
04/09/2024
Depuis son arrivée au pouvoir, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a suscité un grand espoir parmi les Gabonais, notamment en raison de l'espoir de changement qu'il a incarné après le coup d'État du 30 août 2023. Cependant, malgré cet enthousiasme initial, il est apparu que les décisions politiques prises jusqu'à présent n'ont pas pleinement répondu aux attentes du peuple gabonais. Cette situation met en évidence l'importance cruciale d'une gouvernance efficace et de conseillers politiques compétents pour assurer une transition réussie et durable. Dans ce contexte, il est essentiel de réexaminer les choix faits par le Président et d'évaluer comment une meilleure gestion des ressources et une orientation stratégique pourraient influencer positivement le développement du pays.
Lorsque le Président Oligui est arrivé au pouvoir, il a été accueilli avec un enthousiasme général, peu importe l’orientation politique de chacun. Cependant, la transition a montré des signes de malaise dès le début, notamment en ce qui concerne la manière dont les priorités ont été fixées. Au lieu de concentrer les efforts sur des projets ayant un impact direct sur la vie quotidienne des Gabonais, comme les infrastructures d’eau et d’électricité, le Gouvernement de transition a choisi d’investir dans des projets moins urgents ou plus controversés.
L'eau et l'électricité sont des piliers fondamentaux pour le développement économique et la qualité de vie. Un projet ambitieux pour moderniser les infrastructures d'eau et d'électricité aurait pu créer entre 10 000 et 30 000 emplois, selon les estimations. En effet, des études montrent que des projets d'infrastructure peuvent générer des emplois directement et indirectement à travers diverses phases : étude, construction et maintenance. Par exemple, une initiative similaire en Afrique du Sud a créé des milliers d'emplois et stimulé l'économie locale (Banque Mondiale, 2022).
Le Président Oligui aurait pu tirer parti des prêts obtenus par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) pour financer des projets d'envergure dans ces domaines. En septembre 2023, le Gabon a reçu un prêt de 193,5 millions de dollars du FMI pour soutenir les réformes économiques (FMI, 2023). Cependant, ces fonds ont été utilisés pour d'autres initiatives, comme l'achat d'Assala et des avions pour Fly Gabon, ainsi que pour financer les déplacements du Président. Un exemple frappant est l’investissement dans Fly Gabon et l’achat d’Assala, ainsi que les nombreux voyages du Président. Les dépenses pour ces voyages ont été évaluées à environ 10 milliards CFA par voyage, avec 20 voyages effectués en un an, totalisant environ 200 milliards CFA. Ce montant est presque équivalent au coût estimé d’un projet d’infrastructure d’eau et d’électricité, ce qui soulève des questions sur les priorités de dépense du gouvernement de transition.
Un autre problème majeur est la corruption endémique qui semble affecter la gestion des ressources. L'exemple de la pénurie de sucre au Gabon, où des problèmes de machines ont été évoqués avant que des cargaisons soient importées à des prix excessifs, illustre bien la manière dont les pratiques corruptives peuvent influencer négativement les politiques publiques et les marchés.
Lors de la pénurie de sucre au Gabon il y a quelques mois, on nous a expliqué que les machines étaient en panne. Cependant, cette explication ne semble pas tenir la route. En réalité, il s'agit probablement d'une escroquerie bien orchestrée visant à enrichir rapidement certains individus.
Il est courant dans ce genre de situation de créer une pénurie artificielle pour ensuite faire venir des cargaisons de sucre en urgence. Par exemple, si une boîte de sucre de 1 kg coûte 1000 CFA et qu'une cargaison de 11 000 tonnes est importée, les bénéfices pourraient atteindre 11 milliards CFA en quelques transactions. Pour ceux qui doutent de cette réalité, il suffit de comparer les dates : on vous annonce que les machines sont en panne, et seulement deux semaines plus t**d, le bateau est déjà arrivé à Libreville. Il est important de noter que le trajet d'un bateau depuis le Brésil jusqu'au Gabon prend environ un mois, ce qui soulève des questions sur la rapidité avec laquelle la cargaison a été livrée.
Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a encore un an pour rectifier le tir et transformer cette période de transition en une véritable opportunité pour le Gabon. Pour y parvenir, il est crucial de réévaluer les priorités et de concentrer les ressources sur des projets ayant des bénéfices tangibles et immédiats pour la population. L’investissement dans les infrastructures essentielles telles que l’eau et l’électricité doit être une priorité, car cela engendrera des effets positifs significatifs sur l’emploi et l’économie du pays. En parallèle, une lutte déterminée contre la corruption et une gestion plus rigoureuse des fonds publics sont essentielles pour regagner la confiance du peuple et assurer un avenir plus stable et prospère pour le Gabon. Le succès de cette transition dépendra largement de la capacité du Président et de ses conseillers à aligner leurs actions sur les véritables besoins du pays et à adopter des pratiques de gouvernance transparentes et responsables, plutôt que de se concentrer sur des campagnes publicitaires coûteuses ou des spectacles grandioses comme celui des drones que nous avons récemment vu à travers le Gabon.
Que Dieu bénisse le Gabon. C'est la voix de l'analyste Ricardo depuis les États-Unis.