06/06/2025
RIP Robert Kennedy - 20 novembre 1925 - 6 juin 1968
-Robert Kennedy, Bobby, vous l’avez rencontré, croisé, ce jour-là?
Roman baissa les yeux et contempla ses mains.
-Nous avons vite appris qu’il était à l’hôtel, en effet. Je dois avouer que la politique, en ce temps, ne m’intéressait pas beaucoup. Mais c’est néanmoins à ce moment-là que j’ai découvert cet homme. Après le drame, on l’a beaucoup vu à la télévision. Son discours était très pertinent. Je le revois déambuler dans des quartiers de Noirs, d’indigents, et de déclarer que tout cela devait changer.
-Et à l’époque, qu’est-ce que vous vous êtes dit? interrompit le journaliste.
Roman eut un autre petit haussement d’épaules.
-Que c’était un homme bien, certainement, qui avait du cœur, qui voulait des choses. Il m’a paru au final plus intéressant que son frère. Mais en ce temps, je me souciais de musique, presque uniquement je crois. Ce mec avait tout de même vingt ans de plus que moi, c’était une autre génération.
-Regrettez-vous que Shooting at the hotel, cette chanson écrite le lendemain d’une tuerie, ait été la principale raison de votre succès?
Roman se retint d’envoyer c***r son interlocuteur. Ce genre de commentaire le fatiguait depuis cette année bénie et diabolisée. Il avait été dans cet hôtel à un moment de l’Histoire, que pouvait-il y faire? Oui, on avait tablé sur cette tragédie humaine lorsque Clive avait eu l’idée géniale du titre.
-Le monde a bien changé depuis cette très lointaine époque vous savez, monsieur. Aujourd’hui, il faut faire attention à tout ce qu’on dit pour ne pas être lynché sur place. Mais savez-vous : les aveugles resteront toujours aveugles, même si nous les nommons des non-voyants.