23/11/2025
đŽ La nationalisation du rĂ©seau Orange Burkina : Une exigence sĂ©curitaire et Ă©conomique face aux vols des donnĂ©es sensibles et Ă la guerre numĂ©rique silencieuse que mĂšne la France contre le Burkina
Le Burkina Faso est engagĂ© dans une guerre multidimensionnelle. Une guerre militaire, certes, contre les groupes armĂ©s terroristes. Mais aussi une guerre plus insidieuse, plus silencieuse, plus perverse : celle de lâinfluence, de la captation des donnĂ©es, de la dĂ©pendance technologique et du pillage Ă©conomique.
Dans cette guerre, les tĂ©lĂ©communications sont devenues un champ de bataille stratĂ©gique. Et au cĆur de ce champ,
un acteur concentre toutes les
contradictions de notre souveraineté : Orange Burkina, filiale du groupe français Orange S.A., anciennement France Télécom.
Orange S.A. nâest pas une entreprise privĂ©e comme les autres. Elle est entiĂšrement liĂ©e Ă lâĂtat français, qui en reste lâun des principaux actionnaires. En 2025, lâĂtat français dĂ©tient encore 22,95 % du capital via lâAgence des participations de lâĂtat (APE) et Bpifrance.
Les investisseurs institutionnels contrĂŽlent 59,6 % des parts, tandis que les salariĂ©s en dĂ©tiennent 8,28 % et les actionnaires individuels 9,1 %. Cette structure actionnariale signifie que les dĂ©cisions stratĂ©giques du groupe â y compris dans ses filiales africaines â sont influencĂ©es par des intĂ©rĂȘts Ă©tatiques et financiers de la France.
En clair, Orange Burkina est une extension opĂ©rationnelle dâun groupe dont les centres de dĂ©cision, les prioritĂ©s et les loyautĂ©s sont extĂ©rieurs au Burkina Faso.
Il ne sâagit donc pas ici dâun simple opĂ©rateur de tĂ©lĂ©phonie. Il sâagit dâun nĆud vital de notre sĂ©curitĂ© nationale, dâun canal par lequel transitent les communications de lâĂtat, les transactions financiĂšres des citoyens, les donnĂ©es personnelles de millions de BurkinabĂš, les mĂ©tadonnĂ©es sensibles sur les mouvements, les habitudes, les rĂ©seaux sociaux, les localisations. Laisser une telle infrastructure entre les mains dâun groupe Ă©tranger, historiquement liĂ© Ă une puissance qui a dĂ©montrĂ© Ă maintes reprises son hostilitĂ© politique, revient Ă laisser une brĂšche permanente dans notre souverainetĂ©.
Les faits sont lĂ . Orange Burkina dĂ©tient plus de 12 millions dâabonnĂ©s, soit prĂšs de la moitiĂ© de la population du pays. Son chiffre dâaffaires annuel dĂ©passe les 330 milliards de francs CFA. Pourtant, Ă peine un tiers de cette somme reste sur le territoire national sous forme de fiscalitĂ© ou dâinvestissements.
Le reste est rapatrié vers la maison-mÚre en France, sous couvert de dividendes, de redevances techniques, de frais de gestion.
Chaque appel passĂ©, chaque mĂ©gaoctet consommĂ©, chaque transaction mobile money devient une source de richesse pour lâextĂ©rieur, pendant que le TrĂ©sor public
burkinabÚ peine à financer la guerre, à payer les salaires, à électrifier les zones rurales, à moderniser les hÎpitaux.
Ce nâest pas une simple fuite de capitaux.
Câest un pillage organisĂ©, maquillĂ© en partenariat Ă©conomique.
Et ce pillage sâaccompagne dâun risque sĂ©curitaire majeur.
Dans un contexte de guerre asymĂ©trique, oĂč les puissances Ă©trangĂšres utilisent les outils numĂ©riques pour cartographier les Ă©lites, manipuler les rĂ©cits mĂ©diatiques, saboter les efforts de stabilisation, il est irresponsable de laisser une entreprise aussi stratĂ©gique entre des mains extĂ©rieures.
La DGSE française, dont les activitĂ©s de renseignement en Afrique sont bien connues, dispose potentiellement dâun accĂšs privilĂ©giĂ© Ă nos flux de donnĂ©es. Cela signifie quâaucune communication nâest vĂ©ritablement Ă lâabri.
Ni celles des institutions, ni celles des forces de défense, ni celles des citoyens.
Ce contrĂŽle technologique sâajoute Ă une domination symbolique : celle dâun rĂ©seau qui, tout en se prĂ©sentant comme un prestataire de service, agit comme un bras Ă©conomique et informationnel dâun Ătat Ă©tranger.
Il est temps de briser cette chaĂźne. Orange Burkina nâest pas un simple opĂ©rateur. Câest un outil de projection dâinfluence, un cheval de Troie numĂ©rique, un canal de captation de valeur et dâintelligence stratĂ©gique.
Face Ă cette rĂ©alitĂ©, lâinaction Ă©quivaut Ă la complicitĂ©. Il ne suffit plus de dĂ©noncer. Il faut agir. Nationaliser Orange Burkina nâest pas un acte de repli. Câest un acte de libĂ©ration. Câest reprendre le contrĂŽle dâun levier stratĂ©gique, mettre fin Ă lâhĂ©morragie financiĂšre, sĂ©curiser nos donnĂ©es, et rĂ©orienter les profits vers les prioritĂ©s nationales. Câest faire en sorte que chaque franc dĂ©pensĂ© par un citoyen burkinabĂš serve Ă financer la reconstruction du pays, et non Ă enrichir une puissance Ă©trangĂšre qui nâa jamais digĂ©rĂ© la fin de sa domination.
Les compétences existent.
Nos universitĂ©s forment chaque annĂ©e des ingĂ©nieurs en tĂ©lĂ©communications, des experts en cybersĂ©curitĂ©, des gestionnaires de rĂ©seaux. Nos jeunes innovateurs dĂ©veloppent des solutions numĂ©riques dans des conditions prĂ©caires, sans soutien, sans accĂšs aux infrastructures. Leur confier la gestion dâun opĂ©rateur national, câest leur donner les moyens de servir leur pays.
Câest crĂ©er des emplois, renforcer la recherche, stimuler lâinnovation locale. Câest faire du numĂ©rique un pilier de la souverainetĂ©, et non un vecteur de dĂ©pendance.
Le moment est venu de trancher. Soit nous continuons à subir, à payer, à nous exposer, à dépendre. Soit nous reprenons
ce qui nous appartient. La nationalisation dâOrange Burkina doit ĂȘtre immĂ©diate, totale, irrĂ©versible. Elle doit sâaccompagner dâun audit complet, dâun transfert de compĂ©tences, dâun plan de sĂ©curisation des donnĂ©es, et dâun nouveau modĂšle de gouvernance publique, transparent, efficace, patriote.
Dans cette guerre globale, il nây a pas de neutralitĂ©. Il nây a que des choix. Et le choix de la souverainetĂ© ne se nĂ©gocie pas. Il sâexerce. Le peuple burkinabĂš est prĂȘt. Il a dĂ©jĂ payĂ© le prix fort pour sa libertĂ©. Il est temps que lâĂtat, Ă son tour, prenne ses responsabilitĂ©s. Reprendre le contrĂŽle de nos tĂ©lĂ©coms, câest reprendre le contrĂŽle de notre destin. Câest refuser lâhumiliation silencieuse. Câest choisir la dignitĂ©, la sĂ©curitĂ©, et la reconstruction.
Un peuple qui ne contrĂŽle pas ses tĂ©lĂ©communications livre ses secrets Ă ses adversaires. LâAES ne peut bĂątir sa souverainetĂ© sur des rĂ©seaux pilotĂ©s depuis lâĂ©tranger. Nationaliser, câest sĂ©curiser nos donnĂ©es, nos finances et nos institutions.
Câest refuser lâhumiliation numĂ©rique et affirmer notre dignitĂ© stratĂ©gique. Le temps nâest plus Ă la dĂ©pendance, mais Ă la maĂźtrise totale de nos infrastructures vitales.