22/12/2025
IBN KHALDOUN : LE PENSEUR ARABO-MUSULMAN QUI A THÉORISÉ L’INFÉRIORITÉ DES AFRICAINS ET JUSTIFIÉ LEUR ESCLAVAGE
Ibn Khaldoun (1332–1406) est souvent présenté comme un génie universel, précurseur de la sociologie, de l’histoire critique et de la pensée politique moderne. Son œuvre majeure, Al-Muqaddima (Les Prolégomènes), est enseignée dans les universités du monde entier. Il est cité, admiré, sacralisé.
Mais une partie essentielle de sa pensée est systématiquement édulcorée, minimisée, ou passée sous silence, en particulier lorsqu’il s’agit de sa conception des Africains noirs, de l’esclavage et de l’ordre racial du monde.
Ce silence n’est pas neutre. Il est politique.
Voyons ce que cela cache.
Ibn Khaldoun naît à Tunis en 1332. Sa famille, les Banū Khaldūn, revendique une origine arabe yéménite. Selon plusieurs sources généalogiques médiévales, elle aurait migré de la péninsule arabique vers Al-Andalus (l’Espagne musulmane), avant de se replier en Afrique du Nord après la Reconquista chrétienne. Cette trajectoire est importante : Ibn Khaldoun appartient à une élite arabo-andalouse, lettrée, administrative, profondément marquée par une vision hiérarchisée du monde, où l’arabité, la culture urbaine et la sédentarité sont perçues comme des marqueurs de supériorité civilisationnelle.
Dans Al-Muqaddima, rédigée entre 1377 et 1382, Ibn Khaldoun développe une théorie globale des sociétés humaines. C’est dans ce cadre qu’il aborde la question des peuples noirs d’Afrique subsaharienne.
Voici ce qu’il écrit, traduction française de Vincent Monteil (1967), basée sur le texte arabe original :
« La plupart des Nègres sont soumis à l’esclavage, car ils ont peu de choses en commun avec ce qui est essentiellement humain, et leurs qualités sont proches de celles des animaux muets. »
(Al-Muqaddima, Livre I, chapitre 2)
Ce passage n’est ni isolé, ni accidentel. Ibn Khaldoun y développe une thèse climatique et raciale selon laquelle les peuples vivant dans les régions chaudes, en particulier au sud du Sahara, seraient naturellement enclins à la servitude, à l’irrationalité et à la passivité politique. Il affirme également que la civilisation, la rationalité politique et la capacité à fonder des États durables seraient l’apanage des peuples des zones tempérées, principalement les Arabes, les Perses et les Berbères islamisés.
Il ne s’agit pas d’une simple description sociologique. Il s’agit d’une naturalisation de l’infériorité, présentée comme un fait quasi biologique et cosmique.
Ibn Khaldoun ne se contente pas de constater l’existence de l’esclavage. Il en fournit une justification intellectuelle. Il inscrit la traite des Noirs dans un ordre du monde supposément rationnel, voulu par la nature et confirmé par l’histoire. Cette pensée intervient à une époque où les réseaux de traite transsaharienne et orientale sont déjà bien structurés, impliquant des marchands arabes, berbères et musulmans depuis plusieurs siècles.
Des historiens comme Bernard Lewis (Race and Slavery in the Middle East, 1990) et Tidiane N’Diaye (Le Génocide voilé, 2008) montrent que ces constructions intellectuelles ont servi de socle idéologique durable à la déshumanisation des Noirs dans l’espace arabo-musulman, bien avant la traite atlantique européenne.
L’impact de cette pensée est profond. Parce qu’Ibn Khaldoun n’est pas un simple chroniqueur, mais une autorité intellectuelle majeure. Ses textes ont été copiés, enseignés, commentés pendant des siècles dans les médersas, les cercles savants et les administrations islamiques. Lorsqu’un penseur de cette stature affirme que les Noirs sont naturellement faits pour l’esclavage, cela ne reste pas une opinion personnelle. Cela devient une référence.
Ce qui est frappant, c’est la manière dont cette dimension est systématiquement neutralisée dans les lectures contemporaines. On célèbre le théoricien de l’`asabiyya, le penseur de l’État, le génie précurseur de la sociologie, mais on tait ou relativise ses propos raciaux, comme s’ils étaient secondaires, anecdotiques, ou excusables par le contexte.
Or le contexte n’excuse pas tout. D’autres penseurs médiévaux musulmans, à la même époque, n’ont pas produit de théories aussi explicitement déshumanisantes à l’égard des Noirs. Ce choix intellectuel est celui d’Ibn Khaldoun.
Ce silence moderne pose une question grave : pourquoi les Africains continuent-ils à ériger en modèle un penseur qui a contribué à leur déshumanisation intellectuelle ? Pourquoi cette partie de son héritage est-elle absente des manuels, des conférences, des hommages ?
Le racisme contemporain ne naît pas ex nihilo. Il s’enracine dans des siècles de production intellectuelle qui ont légitimé l’inégalité, la hiérarchie et la domination. Lorsque des textes fondateurs affirment que certains peuples sont moins humains que d’autres, ces idées ne disparaissent pas. Elles se transforment, se recyclent, se transmettent.
Critiquer Ibn Khaldoun ne signifie pas effacer son œuvre. Cela signifie la lire entièrement, sans complaisance, sans idolâtrie. Un peuple qui sacralise des penseurs sans les interroger se condamne à porter leurs chaînes intellectuelles.
L’Afrique n’a pas besoin de mythes importés pour penser son avenir. Elle a besoin de lucidité historique. Et la lucidité commence là où l’on ose regarder les textes, les noms, les dates et les idées en face.
Refuser de le faire, c’est continuer à accepter que d’autres aient défini, depuis des siècles, ce que nous valons.
Je suis L’IMPACTEUR🔥🔥💣
Et la vérité historique ne se négocie pas.