30/05/2023
Un taximan à New York a écrit :
"Je suis arrivĂ© Ă l'adresse et jâai klaxonnĂ©. AprĂšs avoir attendu quelques minutes, je klaxonne Ă nouveau. Comme il sâagissait de ma derniĂšre course de la journĂ©e, je pensais partir, mais finalement je me suis stationnĂ© et puis je me suis dirigĂ© vers la porte et jâai toquĂ©.
« Juste une minute », a répondu une voix de personne ùgée. Je pouvais entendre quelque chose qui traßnait sur le plancher.
AprÚs une longue pause, la porte s'ouvrit. Une petite femme de 90 ans se tenait devant moi. Elle portait une robe imprimée et un chapeau à voilette, ressemblant à un personnage de film des années 1940.
à cÎté d'elle il y avait une petite valise en nylon. L'appartement semblait comme si personne n'avait vécu dedans depuis des années. Tout le mobilier était recouvert de draps.
Il nây avait pas d'horloge sur les murs, pas de bibelot ni aucun ustensile sur les comptoirs. Dans un coin il y avait une boĂźte en carton remplie de photos et de verrerie.
« Pourriez-vous porter mon bagage jusqu'Ă la voiture? » dit-elle. J'ai portĂ© la valise jusquâĂ mon vĂ©hicule, puis suis retournĂ© aider la femme.
Elle prit mon bras et nous avons marché lentement vers le bord du trottoir.
Elle n'arrĂȘtait pas de me remercier pour ma gentillesse. « Ce n'est rien », je lui ai dit « J'essaie simplement de traiter mes passagers de la façon dont je voudrais que ma mĂšre soit traitĂ©e. »
« Oh, tu es un bon garçon », dit-elle. Quand nous sommes arrivés dans la voiture, elle m'a donné une adresse, puis demanda: « Pouvez-vous passer par le centre-ville? »
« Ce n'est pas le plus court chemin », répondis-je.
« Oh, cela ne me dérange pas », dit-elle. « Je ne suis pas pressée. Je me rends au centre de soins palliatifs. »
J'ai regardĂ© dans le rĂ©troviseur. Ses yeux scintillaient. « Je n'ai pas de famille » reprit-elle d'une voix douce. «Le docteur dit que je n'en ai plus pour trĂšs longtemps. » J'ai discrĂštement arrĂȘtĂ© le compteur.
« Quelle route voudriez-vous que je prenne? » Demandai-je.
Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons roulĂ© Ă travers la ville. Elle m'a montrĂ© le bĂątiment oĂč elle avait travaillĂ© comme opĂ©rateur d'ascenseur.
Nous avons traversĂ© le quartier oĂč elle et son mari avaient vĂ©cu quand ils Ă©taient jeunes mariĂ©s. Elle mâa fait arrĂȘter devant d'un entrepĂŽt de meubles qui Ă©tait Ă lâĂ©poque une salle de bal oĂč elle Ă©tait allĂ©e danser lorsquâelle Ă©tait jeune fille.
Parfois, elle me demandait de ralentir en face d'un bùtiment particulier ou dans un coin et s'asseyait le regard perdu dans l'obscurité, sans rien dire.
Lorsque le soleil commença Ă rejoindre l'horizon, elle dit soudain: « Je suis fatiguĂ©e, jâaimerai que nous y allions maintenant ».
Nous avons roulé en silence à l'adresse qu'elle m'avait donnée. C'était un petit édifice, comme une petite maison de convalescence, avec un portique pour rentrer dans une allée.
Deux infirmiers sont sortis et se sont dirigés vers le taxi. Ils étaient trÚs attentionnés et surveillaient tous les mouvements de la vieille dame. Visiblement ils attendaient son arrivée.
J'ai ouvert le coffre et portĂ© la petite valise jusquâĂ la porte. La femme Ă©tait dĂ©jĂ assise dans un fauteuil roulant.
« Combien vous dois-je? » Mâa-t-elle demandĂ©, en ouvrant son sac.
« Rien » lui dis-je
« Vous devez gagner votre vie », répondit-elle.
« Il y aura d'autres passagers, » ai-je répondu.
Presque sans y penser, je me suis penché et lui ai donné une accolade. Elle me serra fort.
« Vous avez donné un petit moment de joie à une vieille dame », dit-elle. « Je vous remercie. »
Je lui serrai la main, et me retournai. DerriĂšre moi, une porte a claquĂ©, câĂ©tait le bruit d'une vie qui se termine.
Je nâai pris aucun passager le reste de ma course. J'ai conduit sans but perdu dans mes pensĂ©es.
Je nâai pratiquement pas parlĂ© le reste de la soirĂ©e. Que se serait-il passĂ© si cette femme avait eu Ă faire Ă un chauffeur en colĂšre, ou Ă quelquâun dâimpatient et pressĂ© ? Et si jâavais refusĂ© de prendre la course, ou avais klaxonnĂ© plusieurs fois, puis parti sans attendre ?
AprÚs réflexion, je ne pense pas avoir fait quelque chose de plus important dans ma vie.
Nous sommes conditionnĂ©s Ă penser que nos vies tournent autour de grands moments. Mais les grands moments sont souvent des jolis petits instants auxquels nous ne prĂȘtons pas assez attention.
Les Belles Pensées restent et les Mots s'envolent.
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