01/02/2024
De la révision de la Constitution au Bénin
L'atmosphère politique béninoise déjà viciée depuis plusieurs années et pire depuis la surprenante décision DCC n°24-001 du 4 janvier 2024 de la cour constitutionnelle ayant subrepticement débouché sur une proposition de révision de la constitution et la modification du code électoral, est à nouveau dans un nouvel engrenage.
Combien de Béninois n'ont pas payé au prix du sacrifice de leur vie leur opposition à ces textes législatifs votés à l'exclusion des dissonantes voix politiques au pouvoir du président Patrice Talon ?
Quasiment toute la classe politique avait jadis vigoureusement dénoncé ces lois aujourd'hui remises en cause par leurs concepteurs, pointant du doigt leurs caractères nocif et maladroit. On pouvait alors citer la FCBE aile Boni Yayi de l'ancien président de la république maintenant connue sous le nom Les Démocrates (LD), l'Union Sociale Libérale (USL) de Sébastien Ajavon, le parti Restaurer l'Espoir (RE) de Candide Azanaï, le Parti Communiste du Bénin (PCB) de Philippe Noudjènoumè maintenant connu sous le nom APP, la Renaissance du Bénin (RB) de Léhady Soglo, des ténors politiques comme Joël Aïvo, Réckya Madougou tous deux toujours emprisonnés jusqu'à ce jour, pour ne citer que ceux-là.
A la veille des prochaines consultations électorales qui doivent refermer le cycle des années de gouvernance clivante, de ruse et rage, le ballet de rencontres et conciliabules entrepris par le président Patrice Talon en vue d'aboutir à la retouche de la Loi fondamentale et du code électoral pour une finalité encore incertaine, laisse ces partis et hommes politiques circonspects.
Ce branle-bas politico-législatif consacre irrémédiablement l'échec de la réforme du système partisan imposée aux forceps de manière tragique...
C'est une consternation générale de voir le Bénin reposer sur une base institutionnelle et constitutionnelle complètement désacralisée et fragmentée par des lois pensées non pas pour satisfaire l'intérêt de tous, mais plutôt les élans autocratiques d'un clan.
A défaut d'une prise en compte des alertes de la classe politique, les difficultés actuelles auraient pu être évitées si les autorités béninoises et certains acteurs politiques de l'époque s'étaient conformées aux décisions de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) dont les successives décisions ont révélé la nullité de toutes les lois prises pour organiser le système politique du président Patrice Talon.
Avec beaucoup de recule, c'est le lieu de rendre un hommage particulier à Sébastien Ajavon président d'honneur de l'USL et saluer à cet effet la clairvoyance de cet homme qui avait donné la clé de voûte pour un retour du Bénin à l'ordre constitutionnel et institutionnel grâce aux arrêts de la CADHP. En disant non à ces élections législatives de 2019 sans au préalable respecter ces décisions de la CADHP, la classe politique béninoise opposée à la gouvernance Talon aurait réussi à faire fléchir le pouvoir Talon déjà sous pression internationale à cette époque là. Hélas on assista à de malheureuses décisions de participation à ces élections, décisions ayant conduit en prison certains toujours détenus jusqu'à présent.
Aujourd'hui, toute la classe politique de l'opposition ainsi que la quasi totalité du peuple béninois ont manifesté leurs fortes oppositions aux projets funestes de révision constitutionnelle et de relecture du code électoral.
L'urgence, c'est de rassembler tous les Béninois de l'intérieur comme de l'extérieur autour d'un débat national incluant tous les bords politiques sans aucune distinction, représentés ou non à l’Assemblée nationale.
Il faudra à cet effet procéder à la remise en liberté sans délai et sans condition de tous les détenus politiques et à un retour sans condition avec garantie de leur sécurité de tous les exilés politiques pour une tenue de dialogue national élargi et inclusif de tous les fils et filles du Bénin.
C'est la volonté manifeste de la majorité des Béninois de l'intérieur comme de l'extérieur !
Romarick Balley.
Analyste politique.