11/05/2025
(1) – “Tu es spéciale, Maïssa”*
C’était un mardi après-midi, dans la salle 12, juste après le cours de français. Tout le monde était déjà sorti. Moi, je rangeais mes cahiers doucement, un peu fatiguée.
PROFESSEUR DOUALA (en refermant la porte) :
— Maïssa… tu peux rester deux minutes ? J’aimerais te parler.
Je me suis arrêtée. J’ai regardé autour. Personne. Je n’avais pas envie, mais c’était un professeur. On ne dit pas non à un professeur.
MOI :
— D’accord, Monsieur.
Il s’est assis sur le bord du bureau, les bras croisés, un sourire étrange accroché à ses lèvres. Ce genre de sourire qui te met mal à l’aise sans que tu comprennes encore pourquoi.
PROFESSEUR DOUALA :
— Tu sais, j’observe souvent les élèves. Il y a des gens brillants, d’autres moyens, et d’autres… spéciaux. Et toi, Maïssa, tu es spéciale.
Je n’ai rien dit. Juste un petit sourire poli, comme on nous apprend à faire.
PROFESSEUR DOUALA (en se rapprochant un peu) :
— Pas seulement par ton intelligence. Mais… par ton attitude. Ton regard. Tu es très mature pour ton âge.
Je sentais un frisson dans le dos. Une gêne. Mais je me forçais à rester droite. C’était un professeur. Mon professeur.
MOI :
— Merci… Monsieur. Je peux y aller maintenant ?
PROFESSEUR DOUALA :
— Tu es pressée ? J’ai pas encore fini. Ce que j’ai à te dire peut t’aider à aller loin, très loin… Tu veux réussir, non ? Je peux t’aider. Tu veux de meilleures notes ? Des lettres de recommandation ? Des conseils de vie ?
Il posait les questions doucement, comme s’il m’offrait un trésor, mais ses yeux… eux, ils disaient autre chose. Ils me déshabillaient presque. Je commençais à comprendre. Et à avoir peur.
MOI :
— Je crois que je dois rentrer, mes parents m’attendent…
Il s’est levé. Lentement. Il a posé une main sur mon épaule.Ma respiration s’est coupée.
PROFESSEUR DOUALA (murmure) :
— Tu as tout pour briller. Mais dans ce monde, tu dois apprendre à faire confiance… aux bonnes personnes. Et moi, je peux être cette personne.
Il m’a laissé sortir. Mais avant de franchir la porte, il m’a glissé :
PROFESSEUR DOUALA :
— Demain, reste encore un peu après le cours. On parlera plus longuement. Entre adultes.
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