !! Ce garçon a le don de jouer avec mes sentiments. Avant même de l’aimer, il m’énervait. Pourquoi n’avait-il pas envie de me voir ? Etais-je la seule à tomber sous son charme ? je devais surement faire partie d’une pléiade de filles qui lui courent après dont il se moque éperdument. Pourtant il m’a dit hier à demain”.
J’avançais dans le couloir lorsque j’entendis cette voix si familière.
-Bonsoir Kendra. Comment a été la messe ?
-Oui. Répondis-je d’un ton bref en éloignant. J’avais décidé de jouer à son jeu.
-Attend un peu stp. Ne pars pas.
-Oui ? Dis-je d’un ton sec.
-Puis je te raccompagner s’il te plait ?
Cette seule question eu le don, d’éveiller en moi un tourbillon d’émotions. Une partie de ma personne voulait catégoriquement refuser, dire un non, sec et retentissant, mais de l’autre côté j’attendais ce moment unique depuis hier, qu’aucun son ne put s’échapper de mes lèvres en ces instants. Mais par mon silence il comprit et d’un pas assez sûr, il me montra l’allée.
- Après toi Kendra.
* *
*
Ce soir, alors que je suis couchée sur mon lit, le souvenir de ce samedi soir me hante encore. Mon Nael a toujours été ce genre d’homme comme on n’en fait plus de nos jours. Il traite les femmes comme des reines, il demande la permission et l’accord pour tout. Il ne fait rien qui indispose. Je me sens encore plus mal au souvenir de cette première rencontre. Je m'étais promise d’épouser ce garçon qui déjà à 16 ans savait traiter les femmes avec autant d’égard, et pendant les quatre années qu’ont duré notre relation, je ne me suis jamais sentie utilisée ni humiliée. À ses côtés j’étais à la fois une petite fleur, fragile et reine.
J'avais du mal à croire que notre histoire était finie jusqu’à cet après-midi de la cérémonie de son mariage, quand mes yeux l'ont vu lié son destin à une autre.
