
20/07/2025
L’année scolaire 2024-25, Madame Groulard, professeure de latin et grec au Collège Saint-Julien Ath, a réalisé une mission d’enseignement à Athènes, dans le cadre du programme Erasmus+. Elle nous relate cette expérience inédite.
« La mission d’enseignement que j’ai réalisée ayant été cofinancée par l’Union européenne, la procédure requiert que je partage mes apprentissages avec le public. Raconter tous mes acquis en une seule publication est impossible, tant ils sont nombreux. Je vous les narrerai donc en plusieurs épisodes !
Episode 1 : Présentation de mon école d’accueil et du système scolaire grec
Exercer mon métier d’enseignante plusieurs mois à Athènes fut une aventure fantastique. Au-delà de l’apprentissage évident de la langue grecque moderne et de nouvelles connaissances disciplinaires dont je vous ferai grâce (je ne pense pas que les P2 infinitives ou les génitifs absolus soient d’un grand intérêt pour beaucoup), les bénéfices d’une telle mobilité sont innombrables.
Plonger dans la culture grecque, la vivre de l’intérieur avec les yeux d’une étrangère, est la meilleure stratégie qui soit pour pouvoir la reproduire en classe par la suite, la partager, la raconter, sans la tronquer ni s’appuyer sur de banals clichés.
À travers les cours de grec ancien, quoi de plus enthousiasmant pour les élèves que de pouvoir s’imprégner des coutumes de la Grèce moderne et d’établir des liens entre les deux langues : celle du présent et celle du passé ? Quoi de plus merveilleux pour eux que de donner vie aux auteurs étudiés, aux monuments évoqués ? Quoi de plus enrichissant que de créer des liens d’amitié avec de jeunes Européens, et ainsi s’interroger sur son propre mode de vie ?
Je commencerai par vous décrire mon école d’accueil : l’École artistique de Gerakas (Καλλιτεχνικό Σχολείο Γέρακα). Il s’agit d’une école publique qui, en plus de dispenser les cours généraux requis dans le but de réussir les examens panhelléniques en fin de scolarité (l’équivalent du Bac français), propose des cours artistiques avec 3 orientations possibles pour les élèves : théâtre, arts plastiques et danse.
En Grèce, le système scolaire est très différent du nôtre :
- Les cours dans le secondaire durent 45’. Ils commencent à 8.15 pour se terminer vers 13.15. Toutefois, mon école d’accueil fonctionne jusque 14.40, puisqu’elle offre des cours artistiques en plus du cursus traditionnel.
- Les cours sont rythmés par plusieurs récréations de 15’ chacune.
- Il n’y a pas de pause pour le repas de midi : les élèves mangent chez eux. Autant vous dire qu’ils mangent très t**d par rapport à nous ! D’ailleurs, le rythme de vie général est fort différent en Grèce : les moments de la journée sont découpés autrement : la matinée s’arrête à 14h, le « midi » à 16h, l’après-midi à 20h ! J’ajouterai que les Grecs se disent « bonsoir » dès 12h-13h : une habitude assez difficile à intégrer pour moi, issue d’un pays où l’on dit « bonjour » à n’importe quel moment de la journée !
- Peu de place est laissée à la liberté pédagogique : les mêmes manuels scolaires sont distribués (gratuitement) et imposés à toutes les écoles du pays.
- La grande majorité des enfants ont des cours particuliers après l’école. À la différence de ce qui se passe chez nous, même les très bons élèves grecs (ceux qui n’ont aucune difficulté à l’école) vont dans des centres spéciaux l'après-midi (les « phrontistiria ») ou chez des professeurs particuliers, dans le but d’avoir le plus de chances possible d’intégrer plus t**d l’université de leur choix. Inutile de vous dire que les parents grecs dépensent énormément d’argent pour l’éducation de leurs enfants…
- Les écoles privées sont nombreuses, d’aucuns considérant que l’enseignement dispensé par le secteur public est médiocre (personnellement, je ne suis pas d’accord : mon école d’accueil - publique - dispense un enseignement de qualité). Les établissements publics sont gratuits, mais les frais de scolarité atteignent des sommes faramineuses dans les établissements privés.
- La religion orthodoxe est omniprésente dans le quotidien : la prière matinale est une obligation légale dans les écoles publiques ! La Grèce n’est pas un État laïc… En début d’année scolaire, un pope vient même bénir les écoles à tour de rôle (à coups de basilic !).
- Pas de vacances de Toussaint ni de Carnaval en Grèce. Les vacances se limitent aux périodes de Noël et de Pâques.
- Néanmoins, plusieurs fêtes viennent alléger le calendrier scolaire. Par exemple, les Grecs ont (étonnamment) 2 fêtes nationales : le 28 octobre (« jour du Non », commémorant le refus du Premier ministre grec Ioannis Metaxas, en 1940, de laisser entrer l’armée italienne de Mussolini sur son territoire, et faisant ainsi entrer la Grèce dans la Seconde Guerre mondiale) et le 25 mars (marquant le début de la guerre d’indépendance de la Grèce face à l’occupation ottomane, en 1821) ; le 17 novembre est également un jour férié, consacré à la commémoration du début de la révolte contre la dictature des colonels en 1973, lors de laquelle des étudiants de l’Université polytechnique ont été tués.
À suivre ! 😊
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