18/07/2025
[ ]Nucléaire iranien: la République islamique dépose ses conditions avant toute négociation
Dans cet interview du journal Le Monde, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, assure que son pays reste ouvert au dialogue avec Washington sur le dossier nucléaire, à condition que les Etats-Unis offrent des « garanties contre toute attaque », s’engagent à un « respect mutuel » et reconnaissent des « erreurs ». Il exclut en revanche toute négociation sur le programme balistique iranien, qu’il qualifie de « défensif et dissuasif ».
Donald Trump affirme que le programme nucléaire iranien a été détruit lors des frappes israélo-américaines menées du 13 au 25 juin. De son côté, Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), déclare que ce programme n’a été retardé que de quelques mois. Quelle est votre évaluation ?
Après l’attaque des Etats-Unis contre des installations sous la supervision de l’AIEA, des dommages graves ont été causés que nous sommes en train d’examiner. Nous sommes dans le droit de demander une indemnisation pour cela. L’affirmation selon laquelle un programme aurait été anéanti ou qu’une nation devrait décider de mettre fin à son programme nucléaire pacifique, dont les objectifs sont de répondre aux besoins en énergie, en médecine, en pharmacie et en agriculture, relève d’une erreur de calcul.
Un programme qui est sous la surveillance constante de l’AIEA, et qui continue dans le cadre du droit international, n’est pas simplement constitué de bâtiments et de machineries. La volonté d’un peuple qui a réussi à atteindre le sommet de la connaissance n’est pas destructible. Les rapports de l’AIEA ont à plusieurs reprises reconnu qu’aucune déviation vers des activités militaires n’avait été observée dans le programme nucléaire pacifique de l’Iran. Ce qui est irrémédiable, c’est en réalité le coup porté au système de non-prolifération. L’attaque contre des installations nucléaires sous supervision de l’AIEA, et l’absence de condamnation de cela par les pays occidentaux, constitue une attaque contre les lois internationales et en particulier contre le système de non-prolifération. Depuis 2003, notre effort a été de développer notre programme nucléaire pacifique dans le cadre des lois internationales et avec la participation des pays dotés de la technologie nucléaire, afin de renforcer la confiance. Mais les sanctions et les comportements contradictoires de nos partenaires dans le JCPoA [l’accord nucléaire de Vienne conclu en 2015 entre l’Iran, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Russie et la Chine] ont rendu cette voie compliquée.
Après les bombardements américains, êtes-vous disposé à reprendre les négociations avec les Etats-Unis ?
L’Iran a toujours montré qu’il est fondamentalement disposé à négocier sur la base du respect mutuel. Notre adversaire [les Etats-Unis] a piétiné un accord multilatéral et international [en 2018 en sortant unilatéralement du JCPoA], a violé notre espace aérien en plein milieu des négociations et a attaqué des installations. Ces attaques auraient pu entraîner une catastrophe environnementale et humaine affectant non seulement la sécurité et la santé du peuple iranien, mais aussi celle des populations de la région pendant des années.
La diplomatie est un chemin à double sens, et ce sont les Etats-Unis qui ont interrompu les négociations pour se tourner vers l’attaque militaire. Il est donc essentiel que la responsabilité des erreurs soit reconnue et qu’un signe clair de changement de comportement soit observé. Il faut garantir qu’à l’avenir, en pleine négociation, les Etats-Unis ne mèneront pas d’attaque militaire.
Des négociations sont-elles prévues dans les prochains jours ?
A l’heure actuelle, des échanges diplomatiques sont en cours par l’intermédiaire de certains pays amis ou médiateurs. La forme des discussions peut changer selon les conditions évoquées précédemment. Le dialogue a toujours été, et reste, le noyau de la politique étrangère de l’Iran, et vous ne trouverez aucun exemple dans l’histoire où l’Iran a violé ce principe
Donald Trump affirme avoir sauvé le Guide suprême, Ali Khamenei, de la mort et menace l’Iran de nouvelles attaques en cas d’enrichissement d’uranium…
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