27/06/2025
FAD’H : Soldats enchaînés par les gradés – Un système humiliant qui broie les défenseurs de la nation
Port-au-Prince, juin 2025
De nombreux témoignages en provenance des rangs de l’armée haïtienne (FAD’H) lèvent le voile sur une réalité choquante qui gangrène cette institution. Plusieurs soldats dénoncent des traitements abusifs et systématiques infligés par des officiers supérieurs qui agissent davantage en maîtres esclavagistes qu’en véritables chefs militaires. Ce qui devait être une mission sacrée de défense nationale s’est transformé en un système d’exploitation et d’intimidation.
> "Nous sommes devenus soldats pour servir notre pays, mais ce qu’on nous demande, c’est d’emmener les enfants des gradés à l’école, de faire les courses, et de jouer les domestiques dans leurs maisons", témoigne un soldat sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité.
Plusieurs soldats affirment qu’ils ne reçoivent aucune prime ou récompense pour leur participation à des missions à haut risque, notamment les opérations contre les gangs armés. Pire encore, selon plusieurs sources, des gradés détournent les primes de risque, des fonds alloués par l’État pour récompenser les soldats exposés à des dangers extrêmes. "Nous ne voyons jamais la couleur de cet argent. Quand on ose poser des questions, on devient un ennemi", explique un autre soldat, amer.
Même lorsque la situation devient insupportable, les soldats ne sont pas libres de quitter l’institution. Lorsqu’un militaire veut démissionner, il se heurte à des menaces ou des humiliations. "Ils refusent d’accepter nos lettres de démission, et s’ils doivent nous laisser partir, c’est avec une lettre de révocation", raconte un ancien soldat. Une telle révocation devient alors un fardeau administratif, rendant presque impossible l’intégration dans d’autres institutions publiques ou privées.
Pour beaucoup, l’uniforme est devenu une prison sans barreaux, où règnent l’arbitraire, le silence et l’abus. "Ce n’est pas l’armée que nous avions rêvé de reconstruire après tant de sacrifices du peuple", déplore un militaire qui réclame un vrai changement.
De plus en plus de voix s’élèvent dans la société pour réclamer une réforme en profondeur de la FAD’H, ainsi que la mise en place d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur ces allégations. "L’armée ne doit pas servir des intérêts personnels, mais l’intérêt national. Si nous ne corrigeons pas cela rapidement, les conséquences seront graves", avertit un analyste en sécurité.
Le silence des autorités, à tous les niveaux, continue d’alimenter un climat d’impunité où les droits et la dignité des soldats sont piétinés. Lorsque ceux qui risquent leur vie pour protéger le pays deviennent eux-mêmes victimes d’un système corrompu, il devient clair qu’Haïti ne pourra pas se reconstruire sur les fondations d’un esclavage moderne.
L’armée haïtienne ne doit pas être un outil au service des privilèges personnels de quelques gradés. Réforme, justice et respect des soldats ne sont pas des options, mais des nécessités absolues. Car si ceux qui protègent la nation ne sont pas eux-mêmes protégés, qui protégera le pays ?
Dans un prochain article, nous reviendrons sur un scandale impliquant trois soldats accusés d’avoir fui avec du matériel militaire.
Nous sommes là pour éclairer, pas pour vous laisser dans le noir.
📝 Danold LAROCHEL