19/08/2025
Récit d’un procès : Estimant son salaire dérisoire, une caissière détourne plus de 8 millions FCFA
Le lundi 17 février 2025, la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso a jugé une affaire pour le moins singulière. À la barre, Blandine (nom d’emprunt), caissière dans une agence de transfert d’argent, reconnaît avoir détourné une somme colossale de 8 726 077 FCFA au fil des années.
Les faits s’étalent de 2019 à 2024. Son stratagème, explique-t-elle, consistait à s’approprier ce qu’elle croyait être des “surplus” de caisse :
« À la fin de la journée, il restait parfois de l’argent après les comptes. Je le laissais plusieurs semaines. Si personne ne réclamait, je le prenais », confie-t-elle calmement au président.
Mais pour son employeur, la réalité est bien différente. Selon la partie civile, Blandine modifiait les comptes avant la fermeture pour masquer certaines transactions et faire passer les sommes détournées pour des excédents.
Face aux juges, la prévenue justifie son acte par un salaire jugé dérisoire : 60 000 FCFA par mois.
- « 60 000 FCFA, ce n’est pas beaucoup pour toi ? », l’interroge le président.
- « Non », répond-elle sèchement.
- « Dans ce cas, il fallait démissionner », rétorque le magistrat. Elle ajoute qu'elle a commencé par un stage avec une rémunération de 20 000 FCFA par mois.
À l’enquête, il est ressorti qu’une partie de l’argent avait été investie dans l’achat d’une parcelle à 3 millions FCFA, tandis que 2,3 millions avaient été conservés sur son compte bancaire. Le reste, dit-elle, s’est « évaporé ».
Le parquet, estimant les faits clairement établis, a requis 12 mois de prison et 2 millions FCFA d’amende, le tout assorti de sursis, en tenant compte de sa coopération et de son engagement à rembourser.
La partie civile, elle, a réclamé 6 926 077 FCFA, correspondant au solde de la perte. La prévenue ayant déjà versé 2 millions 300 000 FCFA.
Dans sa décision, le tribunal a retenu la culpabilité de Blandine et l’a condamnée à 12 mois de prison et une amende de 26 178 077 FCFA avec sursis. La demande de la victime a été jugée recevable, et la caissière devra lui verser les 6 926 077 FCFA réclamés.
Justice Infos Burkina