20/10/2025
🔴 : tentative de coup d’État déjouée — seize officiers arrêtés, le pouvoir civil maintenu sous haute tension
Le 18 octobre 2025, les autorités nigérianes ont annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État militaire visant à renverser le président Bola Ahmed Tinubu. Selon les services de renseignement, seize officiers de l’armée, dont plusieurs hauts gradés, ont été arrêtés pour avoir planifié une opération de renversement du pouvoir exécutif.
Le coup devait être lancé le 1er octobre, jour symbolique de la fête nationale marquant l’indépendance du Nigeria — une date choisie pour sa portée émotionnelle et politique, dans l’espoir de galvaniser l’opinion publique et de légitimer une prise de pouvoir brutale.
Le plan, minutieusement préparé, prévoyait la prise de contrôle des institutions clés, l’occupation des médias publics, la neutralisation des figures politiques majeures, et l’instauration d’un gouvernement militaire de transition. Mais grâce à une surveillance renforcée, à des infiltrations ciblées et à des interceptions de communications internes, les services de sécurité ont pu neutraliser le réseau avant son activation. L’opération a été menée avec une rapidité chirurgicale, évitant tout affrontement armé et empêchant la propagation du chaos dans les casernes.
Cette tentative avortée intervient dans un contexte continental marqué par la montée de l'AES (Alliance des États du Sahel).
Les transitions politiques opérées au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont profondément influencé les armés africains, en particulier ceux qui remettent en cause la démocratie libérale importée, jugée inefficace, corrompue ou déconnectée des réalités populaires.
Ces régimes, portés par des discours de souveraineté, de dignité nationale et de rupture avec les tutelles étrangères, ont redonné à l’uniforme une légitimité politique que beaucoup pensaient révolue.
Au Nigeria, cette dynamique semble avoir trouvé un écho chez certains officiers frustrés par l’inertie institutionnelle, les inégalités persistantes, la corruption endémique et la dépendance extérieure.
Le coup d’État manqué révèle une crise de légitimité profonde, où même les forces censées protéger la République commencent à questionner le modèle de gouvernance en place. Le fossé entre les élites politiques et les aspirations populaires,
notamment dans les zones rurales et les régions marginalisées, alimente un ressentiment que certains militaires cherchent à canaliser en projet politique.
Le président Tinubu, bien que sauvé par les services de renseignement, se retrouve désormais face à une armée fracturée, à une opinion publique méfiante, et à une région où la souveraineté populaire devient un mot d’ordre mobilisateur. La stabilité du Nigeria, géant démographique et économique du continent, repose désormais sur sa capacité à réformer, à écouter, et à anticiper les ruptures. Le pouvoir civil devra démontrer qu’il peut répondre aux attentes populaires sans recourir à la répression ni à la rhétorique creuse.
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Ce 18 octobre, le pouvoir civil a tenu bon.
Mais le signal est clair : la démocratie ne peut survivre sans justice sociale, sans souveraineté réelle, et sans adhésion populaire. Et dans cette Afrique en recomposition, les modèles imposés vacillent — les peuples réclament des alternatives enracinées, audacieuses et dignes.
Le Nigeria, fort de son histoire de luttes et de résilience, est à la croisée des chemins : soit il s’enfonce dans la répétition des crises, soit il s’élève en redéfinissant son contrat social sur des bases authentiquement africaines.
INFOS Afrique N1