07/01/2025
Si vous n'avez pas encore lu Ces machines que nous devenons, de Joe Rivard, écrivaine, cet avis de Les écrits de Marie-ChriChri devrait vous en convaincre : "La plume de l'auteure est riche, rythmée et de qualité. Les détails sont soigneusement choisis, les phrases bien construites. L'univers bâti est crédible, proposant un Rivière-du-Loup alternatif (Hâvre-du-Loup). À travers ses mots, l'auteure offre un reflet de la société et la critique. " 🥰
J'ai un peu honte de l'avouer, mais ce service de presse se promène dans ma pile à lire depuis déjà un an. Et pourtant... J'aime l'auteure. On dirait simplement une série de rendez-vous manqués, l'ayant lu par segments, à plusieurs reprises interrompus. C'est le moment de vous partager mes impressions.
Titre : Ces machines que nous devenons
Auteure : Joe Rivard
Maison d’édition : Les six brunes
Il s'agit d'une uchronie fantastique sombre qui utilise plusieurs caractéristiques de la littérature d'horreur. L'ambiance devient oppressante pour le lecteur, une crainte s'installe et l'urgence d'agir fait progresser l'action. Les réflexions, les dilemmes déchirants et les émotions sont amenés à la perfection.
Nous pouvons penser à une ville comme la nôtre, en 1899, influencée par la révolution industrielle. Peu à peu, le travail manuel est dévalorisé : trop coûteux et trop lent. Les travailleurs traditionnels se retrouvent à devoir s'enliser dans des mouvements répétitifs à l'intérieur d'usines où le danger est omniprésent vu le manque de sécurité. « nous ne sommes que de la chair à machine! » (p.48). Il faut performer, et ce, à n'importe quel coût. Leurs compétences sont désuètes et leurs métiers, obsolètes.
Thomas, quant à lui, tient au travail bien fait, traditionnel et authentique. Il a les valeurs à la bonne place et tient à être un pourvoyeur dévoué pour sa famille. Il veut transmettre son savoir-faire à son fils aîné et lui assurer un avenir sans dette. Très croyant, il pense avoir reçu comme mission divine d'éliminer le mal qui sévit dans la ville et qui, pour lui, est lié à l'industrialisation. Il essaie de protéger les siens : « J'ignore pourquoi les anges m'ont choisi, mais il est de ma responsabilité d'intervenir. Je ne peux pas laisser la maladie prendre la ville et menacer ma famille. » (p.62)
L'histoire est divisée en trois parties, chacune commençant avec un extrait de l'Apocalypse (Bible). Bien que le prologue soit avec une narration omnisciente, nous continuons par la suite avec une narration au je. Ce changement permet une meilleure identification au protagoniste.
« Je ne suis pas surpris que la perversion de notre société ait soulevé la colère de Dieu. Le déclin de la foi en Lui et le manque de respect de chaque vie humaine ne peut simplement pas rester impuni par la justice divine. Je l'ai toujours pressenti. » (p.35-36)
La plume de l'auteure est riche, rythmée et de qualité. Les détails sont soigneusement choisis, les phrases bien construites. L'univers bâti est crédible, proposant un Rivière-du-Loup alternatif (Hâvre-du-Loup). À travers ses mots, l'auteure offre un reflet de la société et la critique.
Thèmes : pression de performance, industrialisation, conditions de travail, héritage, religion, inégalités, épidémie
Le format est parfait pour le voyage : l'idéal pour le découvrir dans les moyens de transport, les chalets et même la plage. Pour garder l'aspect compact, il faut par contre noter que la police est, selon moi, petite.
« Prendre le temps de s'arrêter. Faire un pas à la fois... Le reste va venir tout seul. » (p.204)
Éditions Les Six Brumes Joe Rivard, écrivaine