08/01/2025
** Chapeau bas à Pierre Foglia **
Il y a quelques jours, j'étais sur chemin de Chambly, ou peut-être boulevard Jacques Cartier, je ne sais plus — une voie avec des arbres fatigués, et des autos en file indienne comme à la messe. Ça sentait le pot d’échappement, la vieille friture et le bitume tiède. C’était un de ces jours où l'horizon est trop jaune pour être honnête. Un jour où l'alerte smog est en sourdine sur le coin de l'écran météo.
On parle de la pollution, parfois. On dit “c’est pas si pire” en se frottant le front, comme si la brume, pardon le poison dans l’air, n’était qu’un petit mal de tête passager, pas un préavis d’évacuation générale.
Dernièrement, j'ai appris qu'ils veulent grossir l’aéroport de Saint-Hubert. Mettre beaucoup plus d’avions là où on respire déjà de travers. C’est pas un gag. C’est un projet sérieux. Avec des chiffres, des PowerPoint, des hommes en veston-cravate qui disent “mobilité” et “développement à échelle humaine”. Des gens très raisonnables. Qui ne prennent jamais le bus et qui parlent d'avenir alors que le présent tousse.
Je suis asthmatique. Pas beaucoup. Un asthme de fond. Je m’en plains pas. Mais je le sens venir deux jours avant MétéoMédia. Un pic de pollution, ça ne ment pas. Ni aux enfants, ni aux vieux, ni à ceux qui ont déjà le souffle court — et Dieu sait qu’on est nombreux à être à bout de souffle ces temps-ci.
J’y ai pensé en ouvrant ma ventoline. Je me suis dit : c’est ça leur projet d’avenir ? Mettre plus d’avions dans un ciel déjà saturé ? Pour que les gens sauvent 40 piasses sur un vol pour Cancún ? Pour que Porter devienne Air Canada ? Pour que les riches utilisent leurs points Aéroplan ?
Tu veux que je te dise ? Qu’ils aillent à Cancún. Qu’ils y restent. Ici, on a des enfants qui font de la ventoline en juin. Des gens qui meurent à petit feu sous les alertes smog. Et eux, ils veulent rajouter des décollages. 40 vols par jour. 60. 80. Plus, si affinités.
On leur parle d’air, de particules, de cancers. Eux, ils parlent de rentabilité. On leur parle de santé publique. Ils répondent “acceptabilité sociale”. Ils étaient irresponsables, ils sont devenus irrespirables ces clowns-là.
Et Catherine Fournier, la mairesse de Longueuil, tu la connais ? Fraîche revenue d’Italie, le teint tout doré, elle est venue nous dire qu'il fallait sortir sur les terrasses, prendre l'air, profiter du soleil. Sur le coup, j'ai cru à une publicité pour Ray-ban, mais je sentais toujours quelque chose de râpeux au fond de la gorge. Ça m'a ramené sur terre. On vit dans une ville étouffante où tout le monde parle de transition écologique en se bouchant le nez.
Je continue de marcher. Doucement, maintenant. À petites respirations. Parce que respirer, ici, à Longueuil, c’est devenu un acte politique.
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Nous ne prétendons pas pouvoir imiter l'inimitable, mais si vous aimez ce texte, merci de le diffuser et/ou de l'envoyer à La Presse.
Il est loin le temps où les éditorialistes de La Presse avaient de la considération pour les gens de St Hubert, traversaient le pont et venaient leur parler.
Oui, nous rendons hommage à Pierre Foglia, qui écrivit en 2010 un article qui fit date: "Dans la cour des malchanceux", sur l'aéroport Saint Hubert et le bruit infernal des "tondeuses à gazon volantes" que subissaient - et subissent toujours - les riverains. Pour le relire : https://ecobec.net/posts/2242 .
Merci Pierre, on ne t'oublie pas.
Association québécoise des médecins pour l'environnement - AQME
Erika Marchand - Laflèche
Ciel Collectif
La Presse
Groupe L'informateur au Québec
AQLPA
Anne Barabé - Conseillère municipale Boucherville
Développement social Saint-Hubert - DSSH
Frédéric Khalkhal
Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique - APPA
Le Courrier du Sud
FM103,3 La radio allumée
Le Devoir
Vincent Lavigne - Candidat indépendant - Longueuil
René Grignon