23/02/2025
Des fossiles vieux de 120 millions d’années en Australie bouleversent l’évolution des dinosaures
Des recherches révolutionnaires publiées le 19 février dernier dans le Journal of Vertebrate Paleontology ont révélé une découverte extraordinaire : des fossiles du plus ancien mégaraptoridé jamais trouvé et les premières preuves confirmées de carcharodontosaures en Australie. Ces découvertes remodèlent notre compréhension de l’évolution des théropodes et révèlent une hiérarchie des prédateurs unique dans l’Australie du Crétacé. Dirigée par Jake Kotevski, doctorant à l’Institut de Recherche de Museums Victoria et à l’Université Monash, l’étude a examiné cinq fossiles de théropodes découverts le long du littoral de Victoria. Ces fossiles proviennent de deux formations géologiques majeures :
- le Groupe Strzelecki supérieur (territoire des Bunurong/Boonwurrung, Bass Coast), datant d’environ 121 à 118 millions d’années,
- la Formation d’Eumeralla (territoire des Eastern Marr, Otway Coast), vieille de 113 à 108 millions d’années.
Une hiérarchie des prédateurs unique
Les découvertes offrent de nouvelles perspectives sur l’écosystème ancien de Victoria, où de grands mégaraptoridés, mesurant 6 à 7 mètres de long, coexistaient avec de plus petits carcharodontosaures (2 à 4 mètres) et des unenlagiines rapides d’environ un mètre de long, surnommés « raptors du Sud ». "La découverte des carcharodontosaures en Australie est une avancée majeure", explique Kotevski. "Il est fascinant de voir comment la hiérarchie des prédateurs en Victoria divergeait de celle de l’Amérique du Sud, où les carcharodontosaures atteignaient des tailles comparables au Tyrannosaurus rex (jusqu’à 13 mètres de long), surpassant les mégaraptoridés. Ici, les rôles étaient inversés, soulignant l’unicité de l’écosystème australien du Crétacé."
Les plus anciens mégaraptoridés jamais découverts
Deux des fossiles représentent les plus anciens mégaraptoridés connus à ce jour, élargissant ainsi notre compréhension de l’histoire évolutive du groupe. Cela suggère que la faune théropode australienne a joué un rôle central dans les écosystèmes gondwaniens. "Ces découvertes non seulement enrichissent les archives fossiles australiennes sur les théropodes, mais elles apportent aussi des preuves solides d’échanges fauniques entre l’Australie et l’Amérique du Sud via l’Antarctique au début du Crétacé", explique le Dr Thomas Rich, conservateur principal de paléontologie des vertébrés à Museums Victoria Research Institute. "Elles remettent également en question les hypothèses précédentes sur la hiérarchie des tailles corporelles dans les écosystèmes de prédateurs du Gondwana, mettant en lumière la faune unique du Crétacé en Victoria."
L’importance des collections muséales
Cette recherche démontre le rôle essentiel des collections muséales dans l’avancement des connaissances scientifiques et dans la réalisation de découvertes majeures. "Les collections muséales sont essentielles pour approfondir notre compréhension de la vie préhistorique", explique Tim Ziegler, gestionnaire des collections en paléontologie des vertébrés à Museums Victoria Research Institute. "Des spécimens conservés dans la collection nationale depuis des décennies, restés jusqu’à présent non identifiables, fournissent aujourd’hui de nouvelles informations sur l’évolution des écosystèmes de dinosaures." Cette recherche illustre également le travail intergénérationnel des paléontologues de Museums Victoria. Depuis le Dr Thomas Rich, conservateur depuis 1974, jusqu’à Tim Ziegler et la nouvelle génération représentée par le doctorant Jake Kotevski, cette étude témoigne des efforts collectifs de la communauté scientifique pour créer et diffuser un savoir fiable.
Des bénévoles au cœur des découvertes
Trois des fossiles, découverts entre 2022 et 2023, ont été identifiés pour la première fois par une bénévole, Melissa Lowery, de Museums Victoria. Cette découverte souligne l’importance des contributions de la communauté, qui collabore avec des chercheurs expérimentés pour approfondir notre compréhension du passé préhistorique de l’Australie. Kotevski et son équipe poursuivent actuellement leurs recherches sur des sites fossiles clés, notamment l’endroit où a été découvert le grand mégaraptoridé. Ces fouilles ouvrent de nouvelles perspectives de recherche pour le projet Dinosaur Dreaming, qui a conduit à d’importantes découvertes, notamment plus de 10 000 fossiles d’os et de dents depuis son lancement. Ces découvertes incluent au moins sept types de dinosaures, trois groupes de mammifères, ainsi que des oiseaux, ptérosaures, plésiosaures, tortues et poissons.
Référence scientifique : "Evolutionary and paleobiogeographic implications of new carcharodontosaurian, megaraptorid, and unenlagiine theropod remains from the upper Lower Cretaceous of Victoria, southeast Australia" Auteurs : Jake Kotevski, Ruairidh J. Duncan, Tim Ziegler, Joseph J. Bevitt, Patricia Vickers-Rich, Thomas H. Rich, Alistair R. Evans et Stephen F. Poropat Publié dans : Journal of Vertebrate Paleontology Date de publication : 19 février 2025 DOI : 10.1080/02724634.2024.2441903
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