09/24/2025
MERCI DE LIRE CE TEXTE D'UN DIGNE INTELLECTUEL TCHADIEN, MR. MOUSSA D**O JOURNALISTE ET ANCIEN DIPLOMATE.
| 𝐒𝐚𝐧𝐠𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐫é𝐪𝐮𝐢𝐬𝐢𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐝𝐢𝐩𝐥𝐨𝐦𝐚𝐭𝐞 𝐭𝐜𝐡𝐚𝐝𝐢𝐞𝐧, 𝐌𝐨𝐮𝐬𝐬𝐚 𝐃𝐚𝐠𝐨, à 𝐥'𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐌𝐚𝐡𝐚𝐦𝐚𝐭 𝐈𝐝𝐫𝐢𝐬𝐬 𝐃𝐞𝐛𝐲
Depuis quelques semaines, le Rédacteur en chef de Tchad One, dans ses échanges hebdomadaires avec Alain Morta sur la Web radio Réveil tchadien, a axé ses discours sur deux tares qui caractérisent le régime tchadien : d’une part, le mécanisme de pillage et de commercialisation de l’or du Batha et surtout du Tibesti (dont il est originaire) et plus récemment de l’antimoine, minerai rare dont les Tchadiens ont appris l’existence au cours de ses échanges et d’autre part, les pratiques dans l’arrière-cour du pouvoir, avec les détails des audios sur des faits graves impliquant le Chef de l’État en personne.
Les interventions sur la situation sociopolitique du pays de ce jeune journaliste, réfugié depuis quelques années en France, sont suivies quasi religieusement par des millions de Tchadiens tous les weekends. Elles donnent lieu à des analyses pointues et sans concession et des révélations documentées, rarement démenties par les autorités. Elles ébranlent sérieusement le pouvoir et ravissent l’opposition et les millions de citoyens lambda qui vivent très mal leur misère alors que leur pays génère quotidiennement, selon Tchad One, des millions de dollars provenant des ressources minières et minérales mais engloutis en partie par une infime minorité de privilégiés civils et militaires.
Charfadine Galmaye est progressivement devenu l’homme à abattre, l’ennemi public N°1. C’est ainsi que le président Mahamat I. Deby a signé un décret prononçant la déchéance de sa nationalité tchadienne ainsi que celle d’un autre activiste vivant en France, l’ancien Conseiller à la Présidence du Tchad, Makaila NGuebla, pour entre autres raisons, « intelligence avec des puissances étrangères ». Tout le monde aura compris qu’il s’agit ici de la France où les deux bénéficient du statut de réfugiés politiques.
Cette décision, complètement disproportionnée et juridiquement contestable, traduit assurément une certaine fébrilité du régime et une gêne réelle de tous les acteurs politiques au pouvoir. La preuve, aucune voix officielle n’a pu la commenter et encore moins la justifier. La sortie du Secrétaire Général du MPS Aziz Mahamat Saleh, estimant que Charfadine et Makaila ne méritent pas la nationalité tchadienne, est d’une vacuité affligeante et montre l’absence totale d’arguments convaincants.
C’est la première fois dans l’histoire politique du Tchad indépendant qu’un président atteint cette extrémité en frappant d’apatridie des citoyens tchadiens de souche. Même le président Hissein Habré que certains s’évertuent à présenter comme le pire des dictateurs, n’a pas franchi cette limite contre son ennemi Idriss Deby qui bénéficiait, lors de son opposition armée à son régime, du gite, du couvert et des armes des puissances étrangères telles que la France, le Soudan et la Libye.
Idriss Deby lui-même a férocement combattu ses opposants armés, mais il n’a jamais renié leur appartenance au Tchad. Le Sénateur Abdraman Khoulamallah en sait quelque chose. Il a été jugé et condamné pour acte de rébellion, mais jamais la partie soudanaise de ses origines n’a constitué un motif de sanction.
En privant Charfadine et Makaila de leur nationalité, le président Mahamat Idriss Deby s’enfonce dans une logique répressive inédite et qui est allé crescendo depuis Avril 2021, comme l’écrasement meurtrier des manifestations et leur interdiction systématique, l’enfermement des journalistes et des leaders politiques, tels que Succès Marsa et Gam Robert les derniers en date, l’enlèvement des citoyens par la police politique, les assassinats crapuleux non élucidés, les filatures et les menaces de mort contre les opposants et des citoyens ordinaires, le bâillonnement de la presse, etc…..
Ce durcissement du régime, encouragé par le silence coupable des personnalités politiques qui lui sont proches et les réactions timides de l’opposition, vient s’ajouter à une mauvaise gouvernance criarde tels que : l’instrumentalisation à peine voilée de la justice, la dégradation avancée des services publics, la dépréciation de la compétence et du mérite, le pillage et les détournements à ciel ouvert des ressources financières et minières, l’institutionnalisation de la corruption et des passe-droits, la banalisation des discours haineux et des clivages ethniques et religieux, le démantèlement des unités industrielles et l’accaparement des entreprises publiques par les proches du régime, l’impunité scandaleuse dont jouit une catégorie de citoyens, la dégradation généralisée des routes, la question irrésolue de l’électricité, l’indigence du système éducatif qui se traduit par le niveau affligeant de l’élite politique et administrative, le tarissement, voire le recul des performances culturelles et sportives, le chômage massif et le désespoir grandissant des jeunes, la perte tragique de toutes les valeurs morales, le recours excessif au griotisme et au culte de la personnalité, l’absence de toute empathie vis-à-vis des citoyens les plus démunies, l’insalubrité saisissante de nos villes, la malnutrition visible de l’écrasante majorité des Tchadiens etc…cette liste non exhaustive des maux dont souffrent la société tchadienne plonge les Tchadiens dans la détresse et place le pays dans le top 5 des pays les plus arriérés du monde.
Aucun dirigeant digne de ce nom ne devrait être heureux de trainer un tel bilan et continuer à se maintenir et surtout se renforcer au pouvoir. Sauf à être uniquement motivé par les délices que procure ce pouvoir pour soi et pour les siens.
Le bilan du défunt président Idriss Deby n’était pas des plus reluisants. Jusqu’à sa mort en Avril 2021, soit 22 ans d’exploitation de pétrole, cette manne n’a pas apporté aux Tchadiens la prospérité attendue. Aussi, l’arrivée au pouvoir de son fils Mahamat, tout neuf dans l’arène politique, avait suscité un véritable espoir de redressement. Les quelques réticences soulevées çà et là par son avènement ont été vite balayées par la grande bienveillance des Tchadiens, de l’intérieur et de la diaspora, ainsi que celle de la communauté internationale à l’égard du jeune président.
Moussa Faki Mahamat, alors président de la Commission de l’Union africaine, était de ceux-là, qui a œuvré activement à l’installation du nouveau Chef d’Etat. Un an plus t**d, sentant les dérives du pouvoir tchadien, Moussa Faki a cru devoir attirer l’attention de la Transition lors du Dialogue National d’Aout 2022, sensé jeter les bases de la refondation du Tchad. Dans un discours particulièrement applaudi à l’ouverture de ce dialogue, (et dont certains extraits sont repris aujourd’hui dans les réseaux sociaux à titre de rappel au pouvoir) il a mis en garde contre une répétition des erreurs du passé, invité le régime à changer de méthode de gouvernance et d’éviter de tourner en rond. Ces conseils unanimement partagés par l’opinion nationale à l’époque ont valu à leur auteur récriminations et menaces. Trois ans après ce discours et cinq ans après le début de la transition, la mauvaise gouvernance persiste. Pire, elle tourne en boucle.
Face aux cas Charfadine et Makaila, le régime a fait preuve de maladresse et d’amateurisme. Sa décision aura pour conséquence de durcir encore plus la détermination des deux « bannis » dans leur dénonciation de la gouvernance du président Mahamat Idriss Deby Itno.
Moussa D**o, ancien porte-parole du gouvernement et ancien président du HCC