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La pause décoloniale Les Femmes de Kanaky/Nouvelle-Calédonie parlent de leurs luttes.

[ "Les 45 prochaines années : observons le Vanuatu reconquérir des espaces pour les femmes" de Anna Naupa ]A l'occasion ...
31/07/2025

[ "Les 45 prochaines années : observons le Vanuatu reconquérir des espaces pour les femmes" de Anna Naupa ]

A l'occasion de l'anniversaire des 45 ans d'indépendance du Vanuatu, nous vous partageons une traduction d'un texte écrit par la chercheuse ni-Vanuatu Anna Naupa sur l'importance de revaloriser le leadership des femmes Ni-Vanuatu publié par le Development Policy Centre à l'Australian National University à Canberra.

"Les 45 prochaines années : observons le Vanuatu reconquérir des espaces pour les femmes" de Anna Naupa

"Le mois dernier, j'ai eu le privilège de renouer avec mon patrimoine ancestral d'Erromango, conservé dans un entrepôt de musée à Sydney. Là, soigneusement conservés en piles dans ce bâtiment climatisé, reposaient d'innombrables pièces de nemah itse (tissu d'écorce décoré traditionnel) et de tunmit (jupe extérieure en herbe décorée traditionnelle), autrefois fièrement portées et confectionnées par nos femmes. Les vêtements de nos teven (ancêtres) nous rappellent que, pendant des siècles, nous avons eu une culture matérielle dynamique où les femmes étaient célébrées pour leurs compétences et leurs connaissances, et occupaient un rôle important dans la société en tant qu'ovahimnalam (femmes leaders).

Mais il y a près de 200 ans, les femmes étaient contraintes d'abandonner leurs vêtements traditionnels au profit de tenues acceptées par les missionnaires et les colons européens. Ces mêmes missionnaires et colons ont imposé, au XIXe siècle, une préférence pour l'engagement dans des structures sociales masculinisées, marginalisant de fait le statut social traditionnel des femmes.

Comment cette transition historique a-t-elle porté atteinte au rôle des femmes dans la société mélanésienne ? Quarante-cinq ans après l'indépendance, nos systèmes gouvernementaux, religieux et communautaires perpétuent-ils une attitude néocoloniale et patriarcale, au lieu de renouer avec une tradition plus holistique des valeurs mélanésiennes ?

La participation à la vie politique est un indicateur clé du progrès des femmes Ni-Vanuatu modernes. Le Vanuatu n'a eu que sept femmes députées en 45 ans. Il s'agit néanmoins d'une avancée notable pour une société qui doit encore beaucoup désapprendre et réapprendre que les femmes ont toujours joué un rôle social et politique important dans notre culture traditionnelle. Par exemple, Hilda Lini Motarilavoa a été l'une des premières femmes députées en 1987, et a également été cheffe à Raga, dans le nord de Pentecôte.

Depuis 2013, les réformes engagées pour intégrer des mesures temporaires spéciales aux élections municipales du Vanuatu ont transformé positivement le leadership genré au niveau local. Nombreux sont ceux qui, au Vanuatu, espèrent un jour une première femme Premier ministre ou présidente, et ces évolutions progressives suggèrent que cet objectif est toujours en vue – mais seulement si nous parvenons à dépasser les structures politiques masculinisantes et les attitudes publiques qui confinent les femmes à des « rôles de genre traditionnels » au lieu de leur accorder leur place à la tête du pays.

L'absence de femmes dans la vie politique du Vanuatu reflète un aspect plus inquiétant de la société moderne. En 1995, Merilyn Tahigogona, militante pour l'égalité des genres, écrivait :

'Violence
Vous avez omis ma nomination
Vous avez jalousé mon élection
Vous avez empêché mon vote
Vous influencez ma prise de décision
Vous portez atteinte à ma participation'

La prévalence de la violence indique que notre société ne respecte pas les femmes, ce qui freine leur avancement et leur leadership. Au Vanuatu, deux femmes et filles sur trois âgées de plus de 15 ans ont subi au moins une fois dans leur vie des violences de la part d'un proche.

Si d'importants progrès ont été réalisés en matière de violence sexiste au cours des 45 dernières années, notamment grâce à la mise en œuvre de la loi sur la protection de la famille et à la prestation de services essentiels par le Centre des femmes du Vanuatu dans de nombreuses communautés du pays, il reste encore beaucoup à faire. Des campagnes de masse sont nécessaires pour briser le cycle intergénérationnel de la violence. Elles doivent s'inspirer profondément de nos riches valeurs culturelles, où la protection et le respect des femmes et des enfants sont ancrés dans nos philosophies traditionnelles et nos codes sociaux, mais ne sont pratiqués que de manière sélective.

En 2024, le réseau Filwoka du Centre culturel de Vanuatu s'est penché sur le thème du leadership traditionnel, mobilisant des chercheurs communautaires de tout le pays. Ce qui en est ressorti était très différent du discours populaire sur les pratiques de leadership dominées par les hommes et le rôle subalterne des femmes. Comme l'ont déclaré plusieurs Filwokas : « La kastom ne peut exister sans les femmes. »

Chacune des plus de 100 langues du Vanuatu possède un vocabulaire riche, reflétant les valeurs culturelles et les rôles de leadership sexués, comme l'ovahimnalam d'Erromango, le notari de Maewo ou le mwei/motari/sal de Pentecôte. De même, nos langues vernaculaires possèdent un large vocabulaire pour décrire les transgressions reconnaissables envers les femmes et les enfants, avec des sanctions communautaires adaptées en conséquence. À Erromango, le selwogi nomplat (« passer la jupe en fibres ») est une transgression grave envers les femmes, passible de bannissement, de flagellation ou de mort pour l'auteur. Les tabous traditionnels interdisant de nuire aux femmes et aux enfants constituent des codes sociaux importants qui reflètent un profond respect et une profonde attention traditionnelle – mais nos taux de violence alarmants suggèrent que nous avons presque perdu ces valeurs.

Ces discours publics – sur les femmes chefs traditionnelles, les tabous stricts, la justice traditionnelle robuste et l'attention portée aux populations vulnérables – sont plus importants que jamais. Le leadership féminin, la justice pour les violences sexistes et les valeurs culturelles de respect, d'attention et d'honneur ne sont pas des concepts étrangers : ils sont ancrés dans nos cultures mélanésiennes.

La promesse d'une reconnaissance renouvelée des femmes aux postes de direction a récemment été affirmée par le Premier ministre Jotham Napat dans son plaidoyer en faveur d'un nakamal (lieu de réunion traditionnel) national inclusif. « Le nakamal a sa place pour chacun », a-t-il déclaré publiquement, exprimant une version rare et non masculinisée de notre culture et de nos coutumes. Le Vanuatu doit continuer à s'appuyer sur cette vision.

Nous, les femmes du Vanuatu, avons parcouru un long chemin, malgré la perte de notre nemah itse et de notre tunmit, et malgré la réduction de nos voix et leur marginalisation par des processus de missionnarisation, de colonisation et de masculinisation qui durent depuis près de 200 ans. Mais il reste encore du chemin à parcourir.

À 45 ans, il est temps pour la société Ni-Vanuatu de reconquérir la place qui revient aux femmes. Un lieu où l'héritage des sociétés masculinisées est réconcilié avec une réappropriation de la reconnaissance et la valorisation du rôle de leadership des femmes. Un lieu où la coutume n'est pas un prétexte pour perpétuer la domination masculine ou l'injustice, mais plutôt une raison de cultiver les valeurs de respect, d'attention et d'honneur envers nos femmes. Et que cela se traduise par moins de violences sexistes et davantage d'espaces où les femmes Ni-Vanuatu prennent le pouvoir.

J'ai bon espoir."

Pour lire l'article dans sa version originale en anglais : https://devpolicy.org/the-next-45-years-lets-see-vanuatu-reclaim-spaces-for-women-20250730/?fbclid=IwY2xjawL3-idleHRuA2FlbQIxMQBicmlkETF3SDhaR3NocEJDOU42WXgyAR5TermIMrckpRBhGfE66X_nWPT_BUVhsIK0x6jK6jdBHxXWOu3aosPxJgjriQ_aem_dEYVoCGyDCrj7vUVhF6bvw

There is a long way to go in restoring the traditional role of ni-Vanuatu women in leadership and reducing violence against women, says Anna Naupa.

[ Femmes du Pacifique et indépendances ]🇻🇺 A l'occasion du 45ème anniversaire de l'indépendance du Vanuatu nous vous pro...
30/07/2025

[ Femmes du Pacifique et indépendances ]

🇻🇺 A l'occasion du 45ème anniversaire de l'indépendance du Vanuatu nous vous proposons le poème "Nation Vanuatu" de la poète Ni-Vanuatu Grace Mera Molisa. Ce poème rentre dans la tradition des femmes océaniennes anticoloniales qui demandent que les femmes soient considérées comme des égales dans la nouvelle nation indépendante.

🇻🇺 Grace Mera Molisa était une poétesse, femme politique et militante pour la lutte des femmes Ni-Vanuatu. Née en 1946 à Lowainasasa à Ambae, elle est décédée en 2002 à l’âge de 55 ans. Elle a été la première femme Ni-Vanuatu à obtenir un diplôme universitaire qu’elle a eu à l’Université du Pacifique Sud, à Fidji en Lettres. Enseignante et membre du Vanua’aku Pati dès sa création, elle occupera des postes à responsabilité après l’indépendance auprès du ministre des affaires sociales puis du premier ministre Walter Lini pendant plusieurs années. Elle quittera le Vanua’aku Pati en 1995 dans le but d’amener les femmes à contester les élections générales dans un mouvement de protestation. Grace Mera Molisa et Déwé Gorodé se rencontrent en 1975 à Suva lors de la conférence régionale des femmes à Fidji pour préparer la première Conférence Mondiale des femmes qui allait se tenir au Mexique la même année. Elles faisaient toutes les deux parties de la même délégation des femmes du Pacifique. Déwé Gorodé traduira par la suite quelques uns des poèmes de Grace Mera Molisa en français, qui seront été publié en 1997 dans un petit livre intitulé "Pierre Noire" édité par les Editions Grand de Sable. Le poème "Nation Vanuatu" ci-dessous en est extrait.

🇻🇺 Voici ce que Déwé Gorodé écrivait de ce travail de traduction en 1997 :
"Dans cette courte anthologie, dans deux langues qui ne sont pas les nôtres [le français et l'anglais], à l'une et à l'autre, j'ai tenté de restituer une infime partie de la parole de Grace en optant de rester le plus près possible de ses propres mots. Des mots crus. Des lettres nues. Des mots terribles comme l'intensité de son regard et la lucidité d'une analyse sans complaisance que nous nous devons toutes et tous aujourd'hui de porter sur nos sociétés insulaires, de femmes et d'hommes, afin de mieux avancer ensemble avec nos enfants vers un avenir de liberté, de dignité et de progrès. En ce sens, cette traduction est d'abord un témoignage et une modeste contribution au combat de Grace, celui des femmes du Vanuatu, du Pacifique et d'ailleurs." - Déwé Gorodé, Juin 1997

La lutte continue.

[ 30 Juillet : Vanuatu Independence Day ]🇻🇺 En ce 30 juillet 2025, le Vanuatu fête 45 ans d'indépendance. Joyeuse fête d...
30/07/2025

[ 30 Juillet : Vanuatu Independence Day ]

🇻🇺 En ce 30 juillet 2025, le Vanuatu fête 45 ans d'indépendance. Joyeuse fête de l'indépendance à toutes les personnes ni-Vanuatu et respect aux militantes et militants qui ont lutté pour que le pays soit libéré du colonialisme français et britannique.

A cette occasion, nous vous invitons à (re-)écouter notre épisode hommage à la militante indépendantiste Motarilavoa Hilda Lini, dans lequel nous parlons de son parcours et ses engagements politiques tout au long de sa vie.

Retrouvez l'épisode de La Pause Décoloniale diffusée sur Radio Djiido le jeudi 5 juin 2025. Dans cet épisode, nous revenons sur le parcours d'une combattant...

[ Les femmes kanak et la lutte révolutionnaire pour la libération : les écrits des militantes kanak au sein du Groupe 18...
28/07/2025

[ Les femmes kanak et la lutte révolutionnaire pour la libération : les écrits des militantes kanak au sein du Groupe 1878 et du PALIKA ]

La pause décoloniale vous partage ce nouvel article scientifique écrit par une des contributrices de notre podcast Anaïs Duong-Pedica. L'article en anglais intitulé "Kanak Women and the Revolutionary Struggle for Liberation: Militant Women's Writing in the Groupe 1878 and the PALIKA" ("Les femmes kanak et la lutte révolutionnaire pour la libération : les écrits des militantes kanak au sein du Groupe 1878 et du PALIKA") est paru récemment dans The Journal of Pacific History. Il s'agit d'une analyse des écrits de femmes militantes kanak parus dans le journal du Groupe 1878 "Nouvelles 1878 Andi Ma Dhô" dans les années 1970 et 1980, grâce à travail d'archivage de documents historiques du Pacifique par le Pacific Manuscripts Bureau.

Voici le résumé de l'article en français : "Cet article examine l'implication des femmes kanak radicales dans la lutte révolutionnaire pour la libération nationale kanak, ainsi que certaines de leurs contributions théoriques et pratiques, et leurs interventions au sein du mouvement du milieu des années 1970 au début des années 1980. À travers une lecture attentive des annonces, éditoriaux, essais politiques, comptes rendus de réunions et discours rédigés par des militantes kanak du Groupe 1878 puis du Parti de Libération Kanak (PALIKA), publiés dans le journal politique du Groupe 1878, Nouvelles 1878 Andi Ma Dhô, cet article vise à démontrer le caractère révolutionnaire du protoféminisme des femmes kanak. Il soutient que leur politique doit être comprise comme une praxis féministe anticapitaliste autochtone noire, qui a élargi le champ de la pensée et de la théorie sociopolitiques kanak dans les années 1970."

L'auteure explique : "Mon objectif principal en écrivant cet article était de comprendre la vision politique et l'organisation de militantes kanak radicales qui ont lutté aux côtés des hommes kanak pour l'indépendance kanak dans les années 1970 au sein du Groupe 1878, puis du PALIKA. Pour faire ça, j'ai analysé les écrits qu'elles ont publié dans le journal du Groupe 1878 : "Nouvelles 1878 Andi Ma Dhô". Pour moi c'était important d'écrire ce texte et de faire cette recherche car non seulement des groupes de femmes révolutionnaires organisées politiquement n'existent pas aujourd'hui au pays, mais aussi parce que la vision et la pratique intellectuelle et politique que les femmes du Groupes 1878 avaient a été complètement mise sous silence. Aujourd'hui, on n'en parle pas ni ne l'apprend dans les médias ou dans le système éducatif, aucun livre n'a été écrit, ni aucun documentaire réalisé sur le sujet. Donc pour moi faire ce travail a été une manière de nourrir mon imagination politique et remettre en question ce que je pense être possible à partir du pays.

Je pense que cet article, même s'il n'apporte rien de foncièrement nouveau quand on a lu les "Nouvelles 1878 Andi Ma Dhô" et quand on est familier.ère avec le contexte de la lutte des femmes dans le Groupe 1878, peut être un bon texte pour enseigner. Si vous enseignez un cours sur l'histoire de cette période, sur la décolonisation dans le Pacifique, sur le militantisme politique des femmes autochtones... Et aussi si vous voulez que les étudiant.e.s réfléchissent à l'importance de l'histoire pour le présent. Il me semble que l'intervention principale de ce texte est la dernière partie - parce que le reste du papier, même s'il est écrit avec mes mots principalement, reste le travail des militantes du Groupe 1878 que je contextualise simplement et présente aux lecteur.rice.s.

Dans la dernière partie intitulée "Why a Revolutionary Politic Now?" ("Pourquoi une politique révolutionnaire aujourd'hui ?"), j'essais d'expliquer pourquoi il est important d'être en relation avec ces généalogies et histoires de pensées et pratiques révolutionnaires dans le présent. D'abord, je re-affirme que nous vivons encore dans le colonialisme de peuplement dans le présent, et que nous ne pouvons pas parler de "recolonisation". Je le fais en critiquant l'idée dominante que l'Accord de Nouméa est une rupture politique et historique, en le posant comme recalibration de la structure de peuplement colonial. Je critique aussi les politiques anti-indépendantistes qui présentent et comprennent les femmes kanak comme particulièrement opprimées (en comparaison aux femmes non-Kanak, spécifiquement blanches) et comme victimes passives du patriarcat kanak ayant besoin d'être sauvées par la démocratie française et coloniale en faisant le lien avec le caractère révolutionnaire de l'organisation et du militantisme des femmes kanak au sein du Groupe 1878.

Il s'agit aussi de visibiliser le fait que les femmes kanak n'ont pas attendu l'Accord de Nouméa pour être actives dans la vie politique. Ce n'est pas leur entrée dans les institutions politiques qui marque le début de leur implication, elles ont toujours été actives. Cependant il est important de souligner qu'il y a plusieurs formes d'activismes ou militantismes de femmes kanak à travers l'histoire. L'article démontre que celui des femmes du Groupe 1878 puis du PALIKA dans les années 70 et 80 était de nature révolutionnaire.

Qu'est ce que "révolutionnaire" ? L'article utilise une définition proposée par les chercheuses féministes Brenna Bhandar et Rafeef Ziadah dans leur livre "Revolutionary Feminisms" qui expliquent :

'La liberté exige une transformation révolutionnaire dans l’organisation de l’économie, des relations sociales, des structures politiques et des mondes psychiques et symboliques, et cela doit se produire à de multiples échelles – des relations intimes entre les individus à celles entre les individus, les communautés et l’État.'

C'est une vision révolutionnaire que les militantes kanak du Groupe 1878 défendaient et pratiquaient dans le cadre de leur lutte pour l'indépendance."

Pour lire et/ou télécharger l'article gratuitement (en anglais) :
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00223344.2025.2504447?fbclid=IwY2xjawL0BiBleHRuA2FlbQIxMABicmlkETF6b2FjeWR4c1EyS0pKVmw5AR4-zEtUqmAN38UZDB_39b-4piNBbdkhwXgkrTHyJQb_Npx_sgyIlzeFZy_FeA_aem_CD7rYgnc4jAo--IkXejdaA

[ Solidarité au peuple Palestinien ]Avec les images de famine organisée qui nous viennent de Gaza, vous voulons re-affir...
24/07/2025

[ Solidarité au peuple Palestinien ]

Avec les images de famine organisée qui nous viennent de Gaza, vous voulons re-affirmer notre soutien au peuple Palestinien et aux habitant.e.s de Gaza qui subissent non seulement des bombardements mais une famine organisée par l'état colonial d'Israël avec le soutien de la puissance coloniale et impériale que sont les Etats Unis et de l'Union Européenne.

Nous vous partageons un poème du poète communiste Palestinien Samih al-Qasim intitulé "Ennemi du Soleil". Publié en 1970 dans une anthologie de poèmes intitulée "Ennemi du soleil : Poésie de la résistance palestinienne", ce poème fait écho avec tous les peuples opprimés et colonisés... Nous remercions l' AFPS - Association France Palestine Solidarité de l'avoir publié en français (https://www.assopalestine13.org/Un-magnifique-poeme-de-Samih-al-Qasim-palestinien-de-1948-1939-2014). Nous le re-publions ici avec une traduction un peu différente qui est la nôtre :

"Ennemi du Soleil" de Samih al-Qasim

Je peux perdre – si tu le désires – mon salaire
Je peux vendre ma chemise et mon lit.
Je peux travailler comme coupeur de pierres,
Balayeur de rues, portier.
Je peux nettoyer tes boutiques
Ou fouiller tes poubelles pour de la nourriture.
Je peux me coucher affamé,
O ennemi du soleil,
Mais
Je ne ferai pas de compromis
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai

Tu peux me dépouiller du dernier morceau de ma terre,
Jeter ma jeunesse en prison.
Tu peux piller l’héritage de mes ancêtres.
Tu peux bruler mes livres, mes poèmes
Ou jeter mon corps aux chiens
Tu peux semer la terreur
Sur les toits de mon village,
O ennemi du soleil,
Mais
Je ne ferai pas de compromis
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai

Tu peux éteindre la lueur dans mes yeux.
Tu peux me priver des baisers de ma mère.
Tu peux insulter mon père, mon peuple.
Tu peux déformer mon histoire,
Tu peux priver mes enfants d'un sourire
Et des nécessités de la vie.
Tu peux tromper mes amis avec des visages empruntés.
Tu peux construire des murs autour de moi.
Tu peux forcer mes yeux à voir des humiliations,
O ennemi du soleil,
Mais

Je ne ferai pas de compromis
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.
O ennemi du soleil
Les décorations sont installées au port.
Les éjaculations remplissent l'atmosphère,
Une lueur dans les coeurs,
Et à l'horizon
Un bateau est aperçu
Qui résiste le vent
Et les profondeurs.
C'est Ulysse
Qui rentre à la maison
De la mer de la perte

C'est le retour du soleil,
De mes exilés
Et pour elle, et pour lui
Je le jure
Je ne ferai pas de compromis
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai,
Résisterai - et résisterai.

Un peu de douceur  avec cette pensée en musique d'une sœur du Pacifique. « Kanaky est le nom autochtone de la Nouvelle-C...
22/07/2025

Un peu de douceur avec cette pensée en musique d'une sœur du Pacifique.

« Kanaky est le nom autochtone de la Nouvelle-Calédonie, et j'ai été poussé à écrire cette chanson en voyant les émeutes là-bas l'année dernière », explique Lehali.

« Je me suis demandé ce que ce serait d'être quelqu'un de mon âge, vivant en Kanaky, et désirant le changement ; voulant que sa voix soit entendue mais ne sachant pas comment. J'ai voulu écrire cette chanson pour sensibiliser les gens à leur lutte continue »,
...........

“Kanaky is the indigenous name for New Caledonia, and I was compelled to write this song seeing the riots there last year,” explains Lehali.

“I wondered what it would be like to be someone my age, living in Kanaky, and wanting change; wanting their voice to be heard but not knowing how. I wanted to write this song to raise awareness of their ongoing battle,” she adds.

Disponible sur youtube et Spotify

Oleti Pasifika Family ❤️🌺🇳🇨

Kirikiriroa-born and raised songbird Lehali has released her first new single of 2025 - the dreamy ‘Pasifika Pop’ ballad, ‘Her Name is Kanaky’. “Kanaky is the indigenous name for New Caledonia, and I was compelled to write this song seeing the riots there last year,” explains Lehali.  ....

[ "Le racisme n'est pas un gros mot" de Sereana Naepi ]Ci-dessous, nous vous proposons la traduction d'un article écrit ...
19/07/2025

[ "Le racisme n'est pas un gros mot" de Sereana Naepi ]

Ci-dessous, nous vous proposons la traduction d'un article écrit par la chercheuse et professeure Fidjienne et Pākehā agrégée de sociologie à Waipapa Taumata Rau, Université d'Auckland, Sereana Naepi pour le média néo-zélandais E-Tangata. Dans cet article, Sereana Naepi présente le livre "Oceans Between Us: Pacific Peoples and Racism in Aotearoa" [Océans entre nous : Peuples du Pacifique et racisme à Aotearoa], un livre qu'elle a édité et qui explore le racisme structurel dont les peuples océaniens font l'expérience à Aotearoa. Elle explique notamment que "Notre paysage politique nous montre que la lutte pour l'équité et contre le racisme est loin d'être terminée." Un élément crucial de ce combat, comme le soutiennent Sereana et d'autres spécialistes du Pacifique, consiste à se réapproprier l'usage du mot "racisme".

Nous vous partageons ce texte pour montrer les convergences de luttes contemporaines contre le colonialisme et le racisme dans la région Pacifique et pour illustrer la manière dont les communautés océaniennes vivant à Aotearoa s'emparent de la question du racisme structurel contre les forces politiques conservatrices. Dans le contexte de Kanaky, le "racisme" est aussi une sorte de "gros mot". Quand il est mobilisé, il est souvent dépossédé de sa capacité d'analyse en étant déformé et/ou utilisé de manière dépolitisée et déconnectée de l'histoire coloniale et des réalités socio-économiques du pays (par exemple en évoquant la supposée existence d'un "racisme anti-blanc" dans un contexte où le groupe social "européen" est en position d'avantage dans tous les indicateurs socio-économiques du pays).

Bonne lecture !

"Le racisme n'est pas un gros mot" de Sereana Naepi

"Mon père Pākehā [note de la pause décoloniale : Pākehā veut dire blanc] n'est pas un homme bavard. Il a tendance à observer et à ne parler que lorsque c'est nécessaire. Il y a quelques semaines, alors qu'il était en visite à Tāmaki, il m'a interrogée sur mon travail. Cela n'arrive pas souvent : dans notre famille, nous avons un arrangement où on s'accorde sur le fait que nous ne sommes pas d'accord sur certains points.

Nous avons parlé un peu de Te Tiriti [note de la pause décoloniale : Te Tiriti fait référence au Traité de Waitangi ou Te Tiriti o Waitangi] et du racisme, puis il a pris une grande inspiration et a simplement dit : « Je crains que l'escalade des tensions de part et d'autre vont faire que ta mère et moi ne seront plus acceptés.»

Ces mots m'accompagnent depuis quelques semaines, alors que nous nous préparons à publier un livre sur le racisme et les peuples du Pacifique à Aotearoa. Ils mettent en lumière le défi auquel nous sommes confrontés lorsque nous tentons de dénoncer et de combattre le racisme ancré dans notre société : comment pouvons-nous avoir des discussions constructives sur le fonctionnement du racisme à Aotearoa, de manière à faire avancer les choses, et non à régresser ?

Avoir un groupe de 13 chercheurs et penseurs émergents du Pacifique, nous avons initialement imaginé le livre "Oceans Between Us" [Océans entre nous] comme un moyen de fournir à nos communautés océaniennes les preuves du racisme qu'elles subissent au quotidien.

La version finale de notre livre a été finalisée en décembre 2023, au moment même où l'accord de coalition entre National, l'ACT et New Zealand First était finalisé [note de la pause décoloniale : il s'agit d'une coalition d'un parti démocratique, avec un parti de centre droit et un parti de droite]. Au fil de la relecture et de la correction de l'ouvrage, l'impact de cet accord est devenu plus évident. Nous entrions dans un espace social où les populations du Pacifique et d'autres étaient manipulées par des discours sur le financement basé sur la race et la citoyenneté inéquitable, et la nécessité de fournir preuves est devenue encore plus importante.

Dans les mois qui ont suivi cet accord de coalition, nous avons assisté à un démantèlement systématique des politiques publiques conçues pour lutter contre le racisme structurel. Les preuves de l'impact de ce gouvernement sur les populations du Pacifique sont flagrantes et indéniables.

Le financement pour le Pacifique a été réduit de 26 millions de dollars par an, et les programmes ciblant le logement, le développement de compétences, la formation et le développement des entreprises pour les communautés du Pacifique ont été supprimés. Le projet de Regulatory Standard Bill [note de la pause décoloniale : il s'agit d'une proposition de loi mise sur la table par les partis de droite ACT et National. C'est contre cette proposition de loi que le peuple Māori s'est soulevé cette année] menace de réduire à néant des décennies de progrès dans l'intégration des questions d'équité dans les décisions gouvernementales. En parallèle, la fin des revendications en matière d'équité salariale a affecté de manière disproportionnée les femmes océaniennes, surreprésentées dans le secteur des soins et autres secteurs sous-évalués.

Ces changements politiques ne sont pas isolés. Ils s'inscrivent dans un projet politique plus vaste visant à repenser l'équité comme générateur de division et le racisme comme un échec individuel, plutôt qu'un système structurel.

On observe un renforcement du discours sur la « division raciale », parallèlement à la mise en œuvre de politiques qui enracinent les inégalités raciales.

Pour les peuples du Pacifique vivant à Aotearoa, ce schéma est familier. On nous dit que nous sommes le problème, alors que les systèmes qui nous désavantagent demeurent inchangés. On nous dit que nommer le racisme est en soi raciste, instaurant une logique de boucle qui étouffe la critique tout en protégeant ces mêmes systèmes que nous cherchons à dénoncer. Cet argument en boucle détourne l'attention des preuves de racisme présentées et la déplace sur le messager.

C'est pourquoi nous avons écrit "Oceans Between Us". Trop souvent, les discussions sur le racisme à Aotearoa s'enlisent dans la question de savoir si le racisme existe vraiment. (C'est le cas.) Les politiciens et les commentateurs s'emmêlent les pinceaux en évitant le mot, préférant des euphémismes comme « biais inconscients » ou « défis démographiques ».

Mais, comme nous le démontrons dans l'ouvrage, le racisme n'est pas un gros mot. C'est un outil d'analyse précis qui nous aide à comprendre comment les systèmes fonctionnent à l'avantage de certains et au détriment d'autres. Ce terme nous aide à identifier les blocages et, par conséquent, les points sur lesquels nous devrions concentrer notre attention. La question n'est pas de savoir si David Seymour [note de la pause décoloniale : Premier Minister Néo-Zélandais et membre du parti de droite "ACT New Zealand"] aurait dû dire ce qu'il a dit à propos du Ministère des Peuples du Pacifique, mais de savoir pourquoi il estimait avoir l'autorisation sociale de non seulement le dire, mais aussi de le défendre.

L'ouvrage rassemble des données issues de différents secteurs pour montrer comment le racisme structurel opère à Aotearoa. Il ne s'agit pas de parler de préjugés individuels, bien que cela soit également important. Il s'agit de la manière dont les processus historiques de colonisation ont créé des systèmes qui produisent systématiquement des inégalités raciales.

Si les océaniens vivant à Aotearoa ont une espérance de vie plus faible, un niveau d'éducation plus faible, un taux d'accession à la propriété plus faible, des niveaux de richesse plus faibles, des salaires inéquitables et des taux d'incarcération plus élevés, ce n'est pas une coïncidence. C'est la preuve du fonctionnement du système.

Lorsque des familles océaniennes peinent à accéder à des soins de santé de qualité, lorsque des étudiants océaniens sont écartés des cours avancés, lorsque des travailleurs océaniens sont exclus des promotions, ce ne sont pas des incidents isolés. Ils s'inscrivent dans un schéma qui devient visible lorsque nous avons le courage de le dénoncer : le racisme.

C'est un mot que les communautés du Pacifique ont appris à comprendre depuis leur arrivée à Aotearoa, et c'est un mot que nous devons utiliser plus souvent et plus précisément pour contrer l'idée que nous ne méritons pas de vivre une vie agréable.

Cela me ramène à la discussion sur le canapé avec mon père et à mon espoir que ce livre servira aux gens pour lutter contre la tendance à rendre le racisme plus acceptable.

La conjoncture politique actuelle semble dangereuse, précisément parce qu'elle normalise à nouveau des idées qui étaient auparavant inacceptables. Le défi est de savoir comment réagir sans confirmer les peurs de personnes comme mon père, qui craignent que toute discussion sur le racisme ne crée davantage de divisions.

La solution réside dans l'ancrage de nos discussions sur des faits et dans le fait de se concentrer sur des aspirations communes. Où voulons-nous être collectivement dans les dix prochaines années ? Quel héritage voulons-nous laisser à la prochaine génération ?

L'inquiétude de mon père quant au fait d'être accepté reflète une réelle préoccupation quant à la façon dont nous gérons les différences à Aotearoa. Mais les éléments présentés dans notre livre suggèrent que la voie à suivre ne consiste pas à choisir un camp. Il s'agit de choisir des systèmes qui fonctionnent pour tous.

Cela exige que nous nous familiarisions tous avec des conversations malaisantes sur le racisme, car faire comme si le racisme n'existait pas alors qu'il continue de façonner les choses ne sert personne.

La question n'est pas de savoir si nous pouvons nous permettre d'avoir ces conversations, mais plutôt de savoir si nous pouvons nous permettre de ne pas les avoir."

Pour lire l'article original en anglais :

“Racism is not a dirty word. It’s a precise diagnostic tool that helps us understand how systems work to the advantage of some while disadvantaging others.” — Dr Sereana Naepi, who edited ‘Oceans Between Us’, a new book that tackles racism against Pacific people.

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