03/09/2025
KALETA HIPOOOO !
C'est un phénomène qui court nos rues chaque année au mois de décembre. Très prisé par les enfants, il contribue à donner une belle couleur aux fêtes de fin d'année, même si cette pratique semble avoir sérieusement décliné ces dernières années.
* ÉTYMOLOGIE & HISTOIRE
Kaléta vient du portugais « Careta » qui signifie « grimace » ou encore « personne masquée ». Il a été introduit dans la culture béninoise par les familles Agudas venues du Brésil après l'abolition de l'esclavage. Le Brésil étant le dernier pays à avoir aboli l'esclavage en 1888, ce patrimoine est introduit sur le Continent africain avec le retour des descendants d'esclaves. Ouidah étant encore la porte océane, le patrimoine est rentré dans la vie artistique et culturelle de la Cité. On comptait à l'époque 101 familles Agudas à Ouidah.
* LA FIDÉLITÉ À LA TRADITION
Le “Festival Kaléta et des Arts Agudas” du Promoteur Culturel Wilfrid Houndjè Officiel avait opté pour le choix des masques effrayants, des masques hideux pour rester fidèle à la philosophie des pères fondateurs de ce patrimoine. Selon lui, les initiateurs n'avaient pas fait les masques dans l'intention de plaire à leur maîtres esclavagistes, mais plutôt pour exprimer leur mécontentement. C'est pour cela que lors de ses ateliers de fabrication de masques KALÉTA, Wilfrid HOUNDJE prenait la peine d'expliquer l'idée aux enfants pour que ces derniers puissent s'approprier le concept. Le masque, ce n'est pas pour faire peur à leurs camarades, mais plutôt pour transmettre la réalité spirituelle et philosophique de nos aïeux vendus en esclavage.
* LES RÔLES DU MASQUE KALÉTA AU-DELÀ DE SA FONCTION LUDIQUE
Le Kaléta est un masque profane, un masque de rue, un masque d'amusement. Il joue un rôle très important dans l'éducation du jeune enfant. Il répond à un besoin de formation pédagogique. Le législateur a inscrit dans le Programme National d'Éducation Artistique au Cours Primaire, un chapitre intitulé: « J'apprends à fabriquer mon masque Kaléta » qui est enseigné dans trois (03) classes sur six (06). À en croire Wilfrid HOUNDJE, « C'est en fabriquant un masque Kaléta que l'enfant peut réussir la symétrie, la géométrie, les meilleurs coloriages, les découpages, les collages qui sont des pratiques artistiques. » Derrière le masque Kaléta, il y a toute une dynamique, poursuit-il. « En fabriquant un masque Kaléta, l'enfant acquiert le goût de l'esthétique. C'est dans un groupe Kaléta qu'il s'épanouit, qu'il apprend à travailler en équipe et à cultiver l'esprit d'équipe. C'est aussi dans un groupe Kaléta que l'enfant acquiert des valeurs culturelles telles que chanter et danser qui nourrissent aujourd'hui des hommes. Il apprend également, dans un groupe Kaléta, à gagner ses premiers sous. Il gagne de l'argent à la sueur de son front. Cela l'éloigne des vices tels que: la paresse, le gain facile, le vol, etc. Il y a également le mythe « SOUKPÔTA ». Cela incarne le secret professionnel. On ne doit pas révéler l'identité de celui qui porte le masque. Le Kaléta enseigne déjà aux enfants dès le bas-âge qu'il est important de garder les secrets professionnels (l'obligation de réserve) avant même que le législateur n'ait pensé à instaurer cela dans les administrations publiques. C'est une valeur de société. » a-t-il conclu.
* LE KALÉTA SE MEURT
De nos jours, le Kaléta s'exprime difficilement. Il tend à disparaître. La faute incombe aux parents qui ne laissent plus les enfants sortir pour pratiquer un amusement sain et acquérir des aptitudes pour la vie. C'est les peuples qui travaillent à la préservation du patrimoine. Si rien n'est fait, le Kaléta va disparaître. Le “Festival Kaléta et des Arts Agudas” a présenté en 2019, sa 16ème et dernière édition.
Nous disons un grand merci à Monsieur Wilfrid HOUNDJE qui nous a permis d'avoir accès à toutes ces informations sur le Kaléta…
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