
28/04/2025
TELL ME DIPLOMAT N⁰009 : LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN, Décryptage
EXPLICATION DU CONFLIT
Le conflit israélo-palestinien est l'un des plus anciens et des plus complexes de l'époque contemporaine. Au début du XXᵉ siècle, la Palestine a été mise sous mandat britannique, après l'effondrement de l'empire Ottoman. Pendant cette période, les tensions entre communautés juive et arabe n’ont cessé de croître.
La déclaration Balfour de 1917, par laquelle la Grande-Bretagne soutient l'établissement d’un foyer national juif en Palestine, est perçue par les Arabes comme une trahison de leurs aspirations nationales.
En fait, les Palestiniens (les arabes), qui étaient présents en Palestine de ce temps-là, estiment que c'est leur territoire : personne ne peut le leur arracher. Mais les Israéliens (les juifs), se considérant comme la race choisie et à laquelle fut attribuée cette partie du globe, veulent coûte que coûte habiter sur le territoire.
Après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, les pressions internationales en faveur de la création d’un État juif s'intensifient, aboutissant au plan de partage de l’ONU en 1947. Celui-ci prévoit la CRÉATION DE DEUX ÉTATS, l’un juif et l’autre arabe.
Mais le rejet du plan par les pays arabes et la proclamation de l’indépendance d’Israël en 1948 déclenchent la première guerre israélo-arabe. Ce conflit entraîne la Nakba, soit l’exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens, scellant les bases d’un affrontement qui deviendra à la fois territorial, identitaire et existentiel.
Au fil des décennies, les événements marquants ont creusé davantage les fractures. Nous pouvons notamment citer la guerre des Six Jours de 1967, durant laquelle Israël occupe la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est et le plateau du Golan, ouvre une nouvelle ère d’occupation militaire et de colonisation.
Il y a également les Intifadas de 1987 et 2000 marquent des soulèvements populaires contre l’occupation, tandis que les Accords d’Oslo des années 1990 laissent entrevoir un espoir de paix vite déçu par la violence, la méfiance et les échecs politiques. Le retrait unilatéral d'Israël de Gaza en 2005 n'apporte pas la paix attendue, notamment après que le Hamas, mouvement islamiste, s'impose par la force dans l'enclave palestinienne en 2006. Dès lors, le cycle de violences, blocus, frappes et représailles devient la norme.
L’année 2023 ouvre une nouvelle séquence dramatique. Le 7 octobre, le Hamas lance une attaque d’une ampleur inédite contre Israël : tirs massifs de roquettes, incursions meurtrières dans des villages et prise d’otages. Cette opération provoque la mort de plus de 1 200 personnes, essentiellement des civils, et traumatise profondément la société israélienne. En riposte, Israël engage une guerre totale contre Gaza, combinant bombardements massifs, opérations terrestres et blocus total.
Ce conflit a de nombreuses répercussions sur plusieurs plans.
LES CONSÉQUENCES DU CONFLIT
Nous apprécierons les conséquences de la guerre israélo-palestinienne sur les plans humanitaire, politique et géopolitique sécuritaire.
Sur le plan HUMANITAIRE, le bilan est catastrophique : Gaza est ravagée, des dizaines de milliers de civils palestiniens périssent et l’ONU alerte sur un désastre sans précédent. Selon les derniers rapports des Nations Unies datant du 30 novembre 2024, « le conflit aurait coûté la vie à plus de 44.000 Palestiniens et 1.700 Israéliens et ressortissants étrangers. Des dizaines de milliers d’autres ont été blessés et plus de 100 otages israéliens restent à Gaza dans des conditions désastreuses ».
Il faut remarquer que ce rapport ne mentionne pas les millions de personnes déplacées, qui n’ont pas l’accès à l’eau, ni à la nourriture et aux soins médicaux.
Sur le plan POLITIQUE, Israël justifie sa campagne par la nécessité d’éradiquer la menace du Hamas, perçu comme une organisation terroriste existante pour sa destruction. Toutefois, les critiques internationales se multiplient, dénonçant un usage disproportionné de la force et un non-respect du droit humanitaire.
À l’intérieur d’Israël, le gouvernement de Benjamin Netanyahu fait face à une profonde crise de crédibilité, nourrie par les divisions internes, les échecs sécuritaires et les manifestations populaires préexistantes.
Côté palestinien, la population de Gaza est prise en étau entre la violence militaire israélienne et la stratégie du Hamas, qui, tout en se posant en résistant face à Israël, expose volontairement les civils au danger. L’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie et historiquement rivale du Hamas, est marginalisée et incapable d’incarner une alternative crédible.
Par ailleurs, cette crise met en danger une fois de plus, toute la zone du Moyen-Orient. Car parallèlement, le conflit s’internationalise : des échanges de tirs ont lieu avec le Hezbollah au Liban, des tensions s’exacerbent en Cisjordanie et des groupes armés pro-iraniens se mobilisent en Syrie et en Irak.
Sur le plan GÉOPOLITIQUE, le conflit agit comme un révélateur des fractures géopolitiques contemporaines. En effet, les États-Unis soutiennent fermement Israël, mais subissent une pression croissante, notamment de la part d’une jeunesse américaine plus critique de la politique israélienne.
L’Europe, divisée, oscille entre solidarité envers Israël et appels au respect du droit international. Les pays arabes, bien que dénonçant la violence, restent prudents dans leurs actes, craignant une explosion régionale incontrôlable.
Quant aux puissances émergentes comme la Chine, la Russie ou les BRICS, elles instrumentalisent ce conflit pour contester la domination morale occidentale et proposer des alternatives diplomatiques en multipliant les appels à une médiation multilatérale.
Par ailleurs, en regardant vers l’avenir, plusieurs scénarii se dessinent. Le premier, pessimiste, envisage une prolongation du conflit avec l’émergence d’un Gaza transformé en ruine humanitaire, sans véritable perspective politique, et un renforcement des extrêmes de part et d’autre.
Le second, plus optimiste mais improbable à court terme, supposerait une médiation internationale forte aboutissant à un cessez-le-feu durable, une reconstruction massive et la réouverture de négociations de paix globales. On pourrait assister à la signature d'accords de paix, de cessez-le-feu, de trêve, etc.
Un troisième scénario, plus complexe, serait celui d’un basculement régional avec l’embrasement du Liban, de la Syrie ou même de la Cisjordanie, entraînant Israël dans un conflit élargi, mais poussant paradoxalement à une nouvelle architecture régionale. Dans ce cas, le conflit risquerait de s'internationaliser car la menace atomique serait trop présente.
En définitive, le conflit israélo-palestinien, loin d’être une simple querelle de territoires, est devenu un miroir déformant des failles du système international : incapacité du droit international à se faire respecter, instrumentalisation des tragédies humaines par les puissances, et fracture croissante entre le Nord et le Sud global. Ce n'est pas un conflit périphérique ; c'est une blessure ouverte au cœur même de l’ordre mondial.
Hervé Kharmel Kanzé