22/10/2019
La Guerre des mots entre musiciens et journalistes burundais atteint son paroxysme
Bonjour Chers frères,
Les tensions entre certains artistes musiciens burundais et journalistes culturels ont fait couler quelques semaines, beaucoup d’encre et de salive sur la toile. Tout commence par un post d’un artiste sur ses réseaux sociaux « waramenyereye ba ba journalistes b’iwacu baba amateurs batazi kubaza ibibazo none raba karakubanyeko mwana wa mama », littéralement traduit en français « tu étais habitué à répondre aux questions des journalistes amateurs de chez nous qui ne savent pas poser des questions, regarde maintenant tu es dépaysé, mon frère ». Ce musicien faisait référence à un autre artiste musicien burundais qui était en tournée en Tanzanie. Quelques minutes plus t**d, un journaliste culturel réplique « Ngo aba journaliste b’abarundi na ba amateurs ? nibazako woretira ta parole hatararengerana… », traduit en français « vous dites que les journalistes Burundais sont amateurs ? je pense que tu peux retirer ta parole avant qu’il ne soit trop t**d … » Boom ! chacun tire à bout portant sur l’autre. Devant cette situation, certains fans, artistes et journalistes mettent de l’huile sur le feu. D’autres, appellent au calme.
Pour certains « ces postes déshonorent les musiciens burundais. » Les autres, appellent ces musiciens et journalistes à la retenue et au dialogue. Voilà quelque chose de bon esprit !
Un mois avant, un autre musicien burundais a essuyé des critiques de la part de musiciens et journalistes puisqu’il avait dénoncé la corruption de certains journalistes sur son compte Facebook. Dans le même temps, un autre artiste avait été critiqué par ses confrères artistes et journalistes culturels, et fans de la musique parce qu’elle avait tout simplement écrit sur son compte tweeter « je ne collabore qu’avec les médias reconnus au niveau du CNC. »
Mais pourquoi cette guerre des mots sur la toile entre certains musiciens et journalistes commence à prendre une allure inquiétante aujourd’hui ? Quel impact pourrait-elle avoir sur notre musique ? voici mon analyse.
Une course vers le succès
Aujourd’hui, bon nombre de musiciens courent derrière le succès. Ces derniers se battent pour que leurs musiques soient classées « number one » ou « hit » du moment dans différentes émissions radio, télé ou différentes compétions musicales organisées au Burundi. Certains artistes vont jusqu’ à corrompre certains journalistes pour arriver à leurs fins. Comme on dit « la fin justifie les moyens. » « … souvent, lors des classements et compétitions au Burundi, ce sont des musiciens ratés qui sont classés 1er à cause de la corruption… », je pouvais lire un commentaire d’un musicien burundais sur son Facebook.
l’arrogance
Bon nombre de musiciens burundais deviennent plus arrogants lorsqu’ ils ont des opportunités plus que les autres (beaucoup des concerts ou tournées au pays ou à l’étranger, trophées …). Par conséquent, ils profitent de leurs « soi-disant succès » pour traiter les autres musiciens « d’incompétents », « amateurs » ou « undergrounds » sur la toile. Ce mépris de l’autre pourrait conduire au conflit ou à la catastrophe.
La promotion des musiques étrangères au détriment des musiques locaux par certains media burundais
Certaines radios au Burundi font la promotion des musiques étrangères au détriment des musiques locales. Ce déséquilibre lié à la promotion musicale, crée un sentiment de frustration chez certains musiciens burundais et provoque des réactions de frustration sur les réseaux sociaux. « Au Burundi, nos journalistes diffusent des chansons de Diamond presque tous les jours alors que les journalistes tanzaniens ne font jamais la promotion de notre musique dans leur pays, c’est frustrant… », a posté un autre musicien burundais sur son compte facebook.
Les divisions au sein de l’Amicale des musiciens du Burundi
L’amicale des musiciens du Burundi qui devrait jouer un rôle de « Connecteur » dans ce conflit, est aujourd’hui affaibli par les conflits internes qui ont déchiré cette organisation au cours de ces deux dernières années. Ces conflits au sein de cette organisation ont divisé ses membres, les uns d’un côté, les autres de l’autre. Dans ce contexte, il est difficile, voire même impossible pour l’Amicale des Musiciens du Burundi d’amener les deux partis en conflits sur la même table pour échanger et trouver des solutions ensemble sur des conflits critiques qui minent ce secteur. Dieu merci car au moment où je suis en train d’écrire cet article, je viens d’apprendre que cette organisation, à travers son nouveau leadership a décidé de réconcilier les partis en conflit. Au moins avec une telle initiative, bon nombre de musiciens, journalistes et fans espèrent que les tensions entre certains artistes et journalistes burundais vont sensiblement diminuer.
Donc, la course vers le succès, l’arrogance, la promotion des musiques étrangères au détriment de la musique locale par certains média burundais, les divisions au sein de de l’Association Amicale des Musiciens du Burundi etc… seraient à l’origine de cette guerre de mots entre musiciens d’une part et entre musiciens et journalistes d’autre part sur les réseaux sociaux.
Il est grand temps que cette guerre de mots cesse ! Il est grand temps que les artistes et les journalistes burundais comprennent que nous avons tous une musique à protéger et à sauvegarder pour des générations futures. Il est plus que nécessaire que le Ministère de la jeunesse, des sports et de la culture et plus particulièrement, la Direction Générale de la culture et des Arts et le Ministère des Postes, des Technologies de l’information, de la communication et des Medias prennent cette question en main ! Car tant que les musiciens burundais et les journalistes culturels ne seront pas unis. Tant qu’ils ne comprendront jamais qu’ils doivent protéger les valeurs positives de la culture burundaise et tant qu’ils ne comprendront jamais qu’ils doivent mettre en avant la culture au service de la paix, de la justice sociale et au développement …tous les musiciens et peuple burundais seront humiliés partout où ils sont !
Salut !
Pierre Nyabenda