04/11/2025
🛑Récit d’un procès : Il imite la signature de son patron et retire près de 5 millions de francs de son compte
Le mercredi 22 octobre 2025, Aziz (nom d’emprunt), chauffeur, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I. Il est poursuivi pour faux en écriture privée et vol au préjudice de son patron, Souleymane (nom d’emprunt).
Les faits
Courant septembre 2025, Aziz a été interpellé pour avoir imité la signature de son patron afin de soustraire, par chèque, la somme de 4 800 000 F CFA. À la barre, ce mercredi, il a reconnu les faits.
Le tribunal lui demande :
— « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Aziz répond :
« Je travaille avec mon patron depuis cinq ans pour un salaire de 75 000 F CFA. Ma mère étant malade, j’ai vendu mon terrain non loti pour ses soins. Elle allait mieux, mais vers le mois de juillet, on m’a appelé pour me dire qu’elle était entre la vie et la mort. Elle réside en Côte d’Ivoire. J’ai demandé de l’aide à mon patron, il m’a dit qu’il allait voir, mais après trois relances, il n’a pas réagi.
Un jour, le patron m’a envoyé régler une facture au garage avec un chèque. J’ai pris une photo de la signature du chèque. Ensuite, lorsque j’ai eu accès à son bureau, j’ai soutiré sept chèques. Le premier montant passé a été d’un million, le deuxième de 1 800 000 F CFA et le troisième de 2 millions F CFA. J’ai envoyé 500 000 F CFA via le réseau, mais le transfert a échoué. Une voisine qui se rend souvent en Côte d’Ivoire a accepté de transmettre l’argent à ma mère. Le reste, je l’ai utilisé pour mes frais de visa pour l’étranger. »
L’imitation de la signature et l’usage de l’argent
Le tribunal demande :
— « Comment avez-vous procédé pour imiter la signature ? »
Aziz répond :
« Je me suis exercé dans un cahier. J’ai fait plusieurs essais avant de réussir. »
— « Comment l’argent a-t-il été utilisé ? »
« J’ai envoyé 4 millions à ma mère et 600 000 F CFA pour les frais de visa. Les 200 000 F CFA restants sont encore disponibles. »
Le tribunal rappelle qu’au cours de l’enquête, Aziz avait déclaré avoir utilisé une partie de l’argent pour acheter des habits.
— « Donc la thèse de la maladie de votre mère ne tient pas ? »
— « Effectivement, j’ai fauté », reconnaît-il.
Le président du tribunal souligne :
« Votre mère ne se sent pas malade, vous cherchez un visa, vous faites du commerce et vous voulez quitter le pays. Où se trouve la vérité ? Aucune preuve ne le confirme. Et lorsque vous avez pris le chéquier, vous n’avez pas fait un chèque de 4 millions comme vous l’aviez laissé croire pour les soins de votre mère. Sans votre interpellation, vous auriez continué à retirer de l’argent du compte de votre patron. »
Aziz tente de se défendre :
« J’ai acheté des marchandises ici au Burkina et le commerçant en Côte d’Ivoire devait remettre l’argent à ma mère. »
Le tribunal lui demande le reçu d’achat, mais Aziz répond que le chauffeur est parti avec et qu’il n’a pas de copie.
Observations du procureur
Le procureur s’adresse à lui :
« Vous avez retiré 4 800 000 F CFA de votre patron, de l’argent qui ne vous appartenait pas. C’est du vol. Il vous a fait confiance et vous le trahissez. Il n’était pas obligé de vous donner cet argent, il fallait patienter. Pour 4 800 000 F CFA, vous risquez de perdre votre emploi et de salir votre casier judiciaire. »
Selon le représentant de la victime, Aziz avait bien demandé une avance, mais pas pour soigner sa mère ; il n’avait évoqué sa maladie qu’après coup.
Le père d’Aziz, présent à l’audience, a affirmé n’être au courant de rien.
Aziz explique :
« J’ai bien demandé au patron, peut-être qu’il a oublié. Mon père n’est pas au courant de la maladie de ma mère car ils ne vivent plus ensemble depuis plusieurs années. »
Les réquisitions et le verdict
La victime s’est constituée partie civile et réclame 4 800 000 F CFA.
Le procureur déclare :
« Aziz est poursuivi pour faux en écriture privée et vol. Il a reconnu les faits lors de l’enquête. Il a imité la signature avec dextérité et a soutiré de l’argent à plusieurs reprises. La victime a subi un préjudice, d’où sa constitution en partie civile. Aziz n’est pas le seul enfant de sa mère ; il ne devait pas agir ainsi. Sans son arrestation, il aurait continué à voler. »
Le parquet a requis à son encontre 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, et une amende ferme d’un million de francs CFA.
Dans son verdict, le Tribunal de grande instance de Ouaga I a reconnu Aziz coupable des faits qui lui sont reprochés.
Il a été condamné à 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, et à une amende ferme d’un million de francs CFA.
Il devra également rembourser à la victime la somme de 4 800 000 F CFA.
Source : Zoodomail